Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Les Infos Videos

Le meilleur des Infos et des videos du moment. Retrouvez toutes les news 24h/24 et 7j/7.

Christophe : « Les Victoires de la musique, je m'en tape »

Nous avons rejoint le chanteur en tournée près de Lyon, avant ses quatre concerts parisiens. Douze heures avec un artiste hors normes.
 
Le Radiant Bellevue, près de Lyon, était jeudi la 21e escale d'un vieux loup de mer qui revient ce soir à Paris faire chavirer la salle Pleyel (VIIIe). A 70 ans, le chanteur classe et inclassable, libre et noctambule, a fait un retour fracassant l'an dernier avec « les Vestiges du chaos », album d'une richesse folle. Il s'est vendu à 60 000 exemplaires, ce qui n'est pas dément, mais la tournée connaît un tel succès qu'elle va s'étirer sur 80 dates jusqu'au printemps 2018 pour finir à la Philharmonie de Paris.
 
Christophe arrive en voiture avec Doudou, son fidèle chauffeur et assistant. Ses six musiciens répètent depuis plus de trois heures lorsqu'il les rejoint avec sa tasse de thé et son inséparable ordinateur. Chaque concert est précédé de répétitions, pour peaufiner les sons et la cohésion. « Travailler avec Christophe, c'est être en perpétuelle recherche, confie Christophe Van Huffel, son guitariste depuis 2001. Nous avons travaillé sept ans sur le dernier album. Il apporte chaque jour de nouveaux instruments et de nouvelles idées. » Renaud-Gabriel Pion, saxo baryton et directeur musical, s'approche du patron. « Chris, vous voulez qu'on essaye Daisy ? » « Oui. J'ai passé la nuit dessus. Ce serait bien de la jouer à Paris. » Après une grosse heure de travail, le chanteur retourne dans sa loge. « J'ai encore du boulot. »
 
Victor Bosch, le chaleureux patron du Radiant, vient le saluer. « C'est Christophe qui avait inauguré la salle il y a cinq ans. C'est un éternel jeune homme, passionné de création. Ses concerts sont d'une modernité incroyable ! » De 1975 à 2001, Christophe avait fui la scène : « J'avais eu du succès à l'Olympia mais le son était à chier. J'attendais que la technologie évolue. Le déclic, c'est Bowie en 1998 à l'Olympia. Le son était excellent, le matériel avait évolué. Je me suis lancé... » Depuis, il enchaîne les concerts, allant jusqu'à apprendre le piano pour sa précédente tournée en solo. « Les tournées, c'est comme si je partais en vacances, sourit-il. J'ai besoin de prendre l'air, comme l'été à Tanger (NDLR : au Maroc), sur mon voilier. Je ne lis jamais les feuilles de route, je n'ai pas de montre. J'aime l'inconnu. »
 
Le Radiant est complet. 1 400 spectateurs, 25 ans dans la fosse, 60 ans dans les gradins. Les premiers viennent écouter le dernier album, les seconds chanter « les Marionnettes », « les Paradis perdus »... Christophe est d'humeur badine. « Je serais bien aller voter pour la première fois, mais je m'y suis pris trop tard, avoue-t-il au public. Je ne suis ni de gauche ni de droite, plutôt du centre. J'aime bien Fillon, Macron et Valls. » Chacun suscite des sifflets. « Bon, vous ne les aimez pas. Alors je vais voter pour Aline. » Christophe sait aussi être cash. « Je vous préviens, après Aline, je ne reviendrai pas. Ne perdez pas votre énergie à crier pour les rappels. » « Il est dans son monde, mais simple, abordable et même drôle », commentent Sylvie et Michel, la cinquantaine.
 
Chaque concert est enregistré. Christophe l'écoute la nuit puis envoie appréciations et directives par SMS à ses musiciens. Ce soir, il les réunit dans sa loge pour un débriefing. « C'est la première tournée où je chante devant des spectateurs debout. En les regardant, je perds parfois le fil. » Il s'inquiète de savoir comment on a trouvé le show. « On a eu plein de problèmes techniques, regrette-t-il. Mais bon, les failles, ça fait chouette. Si c'est trop carré, on s'fait chier. » Les musiciens partis se coucher, il reste dans sa loge partager un plateau de homard et faire le point avec les organisateurs de sa tournée.
 
On le retrouve à 3 heures au bar de son hôtel, une canette de soda à la main. Il prépare un album de duos et montre, l'oeil pétillant, la liste dont il rêve, Lætitia Casta, Etienne Daho, Nick Cave, Vincent Delerm, les rappeurs PNL... « J'ai découvert Stromae il y a trois semaines dans un documentaire. Mais je n'ose pas l'inviter de peur qu'il refuse. » On lui avoue ne pas comprendre que son album ne soit pas sélectionné aux Victoires de la musique. « Je m'en tape. En 2003, on m'a poussé à aller la chercher et ça faisait plaisir à tout le monde. Mais la télé, c'est pas mon truc et le showbiz, comme l'école, j'ai toujours été en marge. » A 5 heures, sur les rotules, on prend congé. Lui est frais comme un gardon. « Je vais regarder la télé. Il doit bien y avoir une émission politique. »
 
A artiste d'exception, concert exceptionnel. Qui d'autre que Christophe peut se permettre de ne jouer que son nouvel album pendant la première heure de concert ? Et de présenter pendant la deuxième ses classiques uniquement en duo avec un musicien différent ? Sur scène, Christophe est comme sa musique, intemporel et audacieux. Accompagnée de superbes jeux de lumières, la première partie en impose par sa puissance. La seconde, intime au piano, hypnotise et émeut. C'est la folie des grandeurs. Après 2 h 15 sans temps mort, le show s'achève sur une fabuleuse version d'« Aline » inspirée du « Creep » de Radiohead revue par Prince. Christophe finit le poing levé, la salle debout.
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article