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Benoît Hamon présente son programme sur la culture et notamment la musique

C'est une tribune qu'offre Huffington Post, pour le candidat PS aux élections Présidentielles, Benoît Hamon, qui présente son programme sur le thème de la culture et notamment de la musique, à l'occasion des Victoires de la Musique, cérémonie qui aura lieu demain soir à 21h00 sur France 2.

"Je choisis l'occasion des Victoires de la musique pour présenter quelques réflexions et propositions.

Je choisis l'occasion des Victoires de la musique pour présenter quelques réflexions et propositions pour la filière musicale, qui s'inscrivent dans le projet que je porte pour la culture. Ce projet se donne trois objectifs: faire des droits culturels une réalité, qu'il s'agisse de l'accès aux oeuvres ou de la reconnaissance de toutes les cultures, mieux assurer le statut professionnel des artistes, ouvrir de nouveaux horizons à la création et à la culture.
 
La démocratisation culturelle est une vieille ambition de la gauche, qui a parfois donné lieu à des expériences formidables. Mais, trop souvent, le mot d'ordre peine à s'incarner dans de nouvelles démarches, et pour cela, une agence nationale pour l'éducation artistique qui appuie la coopération entre ministères, collectivités territoriales, acteurs culturels et de l'éducation populaire, peut être le bon outil. Tout commence à l'école, en premier lieu avec les pratiques collectives musicales. Orchestres, fanfares ou groupes de hip hop, elles permettent la découverte de l'autre et les projets communs entre enfants. Pour parvenir à les généraliser, Il faut assurer la présence des intervenants musicaux dans tous les établissements scolaires, sans en laisser le financement aux seules collectivités, qui n'en ont pas forcément les moyens.
 
D'ailleurs, à propos de démocratisation, la révolution numérique est une très bonne nouvelle, une formidable opportunité pour le public comme pour artistes, en particulier les musiciens. Pourtant, ces derniers sont bien trop souvent le seul maillon de la chaine à ne pas en vivre. Les grands de l'internet, les "GAFA", s'emparent des œuvres et refusent de payer les créateurs. Je porterai l'offensive à l'échelle européenne, en vue d'une taxation des activités de ces géants qui permettrait une juste rémunération. C'est bien à ce niveau que j'entends défendre une conception des droits d'auteurs respectueuse des artistes et la négociation d'un traité culturel européen, appuyé sur le principe de l'exception culturelle.
 
En ce qui concerne le partage de la valeur, cette fois au sein de la filière musicale, les acteurs se parlent et commencent à conclure des accords. C'est une très bonne chose et je souhaite soutenir cette démarche qui nous permettra ensemble de répondre à l'aspiration, légitime, de la construction d'une maison commune de la musique.
 
Je me battrai pour préserver le régime de l'intermittence, mais, plus largement, pour réfléchir à un statut de l'artiste, en particulier pour ceux, nombreux, comme les auteurs et les plasticiens, qui n'y ont pas accès. Pour les plus jeunes créateurs, dans une précarité qui les amène trop souvent à renoncer, je veux rappeler que le premier étage du revenu universel d'existence répond à un impérieux besoin.
 
Il n'y a pas de création culturelle dans le repli frileux sur des identités racornies. Là où certains considèrent que ce repli serait une protection, nous proposons une autre idée du monde. Nous devons agir concrètement pour la libre circulation des artistes et des intellectuels, en accueillant par un visa spécifique les artistes étrangers, et pour porter haut et fort notre devoir d'asile pour les créateurs persécutés au nom de leurs œuvres.
 
Mais je veux aussi faire rayonner les créations francophones, et pas seulement françaises, dans le monde et dans notre pays. Pour cela, l'audiovisuel public joue évidemment un rôle, en diffusant mais aussi en soutenant la création dès la production. Cette ambition est liée à celle que je porte pour les médias, à ma volonté de leur donner les moyens pour plus de pluralisme et d'indépendance.
 
La France est très en avance dans le domaine des créations numériques, de la musique mais aussi du jeu vidéo, de l'animation, ou du cinéma. Nous devons soutenir ces secteurs et, plus largement, l'entreprenariat culturel, ces nouveaux modes de création et de financements, plus collectifs, qui souvent réunissent dans un même projet culture, innovations techniques, développement durable et lutte contre les inégalités.
 
La puissance publique doit retrouver des marges, pour être attentive et impulser. La part totale du financement public doit tendre progressivement vers 1% du PIB contre 0,8% aujourd'hui. Il ne s'agit pas seulement d'argent, mais aussi d'une démarche : oui la politique culturelle peut être co-construite, avec les acteurs culturels et avec les collectivités locales.
 
La concentration géographique des moyens donnés à la culture laisse de côté, malgré l'un des réseaux de bibliothèques de théâtres et de musées les plus denses du monde, de véritables déserts culturels, en milieu rural comme en milieu urbain. C'est en particulier dans ces territoires que l'on peut penser des projets différemment, sans passer nécessairement par des investissements lourds. Qu'est-ce qu'un lieu d'art qui n'invente plus, qui ne considère par les identités culturelles de ses publics existant ou potentiels? De nombreux acteurs nous interpellent sur la formidable opportunité que représentent l'art et la culture dans l'espace public ou sur le foisonnement qu'on peut trouver dans de nouvelles fabriques de culture ou des espaces mobiles et innovants. Le monde de la musique avec ses salles, ses festivals, ses cafés, nous montre le chemin.
 
"L'art n'est pas à mes yeux une réjouissance solitaire. Il est un moyen d'émouvoir le plus grand nombre d'hommes en leur offrant une image privilégiée des souffrances et des joies communes", cette phrase d'Albert Camus nous rappelle que la culture, comme horizon d'émancipation individuelle et de construction d'imaginaire collectif et critique, est une belle, une très belle, bataille de la gauche."
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