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Les borderline, ces écorchés vifs : Comment se faire aider

C’est un mot que l’on utilise dans le langage courant pour désigner des personnes qui peuvent exploser d’un moment à l’autre. Mais c’est surtout un vrai trouble que l’on commence à mieux traiter.
 
Leurs journées ressemblent à des trains lancés à pleine vitesse : ils se réveillent euphoriques. Deux heures après, ils sont aux cent coups. Les borderline sont des grands écorchés vifs : un regard perçu comme agressif et les voici qui se prennent de bec avec le premier venu ! Un amoureux qui rate un rendez-vous et c’est le drame.
 
Ce quotidien sur le fil du rasoir, Catherine Danemark l’a raconté à son ami d’enfance, le psychiatre Michel Kummer dans un récit cru et émouvant : « Être borderline : une vie au bord du gouffre ». « Quand j’ai revu Catherine, elle m’a dit Toi tu es devenu psychiatre, moi borderline », raconte ce médecin, qui a voulu, au travers de son témoignage, expliquer les ressorts d’un trouble mal connu qui touche tout de même 6% de personnes en France.
 
Borderline signifie « à la limite », « au bord » et ce n’est pas un hasard. « Les borderline, à la base, souffrent d’un trouble de la gestion des émotions. Chez eux, c’est le trop-plein ou à l’inverse ils ne ressentent plus rien », explique le spécialiste. La conséquence en est une grande instabilité émotionnelle. Au travail par exemple, « une remarque leur suffit pour qu’ils menacent de balancer leur démission », explique le spécialiste.
 
Mais ce côté impulsif peut aussi faire la différence : « Ces rebelles peuvent avoir des parcours professionnels brillants, car ils fourmillent d’idées et sont très productifs, même si dans le fond ils sont très déprimés », relève-t-il.
 
Naît-on borderline ou le devient-on ? Pour le spécialiste, c’est un peu des deux : « Sans doute y a-t-il une origine génétique ou autre, mais cela reste à prouver. Ce qu’il y a de sûr c’est que l’adolescence est une phase critique, poursuit-il. C’est à ce moment-là que le trouble apparaît, même s’il ne se diagnostique que vers la trentaine. » « Le borderline c’est une forme d’impasse de l’adolescence. C’est un adulte qui est resté comme figé dans sa période adolescente », décrit-il. Mais pourquoi ?
 
Les psys évoquent des difficultés mère-enfant lors des premiers mois de vie (mère trop anxieuse et envahissante ou au contraire très déprimée). D’autres des séparations, des abandons, voire une maltraitance… « En tout cas, ces patients ont des réactions semblables aux personnes victimes d’un stress post-traumatique », observe Michel Kummer.
 
En amour, avec eux, c’est à la folie ou pas du tout. Pas d’entre-deux. Et du jour au lendemain, l’être idéal peut se retrouver relégué au rang de maudit. « Sous leurs airs bravaches, les personnalités limites sont très peu sûres d’elles, alors elles testent l’autre pour vérifier si son amour est sincère, quitte à se rendre odieuses », explique Michel Kummer. Evidemment, à la longue, ça craque.
 
Côté sexe, loisirs, les pratiques limites, voire addictives, sont fréquentes, même si la honte ou la culpabilité n’est jamais loin. « Mais il s’agit rarement de toxicomanie. C’est plutôt je fume trois paquets par jour, puis je me mets au sport comme un dératé, ou comme Catherine, de rouler à tombeau ouvert, ivre, sur l’autoroute », décrypte le praticien. « L’idée est de conjurer par une grande excitation ce grand vide intérieur, dont tous disent souffrir », raconte-t-il.
 
« La difficulté est qu’ils ne répondent pas très bien aux calmants et aux antidépresseurs, mais s’ils s’accrochent et qu’ils travaillent sur eux-mêmes, ils peuvent, avec des thérapies cognitives et analytiques, arriver à gérer leur état émotionnel », assure Michel Kummer.
 
Le chemin n’est pas sans embûches. « Il faut au moins deux ans pour qu’un changement s’amorce », estime-t-il. Il note aussi que « l’un des signes d’amélioration est lorsqu’ils commencent à s’entourer de gens nouveaux ».
 
Avec l’âge, les épreuves de la vie, leur côté « cocotte-minute » se calme. Pas Catherine ! A 58 ans, il lui arrive encore, comme elle le raconte, de piquer des colères monstrueuses : « Mais elle va plutôt bien, sa curiosité l’a beaucoup aidée tout comme les voyages. Elle rêve d’aller voir les manchots empereurs en Antarctique et de découvrir l’île aux chats dans le Nord du Japon », confie son ami praticien, avec une grande tendresse.
 
Même si les chercheurs s’intéressent de plus en plus à ce trouble – l’an dernier, il a fait l’objet de 8 000 publications contre 1 500 au début des années 1990 –, sa prise en charge en France demeure balbutiante.
 
Quels sont les traitements ? A l’inverse de la bipolarité qui est un trouble de l’humeur et qui nécessite le recours aux médicaments, seul le suivi d’une psychothérapie permet aux borderline d’aller mieux. Les thérapies reconnues comme les plus efficaces sont la « thérapie comportementale dialectique » (TDC) ou la « thérapie des schémas ». Elles permettent au patient de mettre en place de nouvelles habitudes et de mieux contrôler son impulsivité.
 
A qui s’adresser ? A l’hôpital, le CHU de Montpellier a mis en place une filière d’évaluation et de soins spécialement dédiés aux personnes borderline. Une fois le diagnostic posé sur la base d’un entretien, le patient se voit proposer une thérapie sur 6 mois, associant thérapie de groupe et thérapie individuelle. Des patients de toute la France y viennent en consultation. En ville, les psychothérapeutes spécialement formés ne sont pas évidents à trouver. Pourtant, c’est vers eux qu’il vaut mieux se tourner. Si vous frappez à la porte d’un psychiatre, n’hésitez pas à le questionner sur son expérience et sa formation. Cela ne doit pas être le seul critère : vous devez pouvoir vous ouvrir en toute confiance et vous sentir compris. Rencontrez-en plusieurs, avant de choisir celui avec lequel vous vous sentirez le mieux pris en charge.
 
Où se renseigner ? Auprès de l’Association pour la formation et la promotion de l’état limite (Aforpel). Cette association propose un annuaire de thérapeutes à contacter spécialement formés à l’accompagnement thérapeutique des personnes borderline (généralistes, psychiatres…). Elle propose également un test en ligne anonyme et gratuit afin de vérifier si vous êtes borderline ou pas ?
 
Pour en savoir plus. Le guide « Borderline : cahier pratique de thérapie à domicile » (Odile Jacob, 22, 90 €) fournit des outils pour améliorer son quotidien. Il a été écrit par le Dr Déborah Ducasse et Véronique Brand-Arpon qui ont monté le service dédié au CHU de Montpellier.
 
« Être borderline : une vie au bord du gouffre » de Catherine Danemark et du docteur Michel Kummer (Les éditions de l’Opportun), 15,90 €.
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