Le parquet de Paris a estimé que les infractions visées par l'association Anticor, qui soupçonnait des irrégularités dans les comptes des deux candidats, «n'apparaissent pas constituées».
Le parquet de Paris a tranché. Les comptes de campagne d'Emmanuel Macron et de Jean-Luc Mélenchon, mais également ceux de Marine Le Pen et de Benoit Hamon, ne feront plus l'objet d'examen. La plainte déposée par Anticor en juin dernier est classée sans suite. Après consultation de la Commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP), le ministère public a estimé que les infractions visées «n'apparaissent pas constituées». Jean-Christophe Picard, le président d'Anticor, est naturellement «déçu» par cette décision. «Le procureur s'est basé sur une réponse de la Commission pour classer notre plainte sans suite. Or nous mettions déjà en cause cette commission, qui manque de moyens humains, matériels et juridiques pour investiguer. Le discours qu'avait tenu le rapporteur démissionnaire l'illustre bien», complète Jean-Christophe Picard. L'association plaide d'ailleurs pour que la CNCCFP soit réformée.
L'association de lutte contre la corruption, Anticor, avait dénoncé des irrégularités dans les comptes des candidats. L'association avait déposé plainte pour «tentative de détournement de fonds publics» et «abus de biens sociaux». Elle appelait à «vérifier la transparence et la probité des comptes». Pour En Marche, Anticor pointait du doigt des ristournes dont aurait bénéficié le candidat Macron de la part de la société GL Events. Cette dernière est dirigée par Olivier Ginon, un entrepreneur proche de Gérard Collomb, qui a fini par intégrer les cercles de la macronie. «Tout don d'une personne morale est interdit par la loi. Ces ristournes posent question», confirme le président d'Anticor, selon qui il faudrait instaurer une sanction d'inéligibilité pour tout élu ayant fraudé.
Concernant Jean-Luc Mélenchon, Anticor lui reproche d'avoir surfacturé des prestations à des proches. Ces accusations visent notamment la société Médiascop, détenue par Sophia Chikirou, soit la directrice de la communication du candidat Insoumis lors de la campagne présidentielle. «Il n'est pas acceptable que de l'argent public puisse permettre à quiconque de s'enrichir au cours d'une campagne électorale», a fustigé Jean-Christophe Picard. Anticor souhaiterait que les dépenses et recettes des candidats soient rendues publiques lorsque ceux-ci sont en campagne. L'association aspirerait également à ce que la Cour des comptes se charge de certifier les comptes des partis politiques. «Ces opérations créent une réelle rupture d'égalité entre les candidats, entre ceux qui fraudent et ceux qui jouent dans les règles», a déploré le président d'Anticor.
En revanche, le parquet de Lyon ne s'est pas encore prononcé sur l'enquête préliminaire qu'il a ouverte fin juin. Cette dernière concerne une soirée électorale d'En Marche organisée dans la capitale des Gaules, dont on soupçonne qu'elle ait été en partie financée par la métropole et la ville de Lyon.