Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Les Infos Videos

Le meilleur des Infos et des videos du moment. Retrouvez toutes les news 24h/24 et 7j/7.

Congé parental : Macron doublé par l’Europe

Plus ambitieuse dans ses propositions, l’UE a mis l’Elysée dans l’embarras sur sa grande cause nationale.
 
Le président Macron l’a dit et redit : il compte bien faire de l’égalité entre les femmes et les hommes la grande cause nationale du quinquennat. Il répète par ailleurs à l’envi : bénie soit l’Europe. Le voilà pourtant gêné aux entournures par une directive européenne «vie privée-vie professionnelle» visant à remédier à la sous-représentation des femmes sur le marché du travail. Dans un bel envol de progressisme, cette directive propose - entre autres - une meilleure indemnisation du congé parental pour mieux inciter les pères à mettre la main au berceau. Elle impose aussi un congé paternité de dix jours à la naissance à l’ensemble des Etats membres. Et prévoit, cerise sur le gâteau, cinq jours de congé rémunérés par an pour s’occuper d’un proche dépendant (une tâche qui revient souvent aux femmes). Bravo ? Si la France n’est pas en reste sur le congé paternité (onze jours), cette version européenne du congé parental représenterait un saut qualitatif de taille : là où le nôtre est faiblement indemnisé (396,01 euros au maximum par mois), l’allocation prévue par la directive serait fixée au niveau de celle d’un congé maladie (soit 50 % du salaire journalier de base, plafond à 1,8 fois le smic). Total : une indemnité de presque 900 euros pour un salarié touchant 2 000 euros par mois. Il s’agirait d’un congé de quatre mois pour chaque parent, fractionnable et pouvant être pris jusqu’aux 12 ans de l’enfant, alors qu’actuellement en France le congé parental (pour un enfant) est de six mois maximum pour un seul parent et d’un an si les deux parents en bénéficient.
 
Première réaction du Président à cette directive : ça fait cher ! Aussi le chef de l’Etat a-t-il estimé devant le Parlement européen le 17 avril qu’il s’agit d’une «belle idée», mais d’un coût «potentiellement explosif». Depuis, 50 associations, dont l’Union nationale des associations familiales (Unaf), sont montées au créneau, tandis que les principaux syndicats ont demandé à Macron, dans une lettre ouverte, de mettre ses «actes en adéquation avec ses paroles» concernant sa grande cause.
 
Forcément un rien embarrassé (de même que sa secrétaire d’Etat à l’Egalité qui s’est fendue d’un «ce qu’il faut voir, c’est la question du financement»), a fortiori en pleine annonce des mesures gouvernementales en faveur d’une égalité salariale réelle entre femmes et hommes, l’Elysée s’attache dorénavant à faire savoir qu’il ne bloque pas la directive et que la France allait «elle-même faire une proposition». De source ministérielle, il s’agirait de défendre un congé parental indemnisé et obligatoire… mais en laissant chaque pays définir le niveau de son indemnisation.
 
Au fond, et hors de l’Hexagone, cette directive représente pour l’heure une sacrée avancée sociale pour certains Etats membres. Le congé paternité serait ainsi une nouveauté en Allemagne, en Autriche, à Chypre, en Croatie, en République tchèque et en Slovaquie. Quant au congé parental de quatre mois payé au niveau d’un congé maladie, il ferait faire un saut à la Bulgarie, l’Irlande, l’Italie, aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. Actuellement en discussion dans les Etats membres, la directive doit être adoptée fin juin par le Parlement européen.
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article