Les photographies controversées de la campagne publicitaire de Saint Laurent, retirées la semaine dernière, « dévalorisent l'image des femmes » et « constituent des manquements aux règles déontologiques », a estimé mardi le jury de déontologie de l'Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP).
Le jury avait été saisi par plus de 200 plaintes de particuliers, par les associations Les chiennes de garde et Osez le féminisme, ainsi que la délégation aux droits des femmes du Sénat. L'avis de cette instance, réunie vendredi, a été publié mardi sur le site de l'ARPP.
L'une des quatre affiches de la campagne controversée, diffusée au moment de la Fashion Week à Paris, montrait une femme en collants résille et escarpins sur patins à roulettes, les jambes écartées. Sur une autre, une jeune femme très maigre était représentée penchée en avant, la tête posée sur un tabouret et les bras ballants.
Le jury a confirmé la position de l'ARPP, qui avait dès le 6 mars demandé à Saint Laurent de faire cesser la diffusion de ces images. Les affiches ont finalement disparu des kiosques parisiens dans la nuit du 8 au 9 mars.
Le jury, instance associée à l'ARPP composée de neuf personnes et présidée par deux magistrates, estime que ces photos « alimentent le stéréotype de la femme objet sexuel ».
« Par là même, ces publicités banalisent et valorisent les comportements sexistes et les idées a priori d'infériorité des femmes dans la société. En outre, en induisant l'idée de soumission, elles dévalorisent l'image des femmes dans la société », indique cette instance.
Le jury juge d'autre part que « la particulière maigreur de la femme » est « de nature à inciter à des comportements alimentaires néfastes et dangereux pour les personnes jeunes sur lesquels les modèles du monde de la mode exercent une particulière fascination ».