Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Les Infos Videos

Le meilleur des Infos et des videos du moment. Retrouvez toutes les news 24h/24 et 7j/7.

Pascal Soetens : "Avant, les jeunes insultaient leurs parents. Aujourd'hui, ils les frappent"

En 2006, les télespectateurs découvraient Pascal Soetens dans l'émission "Pascal, le Grand Frère" sur TF1. Son objectif: venir en aide à des adolescents en décrochage avec la vie. Aujourd'hui, l'éducateur continue à aider les familles en détresse dans "SOS ma famille a besoin d'aide" diffusé tous les dimanches à 20h50 sur NRJ12. Entre deux tournages, sa salle de sport et des audiences qui cartonnent, il a accepté de répondre à quelques unes de nos questions.
 
On vous a d'abord connu dans "Pascal le Grand Frère" avant de vous voir dans l'émission "SOS ma famille a besoin d'aide". Quelle est la différence entre les deux programmes?
Dans "Pascal le Grand Frère", je dormais chez les familles et je m'occupais principalement des adolescents. Mais je me suis très vite rendu compte que les adultes étaient également en demande. Avec "SOS ma famille a besoin d'aide", j'ai voulu couper les familles de leur quotidien. Je les emmène dans un lieu neutre, loin de leur confort de vie et de leur routine. Et avec mon équipe, on s'occupe désormais autant du jeune que de l'entourage.
 
Sur l'ensemble de vos tournages, y a-t-il une histoire qui vous a particulièrement marqué?
Ce serait dommage de ne parler que d'un cas parce que toutes les histoires m'ont touché. Que ce soit par la joie, la peine ou encore l'énervement. Mais elles m'ont toutes poignardé. Certaines m'ont rassuré aussi. Même si je n'ai jamais douté.
 
Lors d'un épisode, vous avez eu affaire à un adolescent qui a voulu attraper un marteau pour vous frapper. N'avez-vous jamais eu peur de la réactions des jeunes?
Non. Tout simplement parce qu'elles sont prévisibles. Je sais que ces adolescents ne vont pas bien et qu'il y aura forcément des clashs. Je sais qu'ils iront contre moi et contre mes règles. Et à force de les côtoyer, j'arrive à prévoir leurs réactions. Et puis, j'ai également toute une équipe autour de moi.
 
Certains jeunes vont parfois très loin. Ne craignez-vous pas un jour d'exploser à votre tour?
Il est évident que je m'énerve parfois et que je tape du poing sur la table pour me faire entendre. Mais j'essaye de ne pas trop déborder non plus. Il ne faut pas oublier que l'éducation passe par des moments tendus. Mais tout doit toujours se faire dans le respect.
 
Y a-t-il déjà eu des scènes tellement violentes que vous avez dû les couper au montage?
Bien sûr! Il y en a plein. Nous essayons de protéger un maximum les familles. Et on se doit d'être vigilant parce qu'à l'heure des réseaux sociaux, tout va toujours plus vite. Notre objectif n'est pas d'entraîner des réactions de haine de la part des téléspectateurs mais uniquement de montrer des situations délicates qui existent.
 
Comment sélectionnez-vous les familles que vous allez aider?
Le choix est très simple. Lorsqu'une famille nous contacte, nous menons une enquête sociale, scolaire, de voisinage et de police. Et en fonction des résultats, nous voyons si nous pouvons ou non l'aider. C'est bête mais on ne pourra, par exemple, pas accepter les cas des jeunes qui sont aux mains de la justice parce qu'on ne peut pas se substituer à la justice.
 
Vous tournez pendant six jours, 24h/24 avec la famille. Mais une fois que vous avez terminé, gardez-vous un contact avec les jeunes?
Dans cette émission, tout tourne autour du chiffre six. Le tournage dure six jours. Il y a ensuite six mois de suivi et ça finit avec six ans de tranquillité. Plus sérieusement, le suivi est généralement fait par mon équipe parce que je suis souvent sur le terrain. Quand c'est urgent, je recontacte moi-même la famille et je leur redonne par téléphone tous les trucs et astuces qui avaient marché quand j'étais avec eux.
 
Quel est le pourcentage de réussite de vos actions?
Sur les 50 émissions que nous avons tournées, nous avons connu un échec avec cinq familles. Ce qui fait donc 90% de réussite. C'est pas mal non?
 
De nombreux téléspectateurs ont reproché à votre émission d'être scénarisée. Que leur répondez-vous?
Que je ne tourne pas une télé-réalité. Chez nous, personne n'est payé, les familles ne nous contactent pas pour recevoir de l'argent. Je pense que certains téléspectateurs confondent télé-réalité et télé-vérité. Mais bon, j'essaye de ne pas trop les écouter. De toute façon, il y aura toujours des gens pour critiquer. Vous savez, il y a une citation qui dit: "Qu'on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L'essentiel, c'est qu'on parle de moi". Et j'y adhère complètement.
 
En six jours, vous arrivez à transformer des adolescents qui venaient pourtant de loin. Mais tout éducateur vous le dira, dans la vraie vie, travailler avec des ados, c'est un processus de longue durée qui finit souvent par un échec. Comment expliquez-vous cela?
Je pense que couper une famille de son quotidien est la meilleure chose à faire pour lui venir en aide. Il faut confisquer les téléphones, les réseaux sociaux pour rétablir la communication. C'est un peu l'objectif des séjours de rupture. Le souci, c'est que les éducateurs ont souvent très peu de temps pour s'occuper d'un adolescent. Ils ont, en général, une trentaine de jeunes et n'arrivent à les voir en tête-à-tête qu'une fois par mois pendant une heure. Alors que dans mon émission, je suis pendant six jours, 24H/24, avec le jeune. Faites le calcul, en moins d'une semaine, je peux effectuer le travail qu'ils feront en un an. Il y a clairement un manque de moyens humains et financiers dans l'éducation.
 
Quels conseils d'éducation donneriez-vous aux parents?
Il faut mettre des règles et ce depuis le plus jeune âge de l'enfant. C'est important de lui dire non, de créer chez lui un sentiment de frustration parce que tout au long de sa vie, il devra y faire face. Les parents ont donc un rôle important. Il y a aussi les fréquentations qui sont importantes. Il faut avoir un oeil là-dessus. Surtout aujourd'hui, à l'époque des réseaux sociaux. Et enfin, la communication est également essentielle. J'ai vu tellement de familles qui avaient installé une télévision dans la chambre de leur enfant. Comme si la télé était une nounou gratuite. Il en va de même pour les jeux vidéos. Certains parents achètent à leurs enfants de 10 ans des jeux violents qui sont normalement interdits aux moins de 18 ans.
 
Cela fait 10 ans qu'on vous voit sur des émissions d'éducation. Avez-vous l'impression que les jeunes sont plus difficiles aujourd'hui?
Je ne dirai pas "plus difficiles". Mais plus violents, ça oui. Avant, ils se contentaient d'insulter leurs parents. Aujourd'hui, ils les frappent. C'est à se demander quelle sera la prochaine étape? Il est important qu'on réagisse maintenant. Mais j'ai le sentiment que la prochaine génération sera meilleure tout simplement parce que les jeunes d'aujourd'hui, qui ont manqué de règles, vont se rendre compte que ce n'est pas la bonne solution et qu'ils seront donc plus stricts avec leurs propres enfants.
 
Au-delà de votre émission, avez-vous d'autres projets?
J'ai ouvert ma salle de sport qui s'appelle QGtraining. C'était un projet qui me tenait à coeur depuis longtemps. On veut maintenant franchiser la marque et d'ici un an, peut-être, l'exporter en Belgique. Au niveau télé maintenant, j'aimerais faire une émission "Que sont-ils devenus?" où on retournerait sur les traces d'anciens jeunes qu'on a aidés pour voir comment ils ont évolué.
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article