Lors d'un échange politique, à plus forte raison lorsqu'il s'agit d'une confrontation musclée et télévisée, il est préférable de savoir d'où parlent chacun des intervenants. Et cela n'a peut-être pas été le cas jeudi 6 avril au soir, pour le débat entre Emmanuel Macron et Barbara Lefebvre, dans L'Émission politique sur France 2.
La discussion faisait partie de la séquence dans laquelle l'invité politique est confronté à "trois Français". Quand vient le tour de Barbara Lefebvre, celle-ci est présentée par le journaliste Karim Rissouli comme "une professeure d'histoire-géographie" et "l'une des professeurs de ZEP qui témoignait dans un livre, Les territoires perdus de la République", paru en 2002. Aucune mention d'un quelconque engagement partisan. Emmanuel Macron est alors confronté à ses propos polémiques sur la colonisation en Algérie, que le candidat d'En Marche ! avait qualifiée de "crime contre l'humanité". La discussion est animée.
Mais rapidement, sur les réseaux sociaux, surgissent des images tirées d'agendas officiels des équipes de campagne de François Fillon et présentant Barbara Lefebvre comme "membre du comité national 'France solidaire avec Fillon'" et intervenante lors d'une réunion publique à venir sur le thème "famille et éducation". À noter qu'étrangement, cet événement est annoncé à la même date (ce vendredi 7 avril) dans deux villes différentes, notamment à "l'agenda de la société civile" consultable sur le site officiel de campagne de François Fillon.
Certains élus ou militants fillonistes déclarés ont par ailleurs diffusé l'appel à participer à cette réunion publique à Angers, lancé par "Les familles angevines avec Fillon".
Sont même retrouvées des images où Barbara Lefebvre, parfaitement reconnaissable, participe effectivement à une réunion publique de campagne du candidat LR sur le thème de la famille et de l'école.
En fin d'émission, Karim Rissouli mentionne ces éléments en direct et interpelle Barbara Lefebvre. "Quand on a préparé l'émission, vous nous avez dit que vous n'étiez membre d'aucun parti politique, soutien d'aucun candidat." La professeure répond alors d'abord par ce qui ressemble à une insinuation relative au "cabinet noir" dénoncé par François Fillon : "Ah vous êtes vous aussi très bien informé, depuis très haut apparemment. [...] Je ne sais pas, c'est les réseaux sociaux qui apparemment turbinent mais c'est intéressant de voir comment les informations remontent."
Comme détaillé plus haut, ce "depuis très haut" n'est en fait que... Twitter. Puis, quand la journaliste Léa Salamé lui demande plus frontalement si elle fait campagne pour l'ancien Premier ministre, elle répond d'un "ah bah pas que je sache" mi-étonné, mi-gêné.
Aurait-elle donc oublié ses participations, passées et futures, à ces événements militants pour le compte de François Fillon ? Ou le site de campagne de ce dernier, ainsi que ses soutiens ou comités de soutiens, se seraient-ils *trompés* ?
Sur Europe 1 ce vendredi, Barbara Lefebvre a tenu à répondre aux "rumeurs et insinuations des réseaux sociaux". "Je n'ai ma carte dans aucun parti politique", a-t-elle d'abord affirmé, ajoutant : "Vous ne me trouverez pas dans l'organigramme [de campagne de François Fillon]." Et d'expliquer sa participation à ces réunions publiques organisées par les équipes de campagne de l'ancien Premier ministre : "J'ai voulu faire part de mon expertise auprès de différents organismes depuis quelques mois, et il n'y a que le réseau 'société civile France avec Fillon' qui a été intéressé par ma démarche sur l'inclusion des élèves handicapés à l'école. J'ai donc été invitée à des réunions, je ne vois pas en quoi ça fait de moi une militante dans la campagne de François Fillon. [...] J'ai participé à cette réunion comme je participerais à n'importe quelle réunion où on parlerait du handicap à l'école."
Barbara Lefebvre a précisé que ces événements voient participer des "experts de toutes couleurs politiques, des gens de gauche, des gens de droite" et qu'elle-même s'y est rendue "comme [elle] aurait pu intervenir avec n'importe quel autre candidat". Ce qu'elle ferait d'ailleurs "avec grand plaisir" si l'occasion se présentait, a-t-elle affirmé.