La mobilisation des gilets jaunes a rassemblé 136 000 manifestants en France ce samedi selon le ministère de l'Intérieur. La journée a débuté dans le calme, mais la situation a rapidement dégénéré à Paris et dans plusieurs villes du pays. Au moins 1 723 personnes ont été interpellées.
Les "gilets jaunes" ont été moins nombreux à se déplacer ce samedi 8 décembre pour la quatrième grande journée de mobilisation. Selon un bilan publié par le ministère de l’Intérieur dans la soirée, 136 000 personnes ont manifesté en France dont 10 000 à Paris, selon le ministère de l'Intérieur. C'est autant que la semaine dernière.
Après une matinée relativement calme, des heurts ont éclaté dans l'après-midi à différents endroits de la capitale mais aussi dans plusieurs villes de province. Plus de 89 000 membres des forces de l'ordre étaient mobilisés sur tout le territoire, dont 8 000 dans la capitale.
La manifestation a débuté dans le calme à Paris, mais elle s'est rapidement tendue à la mi-journée. Les affrontements se sont notamment concentrés sur l'avenue des Champs-Élysées et dans les rues adjacentes. Une voiture a été incendiée et plusieurs vitrines brisées sur l'avenue de Friedland, et des voitures ont été brûlées près de la place de l'Étoile. Des pillages ont été constatés dans plusieurs boutiques parisiennes, comme le Drugstore Publicis ou la boutique Orange des Champs-Élysées.
Selon les chiffres délivrés par la Préfecture de police en fin d'après-midi, 1 082 personnes ont été interpellées dans la capitale (contre 412 le 1er décembre). 619 ont été placées en garde à vue. Parmi elles, on compte Julien Coupat, relaxé au printemps lors du procès de Tarnac. Il a été placé en garde à vue pour "participation à un groupement formé en vue de commettre des violences ou des dégradations". Les policiers ont découvert dans son véhicule un gilet jaune, des bombes de peinture et un masque de chantier.
Par ailleurs, 71 manifestants et 7 membres des forces de l'ordre ont été blessés. La maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, a déploré samedi soir "des scènes de chaos" dans la capitale et des "dégâts incommensurables" pour l'économie et l'image de la ville.
De son côté, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner s'est rendu sur les Champs-Elysées à Paris dans la soirée pour féliciter les CRS.
Ce quatrième samedi de mobilisation des gilets jaunes a aussi été marqué par des affrontements dans plusieurs villes comme à Toulouse où on a assisté à des scènes de guérilla urbaine. Plusieurs milliers de personnes et "gilets jaunes" refoulés hors du centre-ville à coups de gaz lacrymogènes ont jeté des projectiles et érigé des barricades. "On a vu des pilleurs à l'oeuvre dans le quartier Saint-Cyprien", selon France Bleu Occitanie. Les manifestants continuaient de s'opposer aux forces de l'ordre à la nuit tombée. Selon la préfecture, 12 personnes ont été blessées, dont quatre policiers.
Des heurts ont eu aussi lieu à Saint-Etienne. Des magasins ont été pillés et plusieurs incendies allumés dans la ville. 42 personnes ont été placées en garde à vue.
A Marseille, des affrontements ont eu lieu en marge de la mobilisation des gilets jaunes où les manifestants ont envahi la Canebière et pillé des boutiques, notamment celle du club de football de l'Olympique de Marseille. Les dégâts sont nombreux, des voitures et des poubelles ont été brûlées.
A Bordeaux, le rassemblement qui avait débuté dans le calme, a dégénéré en fin de parcours. Un jeune homme a eu la main arrachée par une grenade qu'il avait ramassée quand elle lui a explosé dans la main, selon une source judiciaire. Dans la soirée, les forces de l'ordre ont mené de nombreux assauts et fait usage de gaz lacrymogène contre les casseurs qui ont allumé des feux, utilisé des frondes et jeté des pavés. 70 personnes ont été interpellées. Parmi elles, 25 ont été placées en garde à vue selon la préfecture. 26 blessés ont été pris en charge par les services de secours.
A Nantes, 13 personnes ont été interpellées, cinq policiers et trois manifestants blessés au cours d'affrontements et de dégradations a indiqué la préfecture à l'AFP.
Alors qu'Emmanuel Macron doit s'exprimer en début de semaine prochaine, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé samedi soir que le chef de l'Etat allait proposer des "mesures" pour "retisser l'unité nationale".
"Le président de la République s'exprimera. Il lui appartiendra de proposer les mesures qui viendront nourrir ce dialogue et qui permettront, je l'espère, à l'ensemble de la Nation française de se retrouver et d'être à la hauteur des enjeux qui sont déjà là et qui vont continuer à se poser dans les années qui viennent", a-t-il déclaré.