Des phrases cultes. Un portrait au couteau d’un Douaisien entier et volcanique. Beaucoup se souviennent de Christophe, fan de tuning, filmé pour l’émission « Strip-tease ». Il avait 23 ans. Disparu depuis des écrans radars, le « Bad Boy » vit à Annecy mais n’est pas rangé des voitures : il mène une vie « normale », mais toujours boostée aux décibels.
Le nom de Christophe Benedet ne vous parle peut-être pas. Son visage d’il y a vingt ans sans doute plus. À l’époque, cet ancien Douaisien a flirté avec la célébrité malgré lui, à la suite de la diffusion d’un épisode de Strip-tease, cette émission diffusée sur France 3. Les documentaristes s’intéressent au jeune homme pour sa passion pour le tuning. Ils le filment dans son quotidien, jusqu’au concours de sonos. Son accent du Nord, son verbe haut – « Olivier, tu vas niquer la batterie ! » –, sa façon d’invectiver sa compagne, l’environnement des rassemblements, sa R21… Tout y passe. Au final, l’épisode, 135.3 dB, est encore archi-connu. Tantôt drôle, souvent gênant. Fin 2016, Les Inrocks le considéraient même comme le deuxième épisode culte de l’émission derrière… La Soucoupe et le Perroquet.
Sa compagne nous l’avoue : « Sa famille a même eu honte ». Elle-même, quand elle a découvert le reportage, s’est dit « Mais ce n’est pas toi ! ». Depuis longtemps, Christophe a quitté Douai. Abîmé par la vie, séparé de la mère de ses enfants filmés dans le reportage, il a depuis posé ses valises en Haute-Savoie depuis des lustres, où il s’est bâti une vie « normale ». « Je bosse, je fais du sport. Ma femme, elle m’a ramassé en morceaux. Je lui dois tout. »
Il avait un peu oublié tout ça, ce tournage. « Ils ont tourné six mois (sic). Il s n’ont gardé que des morceaux ». C’est qu’il a été raillé, Christophe, à l’époque. Il en est conscient. « Au début, je me suis dit, ben c’est bien la télé. Les gens vont retenir un truc : je ne suis pas quelqu’un de bien. Mais moi, je suis comme tout le monde ! » Pendant des années, sur les forums en ligne, des internautes se demandaient ce qu’était devenu « le Bad Boy », celui qui courait après les décibels. C’est à Annecy qu’il a été retrouvé. Filmé au bord du lac si pur, il offre son nouveau visage, sa carrure affûtée, sa peau hâlée, ses tatouages glissant sur ses biceps. La vidéo tourne sur le net. Et Christophe devient, une nouvelle fois, une star. Ça lui est tombé dessus comme ça. « Vingt ans après, vous croyez que je pensais à ça ? Moi je me lève tous les matins à 4 h, je vais bosser, après je vais me promener. »
Monté jeudi à Douai pour le week-end, pour voir ses enfants, ses amis, sa famille, il s’est prêté aux selfies et séances… d’autographes. Des jeunes de la métropole lilloise qui avaient eu vent de son retour avaient carrément pris le train pour le rencontrer. C’est eux que Christophe appelle « mes potos ». Ceux qui prennent de ses nouvelles via Facebook. Car les commentaires sont plutôt positifs. Sans doute plus qu’il y a 20 ans, où il portait cette caricature d’un Nordiste pas très fin, fan de tuning. Au fond, il est presque philosophe : « Cette émission, elle ne m’a jamais dérangé. J’ai vu ce que j’ai fait. Maintenant, c’est trop tard. Si c’est pour être malheureux pendant toutes ces années… »