La direction de France Télévisions prévoit désormais de supprimer «moins d’une quarantaine d’équivalents temps plein» en 2018.
La tension ne retombe pas à la rédaction de France Télévisions. Lundi soir, la direction de l’information du groupe public a annoncé à ses troupes avoir revu sa copie. «Une nouvelle piste de discussion», assure la direction, qui prévoit désormais de supprimer «moins d’une quarantaine d’équivalents temps plein» en 2018, contre les 66 évoqués dans un premier temps. Elle a assuré que les magazines «Envoyé spécial» et «Complément d’enquête» seraient toujours diffusés trois soirées par mois, en alternance avec «L’Emission politique» de Léa Salamé. Mais la durée des deux émissions devrait être réduite.
Ces annonces n’ont pas rassuré les rédactions des deux émissions, bien au contraire. «Les 17 CDD ne seront pas renouvelés en juin, et quatre journalistes en CDI vont être transférés au JT. Sur les 27 reporters que comptent actuellement les deux magazines, seuls six vont être maintenus à leur poste. Impossible dans ces conditions de faire une soirée par semaine. La grande majorité des reportages seront désormais confiés à des sociétés de production extérieures», déplore un journaliste sous le choc.
«Ils gardent l’usine mais ils enlèvent tous les ouvriers», s’agace un autre. «Ces marques vont être des coquilles vides. Et pourtant, maintenant que l’investigation a disparu de Canal+, ces magazines sont les seuls du PAF à faire de l’investigation et du grand reportage. Quelle société extérieure va oser s’attaquer à un magnat des médias comme Vincent Bolloré ?», rappelle un reporter de «Complément d’enquête» dont deux reporters, Tristan Waleckx et Matthieu Renier, ont obtenu en juillet dernier le prestigieux prix Albert Londres pour une enquête sur le patron de Vivendi.
Les journalistes des magazines espèrent encore pouvoir faire changer d’avis Delphine Ernotte, qui a rendez-vous mardi à 15h avec la SDJ (Société des journalistes) de France 2. Mais pour la patronne de la télévision publique, la marge de manoeuvre est fine. Elle est sommée de faire des économies à tous les étages pour compenser les 47 millions d’euros de coupes budgétaires décidées par le gouvernement.
Et la rédaction, qui compte en tout 1340 équivalents temps plein en ajoutant France 2, la rédaction nationale de France 3, franceinfo et le numérique, n’échappe pas aux efforts. La journée de mardi sera décisive. A 16h30, une nouvelle assemblée générale est prévue. Jeudi dernier, lors d’une précédente AG, les journalistes avaient acté le vote d’une motion de défiance contre la patronne de France Télévisions.