Plusieurs centaines d'Afghans et de Soudanais vivaient dans ces campements illicites. L'opération, dite de «mise à l'abri», a mobilisé 350 fonctionnaires de police ainsi qu'une centaine de personnels de la ville de Paris et d'ONG.
L'évacuation de campements de migrants installés depuis plusieurs semaines porte de La Chapelle, dans le nord de Paris, a débuté ce mardi matin peu après 6 heures. La circulation automobile a été coupée sur le carrefour permettant d'accéder au boulevard périphérique et à l'autoroute A1 pour permettre l'évacuation des tentes installées entre les différentes voies d'accès à la capitale. L'opération, dite de «mise à l'abri», mobilise 350 fonctionnaires de police ainsi qu'une centaine de personnels de la ville de Paris, d'Emmaüs Solidarités, de France Terre d'Asile ou encore de l'Office français d'immigration et d'intégration (Ofii), selon les préfectures.
Une vingtaine de mineurs isolés. Dès 5h30, une foule d'hommes s'est massée sur le terre-plein où dormaient des migrants soudanais. «Le gouvernement va nous emmener dans des maisons. Je ne sais pas où, mais c'est bien», expliquait Saïd, qui dit dormir dehors depuis un mois. «Certains, ça fait trois mois ou plus.» Trois heures plus tard, les migrants attendaient leur tour pour monter dans les bus. Des cafés leur étaient distribués pour les faire patienter, sous haute protection policière. Certains portaient une valise, d'autres n'avaient qu'un sac de couchage. Ils ne savaient pas très bien ou ils étaient emmenés. «On part à la police ?», s'inquiétait un Iranien arrivé la veille à Paris.
A 11 heures, 1 609 personnes avaient été prises en charge et orientées vers des structures d'hébergement, indiquait-on à la préfecture d'Ile-de-France. Quelque 75 personnes étaient qualifiées de «vulnérables», dont «29 femmes seules et 22 mineurs isolés».
Risque sanitaire et tensions. Plusieurs centaines d'Afghans et de Soudanais vivaient depuis des semaines sur ces campements, qui se sont constitués à quelques dizaines de mètres du centre de premier accueil pour migrants, devenu depuis la destruction du camp de Grande-Synthe (Nord) le principal dispositif de transit en France. Ces «campements illicites» présentent «des risques importants pour la sécurité et la santé de leurs occupants comme des riverains», plaident les préfectures de police d'Ile-de-France dans un communiqué commun.
Outre les conditions sanitaires très dégradées, avec des tentes installées entre les multiples voies de l'autoroute A1 et du périphérique, la tension inquiétait aussi les pouvoirs publics du fait des rivalités entre Afghans et Soudanais, notamment pour entrer au centre de préaccueil. Une rixe brutale avait éclaté en pleine nuit mi-avril, faisant plusieurs blessés légers
Des solutions d'hébergement provisoire. Les préfectures assurent dans le communiqué que «chacune des personnes concernées se verra proposer une solution d'hébergement provisoire en Île-de-France et pourra bénéficier d'un diagnostic social et sanitaire. Une fois mis à l'abri, les intéressés, qui relèvent dans leur immense majorité de la demande d'asile, pourront par ailleurs bénéficier d'une proposition d'orientation vers un dispositif d'accueil adapté à leur situation, sur l'ensemble du territoire national.»
Le campement avait déjà été évacué le 9 mars, alors qu'il comptait 200 personnes environ. Les migrants avaient alors été provisoirement installés dans la bulle servant de sas d'accès au centre d'accueil, mais dans un climat de tensions communautaires. Une bagarre au couteau avait éclaté, faisant deux blessés.