Il faut avoir le cœur bien accroché pour déambuler dans le musée d'art contemporain (MAC) de Lyon. Depuis le jeudi 8 mars, l'établissement diffuse en effet une vidéo peu banale : une vingtaine de poulets, pendus par les pattes, sont brûlés vifs. Le visiteur peut entendre les cris stridents des malheureux volatiles qui se débattent en vain. Les tentatives d'explications de l'artiste, Adel Abdessemed, qui assure que les volailles n'ont pas souffert, n'auront pas suffi à empêcher un déferlement de critiques sur la toile.
Face à la polémique naissante, le MAC a publié lundi 12 mars un communiqué dans lequel il explique que l’œuvre vidéo intitulée Printemps, a été réalisée "avec une équipe de techniciens créateurs d'effets spéciaux pour le cinéma, qui utilisent couramment ce produit pour créer des effets de flammes et d'incendie qui sont sans danger".
L'artiste a d'ailleurs utilisé cette technique pour lui-même, poursuit le communiqué, qui publie une photo d'Adel Abdessemed en train de brûler paisiblement dans une rue pour les besoins de son œuvre : Je suis innocent. Le musée ajoute que les poulets n'ont été soumis à ces flammes que trois petites secondes et qu'un dispositif sonore et visuel "accentue la dramatisation" de la séquence.
Le MAC assure par ailleurs que la démarche d'Adel Abdessemed, connu pour être celui qui a réalisé la statu de Zidane donnant un coup de tête à Materazzi, comme le rappelle Le Parisien, est bien de "dénoncer la violence et la souffrance". "Ce que nous évitons de regarder en face, il le regarde".
Un argumentaire qui n'a pas convaincu tout le monde. "Comment osez-vous cautionner la torture animale", s'est notamment indigné le journaliste Aymeric Caron sur Twitter, rappelant que les personnes commettant des actes de cruauté envers les animaux s'exposaient à une peine pouvant aller jusqu'à 30.000 euros d'amende et deux années de prison.
Même son de cloche du côté de l'association Peta, qui assure que malgré les effets spéciaux, les volatiles ont souffert d'être pendus par les pattes et ont été traumatisés par le fait d'être couverts de flammes. Faisant fi de la virulence de ses détracteurs, le MAC ne compte pas, pour l'heure, retirer l’œuvre qui doit être exposée en ses murs jusqu'au 8 juillet, indiquent nos confrères du Parisien.