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Laurence Haïm, la grande muette

Atypique, l’ex-correspondante d’i-Télé aux Etats-Unis a du mal à prendre ses marques auprès de Macron. «Libé» l’a rencontrée.
 
Enfin, la voilà. Dans une salle de réunion au QG d’En marche, ce jeudi, Laurence Haïm, iconique correspondante d’i-Télé aux Etats-Unis devenue porte-parole évanescente d’Emmanuel Macron à 50 ans, nous fait face. On l’avait appelée sur son mobile américain dès l’annonce de son arrivée tonitruante dans l’équipe du candidat. Embauchée une semaine après son offre de service à l’ex-ministre, elle bouclait ses malles et entourait de papier bulles les toiles de son appartement new-yorkais. Elle n’était pas contre un portrait dans Libé, «si [son] nouvel employeur est OK»… C’était le cas, «dès sa prise de fonction», nous avait-on promis. Et puis, plus rien. Nos SMS tombent dans le vide, impossible de récupérer son nouveau numéro. On nous explique finalement «qu’il n’est pas certain que ça soit une bonne idée».
 
Après deux apparitions télé aux allures de crash-test (dans le talk-show C à vous puis sur BFM TV), elle a quasiment disparu des écrans. Sur les déplacements de Macron, celle qui devait apporter au «French Obama» («analyse LH», comme dans ses tweets) un vernis de glamour ricain se faisait discrète, les pouces scotchés à son téléphone, à ciseler des tweets corporate. Un jour, aux Mureaux, on lui court après pour renouveler notre demande d’interview. En off, à En marche, certains reconnaissent «se la refiler comme une patate chaude», relayant ses sorties lunaires en réunion, comme la fois où elle suggère de ne pas faire de meetings pendant les vacances d’hiver car «tout le monde sera au ski». Les rumeurs de «placardisation» sortent dans Marianne, qui la rebaptise «la porte-parole sans voix». C’est le moment où elle réapparaît. On choisit une approche cash, comme elle aime : «On vous avait interdite d’antenne ?» Elle rétorque : «Mouais… non. Déjà, j’ai eu une mauvaise expérience avec C à vous. Je n’étais pas prête, ça m’a refroidie. Et il fallait sortir du "mais alors Laurence, pourquoi êtes-vous passée de l’autre côté ?" C’était trop axé sur moi.»
 
Celle que Barack Obama surnommait «The Frenchie» depuis qu’elle l’avait pisté au fin fond de l’Iowa dès 2008 a repris du poil de la bête. «Elle a un culot et un courage extraordinaires», confie Jérôme Godefroy, ami de trente ans et ancien de RTL. Aux Etats-Unis, où la niaque est plus respectée que la finesse analytique, l’autodidacte accro au travail avait fait son trou. La rudesse des commentaires sur son retour en fut d’autant plus violente. «Très isolée aux Etats-Unis, seule dans [son] bureau pendant vingt ans», elle dit avoir sous-estimé sa notoriété, «la curiosité et l’agressivité que ça allait déclencher» : «L’effet boomerang m’a surprise.» Au QG, au lendemain de la cata C à vous, le débrief est sévère : «C’était pas bon Laurence. On le sait tous.» Elle en parle avec Macron. Réponse du chef : «Bah, il faut y aller, il faut travailler.» Du coup, elle a fait une «formation» pour «comprendre comment ça se passe de l’autre côté». Depuis, ça va mieux : «On est dans la bienveillance comme vous le savez.» Elle est de toutes les réunions, «en mode écoute ou en participatif», associée à toutes les boucles, «et il y en a beaucoup» : «J’apporte mon œil externe.» Elle fait désormais attention «aux expressions qui lui passent par la tête», à ses tweets (194 000 abonnés accros à ses messages à la syntaxe qwerty aléatoire) : «Je me cherche encore. Je dois faire gaffe à ne pas causer le buzz…»
 
Salariée d’En marche («un CDD de quatre mois»), elle explique que sa nouvelle vie est un «engagement citoyen» et non une planche de salut après la crise à i-Télé. Elle assure avoir reçu d’autres propositions, comme celle de diriger «un bureau pour couvrir Trump pour une chaîne américaine», ou réaliser un docu animalier. Elle revendique le droit d’avoir plusieurs vies, considère que la connivence, «c’est être journaliste et vivre avec un homme ou une femme politique, faire des petits déjeuners».
 
Elle sait qu’elle a quelques ennemis dans le milieu : «Si vous faites correctement votre portrait, vous verrez que j’ai dû blesser beaucoup de gens, parce que je suis impulsive. Ici, j’apprends à lisser les angles.» Sa première rencontre avec Emmanuel Macron remonte à 2015, à New York, lors d’une interview pour i-Télé. Elle ressort conquise par son «romantisme verbal». Aujourd’hui, elle admire son anglais, «meilleur que le [sien]».
 
Elle ne gère pas la presse, s’exprime seulement sur les rencontres avec les leaders étrangers : «Quand on est journaliste, on se demande toujours ce qui se passe derrière la porte… et là, je le vois ! C’est incroyable. Mais c’est pas comme dans les films, hein. Pour voir Macron parler une heure avec Kerry, c’est mieux d’être porte-parole que journaliste.» Protégée de Brigitte Macron, «une femme très forte, et très sensible», avec qui elle dîne en tête-à-tête, Laurence Haïm se dit touchée par l’anxiété des classes moyennes et par la France, «pays écorché vif, qui ne fait pas face à une élection traditionnelle, mais à un choix de société. Des Etats-Unis, j’avais du mal à le percevoir, mais sur le terrain, quand je vais en Mayenne avec les agriculteurs, je le vois». Analyse LH.
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