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La moitié des sportifs français vivent sous le seuil de pauvreté

Ils gagnent des médailles, mais peu d'argent. Alors que les fédérations ne rémunèrent pas leurs sportifs, certains ont du mal à joindre les deux bouts.
 
Oubliée, l'image du sportif millionnaire... Loin des podiums et des médailles, la réalité est bien moins belle. Un reportage de Complément d'enquête , diffusé il y a deux ans lors des JO de Rio, révèle que la moitié des 450 Français qui ont participer à cette compétition estivale vivent avec moins de 500 euros par mois. Comme 8,6 millions de personnes, des centaines d'athlètes se retrouvent donc sous le seuil de pauvreté, fixé à 987 euros par mois et défini par l'Insee comme étant égal à 60 % du niveau de vie médian de la population française.
 
Membre de l'équipe de France de décathlon, Gaël Quérin assure qu'il n'a même pas les moyens de se payer une nouvelle paire de baskets malgré ses chaussures trouées ! Et pour cause, avec des séances d'entraînement deux fois par jour, le champion de France 2015 n'a pas le temps de cumuler un petit boulot. Pourtant, sa discipline lui coûte de l'argent. Entre les stages, les déplacements et le matériel, sa préparation aux JO lui revient à 17 500 euros. Si la somme est en partie prise en charge par sa fédération et par son département, ce père de famille a été obligé de faire appel aux dons sur Internet pour trouver les 5 000 euros restants.
 
Mais Gaël Quérin est loin d'être le seul. « Il y en a des dizaines dans toutes les disciplines : javelot, judo, course... », égrène le journaliste de France 2. « J'ai des mois où il n'y a rien dans le frigo », confie même Phara Anacharsis, championne de France du 400 mètres haies. Hors des pistes, la jeune femme est obligée d'enfiler le costume de vendeuse de baskets dans un grand magasin, 20 heures par semaine. Son salaire - environ 700 euros par mois - constitue l'essentiel de ses revenus. Car contrairement à la Chine ou à l'Italie, en France, les fédérations ne rémunèrent pas leurs sportifs.
 
Une quarantaine de sportifs de haut niveau, à l'instar de Martin Fourcade, d'Éric Carrière ou de Renaud Lavillenie, avaient d'ailleurs signé une tribune en 2015 pour tirer la sonnette d'alarme. « Si notre statut est amateur, nous nous entraînons comme des professionnels. (...) Nous vivons pour le sport, mais pour la plupart le sport ne nous fait pas vivre », s'inquiétaient alors les signataires.
 
Une situation bien connue des responsables politiques. Les sportifs de haut niveau ont « l'un des statuts les plus précaires de notre pays », avait aussi alerté le secrétaire d'État aux Sports Thierry Braillard, après la parution d'un rapport sur le sujet en juin dernier. Le document établi par le juriste du sport Jean-Pierre Karaquillo pointait déjà l'extrême précarité des athlètes de haut niveau. Et de préciser alors que 75 % de ces athlètes sont non salariés, et donc non couverts en cas d'accident.
 
Les députés ont tout de même tenté de faire bouger les choses, en votant en novembre dernier une proposition de loi sur le statut des sportifs de haut niveau, afin de mieux les protéger. L'objectif du texte ? Favoriser « l'insertion citoyenne et professionnelle des athlètes grâce à un suivi socioprofessionnel imposé aux fédérations sportives » et créer « un dispositif de couverture accidents du travail-maladies professionnelles pour la pratique sportive des athlètes de haut niveau ».
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