Entre 1987 et 1997, le Club Dorothée a connu un succès triomphal sur TF1. A l’occasion du trentième anniversaire de l’émission jeunesse, Toute la Télé a rencontré avec la scénariste des sitcoms AB, Patricia Bitschnau. Un petit florilège de l'interview :
Benoît Mandin : Le Club Dorothée fête ses 30 ans. Qu’évoque pour vous l’émission jeunesse culte de TF1 ?
Patricia Bitschnau : Une respiration dans ma carrière ! J’étais attaché de presse pour une milliardaire et je venais de l’univers du roman, puis Jean-Luc Azoulay (producteur, ndlr) m’a proposé d’écrire Salut les Musclés. Cela m’a fait beaucoup rire, car je n’aurais jamais imaginé le faire. Je suis d’abord allée à l’anniversaire de Dorothée et c’est là que j’ai fait la connaissance des Musclés.
Pour Salut les Musclés, quelles directives aviez-vous reçues de Jean-Luc Azoulay ?
Jean-Luc m’avait dit que c’était une bande de garçons sympa sans que ça soit plus explicatif. Je savais juste qu’il fallait qu’ils arrivent pleins de choses aux Musclés, tout en étant amoureux toutes les cinq minutes. Il m’a demandé de venir assister à un tournage, je me suis vite mis dans le rythme et j’ai surtout écouté les voix des Musclés. Il ne fallait surtout pas de vulgarité même pas « merde » (rires).
Les sitcoms AB ont connu un succès sans cesse grandissant. Comment l’expliquez-vous ?
Dès les premières diffusions, on a senti que c’était en train de prendre de l’ampleur. Je ne pensais pas que l’on irait si loin avec Premiers Baisers, Les années fac, Hélène et les garçons… Je me souviens particulièrement d’Hélène et les garçons, car on avait le vent en poupe et Jean-Luc m’a montré ce qu’il allait proposer à TF1. Cela tenait sur une page et finalement ça a eu le succès que l’on connaît.
Avez-vous participé à l’écriture de toutes les sitcoms ?
Non, je n’ai pas pu participer à Hélène et les garçons puisque j’étais déjà sur d’autres séries. A un moment donné, il m’est arrivé d’écrire Les nouvelles filles d’à côté et un épisode des Vacances de l’amour le même jour. J’avais besoin de ça même si le rythme était intense. Pour tout vous dire, je venais même le dimanche (rires). Je me suis vue écrire un épisode de Salut les Musclés sur un ticket de métro, en voyant un panneau publicitaire ou en entendant une conversation dans un café.
Quelle sitcom vous a le plus particulièrement marqué ?
J’ai vraiment pris du plaisir sur toutes les sitcoms. J’ai trouvé marrant La croisière foll’amour, j’ai adoré Les filles d’à côté et Les nouvelles filles d’à côté. On était servi par Thierry Redler (Marc, ndlr) qui était excellent dans ce registre. J’ai bien aimé La baie des flamboyants (diffusé entre 2007 et 2010 sur France Ô) parce que c’était un gros challenge : les comédiens n’y étaient pas. Il y avait un pilote de ligne, un stewart, une championne de surf et Mister Guadeloupe, qui n’avaient jamais joué et avaient un accent à couper au couteau. Ils sont vraiment devenus bons après deux saisons.
Avez-vous participé à l’élaboration des castings ?
Bien sûr et j’ai personnellement insisté pour que Patricia Elig (Stéphanie des Nouvelles filles d’à côté, ndlr) soit recrutée. Quand j’étais journaliste, je l’avais connue dans une école d’art dramatique et j’avais des amis parmi les jeunes comédiens. Je leur demandais de venir aux castings et je faisais tout pour qu’on les essaie. Aude Mésséan (directrice de casting, ndlr) me demandait parfois de venir si elle avait un doute ou Jean-Luc me faisait visionner plusieurs comédiens.
Quels souvenirs gardez-vous de l’époque AB ?
J’en ai de très bons puisque l’on était une grande famille. On a été à un moment donné 1.700 employés et on se connaissait tous que ce soit les techniciens, réalisateurs et comédiens. C’est vraiment une aventure à vivre une fois dans sa vie et c’est dommage que ça se soit arrêté.
Comment avez-vous vécu l’arrêt du Club Dorothée et des sitcoms en 1997 ?
Cela a été très dur. Certes pour nous en écriture, il y a toujours de quoi faire, mais ça m’a embêté de quitter l’usine AB. Je suis quand même restée deux ans à bâtir des projets avec Jean-Luc sans aucune diffusion. Personne ne l’a vu venir, car tout est parti d’un conflit entre TF1 et AB Productions…
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