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Face aux lecteurs de La Provence : Vladimir Cosma, so jazz !

Des questions à lui poser, ils en avaient des dizaines. Parmi les lecteurs de La Provence venus hier après-midi à la rencontre du compositeur Vladimir Cosma, des amoureux de la musique. Certains l'écoutant, comme Monique Clauser, Nicolas Félix ou Luc Tournier. D'autres la pratiquant ou l'enseignant, comme Philip Bride, directeur du Conservatoire à rayonnement régional de Marseille, Éric Michel, directeur de la Cité de la musique à Marseille, Vassily Cornille, directeur de la Cité des musiques et de l'Eden Studio à La Ciotat, Jean-Eric Thirault, ex-Premier violoncelle solo de l'Orchestre philharmonique de Marseille, directeur du Conservatoire à rayonnement communal de La Ciotat, Nicolas Muscat, directeur d'écoles de musique à Marseille, Clément Barba, saxophoniste du groupe Deluxe.
 
Le délicat exercice de la composition, les origines de son amour pour la musique, sa passion pour le jazz, la place des musiques de films au cinéma, la façon dont la musique est enseignée... Vladimir Cosma, auteur des airs les plus connus du cinéma français (Le Grand Blond avec une chaussure noire, Diva, Les Aventures de Rabbi Jacob, La Boum, Le Bal, L'As des as, La Chèvre, Les Compères, Les Fugitifs, Le père Noël est une ordure, La Gloire de mon père, Le Château de ma mère...), leur a répondu, maniant aussi bien l'humour que la baguette de chef.
 
Composer
 
"Mon instrument préféré, c'est le violon... mais pas pour composer ! Pour écrire une musique, le crayon est mon instrument principal, avec mon papier à musique : je compose et je cherche à table. Le fait d'être violoniste m'a donné le goût de la mélodie, que je considère comme la chose la plus importante de la musique : elle doit se passer d'accompagnement, elle doit être valable en elle-même. Donc je compose sans aucun habillage et quand après, le thème me semble intéressant, je cherche comment je vais le développer, l'enrichir harmoniquement".
 
Pagnol
 
"J'ai découvert Pagnol à l'occasion des films d'Yves Robert, La Gloire de mon père et Le Château de ma mère. Ça m'a fait découvrir un univers ensoleillé, avec des gens que j'aime beaucoup, des personnages simples et émouvants. J'avais l'impression que ça correspondait à ce que je fais dans la musique, à la différence d'auteurs que j'aime beaucoup mais avec lesquels je ne suis pas musicalement en phase. Marseille, sa façon d'écrire et de présenter les personnages, tout cela m'a été familier et sympathique. Mais attention, pour ces films, je ne voulais pas composer une carte postale marseillaise, avec des fifres, etc., ni que cela soit enfantin, j'ai donc proposé une musique ensoleillée, une habanera en quelque sorte, parce que quand Pagnol écrit ces textes, c'était un temps où les compositeurs français s'inspiraient beaucoup du folklore méditerranéen et espagnol. Le thème principal du film, lui, est plutôt d'inspiration roumaine mais il est curieux de voir que maintenant, on assimile complètement cette musique à Marseille ! Ce qui prouve que l'intérêt de la musique, c'est que c'est un art abstrait, que l'on peut lire de bien des manières".
 
Parcours
 
"Quand j'étais petit, il me paraissait tellement fou de vouloir devenir compositeur, après Duke Ellington, après Stravinsky, après Beethoven, que je me demandais ce que j'allais faire là-dedans... Ce qui m'a poussé à persévérer, c'est que les gens me demandaient de la musique, c'est que j'avais du succès. Et ce, dès l'école primaire et le lycée : on me pardonnait tout grâce au violon ! Ça m'a encouragé, les portes se sont ouvertes. Ensuite, c'est Nadia Boulanger qui m'a poussé à suivre mon propre chemin, à trouver ma voie et ma direction pour apporter quelque chose qui soit différent de ce que tout le monde faisait".
 
Cinéma
 
"La musique accompagne les films comme dans le temps, les feux d'artifice de Haendel accompagnaient les fêtes royales : la musique pour le cinéma, ce n'est pas un genre particulier, c'est du classique, c'est du jazz, etc. Ça a sa spécificité technique, avec des minutages très précis, mais pour un compositeur, c'est en fait relativement simple. En fait, je n'aime pas la musique qui se veut spécifique au cinéma, très descriptive, j'aime la musique tout simplement. Au cinéma, j'ai abordé différents genres musicaux, avec de grands musiciens comme Chet Baker, et c'est ce que je préfère retenir".
 
Michel Legrand
 
"Quand je suis venu à Paris, il y avait plusieurs personnes que je voulais rencontrer, dont Nadia Boulanger, Martial Solal... et Michel Legrand. Lors d'un concert à la salle Gaveau, je lui ai demandé un rendez-vous pour lui faire entendre mon travail, avoir son avis, lui présenter des enregistrements, etc. On s'est vu de temps en temps, amicalement. Un beau jour, il m'a demandé de faire des arrangements pour une émission de télévision avec les plus grands chanteurs de l'époque et ensuite, je l'ai aidé pour deux films, l'un américain, l'autre allemand.
 
Pendant des années, j'ai été un peu son assistant, à partir des Demoiselles de Rochefort. Nous devions alors partir ensemble en Amérique, pour nous installer là-bas, et c'est le moment où Yves Robert lui a proposé de faire Alexandre le bienheureux, ce qu'il a refusé par manque de temps avant le départ : j'ai pu saisir cette opportunité et c'est comme cela que ma vie a changé. Cela a ensuite été une collaboration très suivie avec Yves Robert, puisque j'ai fait tous ses films jusqu'à sa mort. Par la suite, avec Michel Legrand, on a eu des hauts et des bas : c'est toujours difficile d'être ami et concurrent, mais c'est la vie".
 
Transmission
 
"Ce qui m'a choqué le plus en venant en France, c'est que les étudiants du Conservatoire avaient tout à disposition, des bibliothèques, des disques, etc., et qu'en fait, ils ne savaient pas grand-chose, ils ne se battaient pas pour le savoir. Personnellement, j'ai beaucoup plus appris en ayant peu de choses mais en donnant beaucoup de moi-même : en écoutant des disques de Gil Evans et d'autres, qui étaient très difficiles à trouver en Roumanie, j'essayais de les copier à l'oreille, sans avoir la partition. Je pense donc que les jeunes doivent faire un effort pour arriver à la connaissance, il faut arriver à les faire travailler par eux-mêmes et pas uniquement en prenant des choses toutes faites. C'est difficile de dire qu'il ne faut pas aller à l'école, bien au contraire, mais il faut un mélange avec la pratique".
 
Concerts
 
"C'est quelque chose de relativement nouveau pour moi, que de travailler avec un orchestre en public. Pendant ma vie, j'ai surtout été un homme d'écriture, avec des orchestres de studio que je dirigeais pour enregistrer des musiques de films. Je n'étais pas un homme public, avec des concerts, c'est donc venu parce qu'il y avait une demande et c'est un plaisir supplémentaire et très important pour moi que de diriger ma propre musique, comme je le souhaite, et aussi d'avoir un rapport direct avec les musiciens et avec le public".
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