Comment tenter de redonner un élan à son quinquennat fragilisé ? Ce soir, Emmanuel Macron, en quête d'un second souffle, présente ses vœux aux Français. Un exercice difficile entre bilan de l'année 2018 et perspectives pour 2019.
Ce soir à 20 heures, Emmanuel Macron s'adressera aux Français pour la dernière fois d'une année éprouvante pour le président, contraint plus que jamais de retracer des perspectives claires pour la suite de son quinquennat.
Confronté à la crise sans précédent des «gilets jaunes», le chef de l'État devrait, comme dimanche dernier, appeler à «l'ordre et la concorde» pour tenter d'apaiser les colères et relancer les réformes. Son allocution sera retransmise sur toutes les grandes chaînes de télévision.
Sa dernière prise de parole à grande échelle date du 10 décembre, lorsque, pressé par les revendications des «gilets jaunes», il a promis 10 milliards d'euros d'aides en faveur du pouvoir d'achat. Pour la première fois, il a dû reculer sur des décisions antérieures, comme la hausse des taxes sur les carburants. Plus de 23 millions de personnes l'avaient regardé, un record pour une intervention politique.
Cette fois, plus question d'annonces. L'enjeu est de trouver des mots capables de marquer «autorité et rassemblement», selon un de ses proches. Emmanuel Macron planchera certainement sur son texte jusqu'au dernier moment. Il a prévu d'enregistrer son message lundi en fin d'après-midi.
Il s'adressera à des Français qui dans une immense majorité lui sont aujourd'hui hostiles – sa cote de popularité est à 27 %, selon le dernier sondage BVA – et certains ouvertement haineux, comme l'ont montré les simulacres de décapitation sur des ronds-points tenus par des gilets jaunes.
Il doit donc les convaincre qu'il est capable de montrer davantage d'écoute et de bienveillance, lui dont certaines phrases cassantes cette année continuent à choquer une partie de l'opinion, du «pognon de dingue» aux «Gaulois réfractaires».
Les vœux à la nation, cette tradition républicaine qu'il a maintenue, lui donnent enfin l'opportunité de parler de l'avenir, des réformes annoncées pour 2019, qui restent sa priorité, en particulier celle des retraites et de la fonction publique, mais aussi des nouvelles initiatives, à commencer par ce «grand débat national» prévu de janvier à mars avec lequel l'exécutif espère apaiser la colère des «gilets jaunes».
Le président pourrait rappeler ce lundi soir les limites de cet exercice, comme il l'avait déjà fait le 10 décembre : pas question de rejouer la présidentielle de 2017 ni de «détricoter» ce que le gouvernement et le Parlement ont mis en place depuis 18 mois.
Ces lignes rouges ne sont pas sans risque. Faute de résultats concrets, le «grand débat» pourrait entraîner de nouvelles frustrations et contestations. Quant à l'opportunité de lancer des «référendums d'initiative citoyenne», réclamés par une partie des «gilets jaunes» et par l'opposition, le président ne s'est pas encore prononcé.
Jusqu'à la fin du grand débat, qui abordera le sujet, Emmanuel Macron devra en tout cas retarder la réforme constitutionnelle à laquelle il reste très attaché.
Les débuts de 2019 recèlent d'autres embûches. Il faudra par exemple mettre en place la prime d'activité d'une centaine d'euros pour les petits salaires qui, contrairement à ce qu'annonçait le président, ne sera pas versée à tous les smicards. Ceux qui sont en couple avec quelqu'un gagnant bien sa vie n'y auront pas droit.
L'effet de l'entrée en vigueur du prélèvement à la source, visible pour la première fois sur les feuilles de paie de fin janvier, est une autre inconnue. En pleine jacquerie fiscale, quel en sera l'impact sur l'état d'esprit des ménages, voire sur la consommation ?
Le président de la République va devoir s'attaquer en 2019 à quelques dossiers chauds. Parmi eux, la modification de l'assurance-chômage dont les discussions doivent s'achever en février. Elle prévoit d'ouvrir les allocations aux salariés démissionnaires et aux indépendants, mais aussi de renforcer le contrôle des chômeurs. Autre réforme importante : la réforme des retraites dont les négociations doivent reprendre en janvier. D'ici 2025, un régime de retraite universel doit remplacer les régimes existants. Chaque euro de cotisation ouvrira les mêmes droits pour tous, public comme privé. Autres chantiers : la révision de la Constitution, l'extension de la procréation médicalement assistée (PMA), sans oublier les Européennes de mai 2019…
Périmètre autour des Champs-Élysées, points de filtrages, contrôles dans les transports en commun : les festivités du Nouvel An se dérouleront sous haute sécurité dans le cœur touristique de Paris où doivent converger badauds, touristes et «gilets jaunes», tout comme dans d'autres capitales régionales.
À Paris, un périmètre de protection sera instauré dès 16 heures aujourd'hui autour des Champs-Élysées et de la place de l'Étoile, dans un «contexte de menace terroriste» mais aussi de nouvelle mobilisation des «gilets jaunes» qui vont écouter l'allocution du président de la République.
Ces derniers ont promis d'organiser sur l'avenue des Champs-Élysées «un événement festif et non violent» pour fêter le passage à 2019 «qui sera riche de changements et de victoires», selon le descriptif de leur page Facebook. Plus de 8 300 personnes ont indiqué hier qu'ils participeraient à cet «acte VIII» et plus de 61 000 se sont dit intéressées.
À l'intérieur du périmètre, où sont strictement interdits alcools et engins pyrotechniques, pourront avoir lieu «des palpations de sécurité, des fouilles de bagages et de véhicules» selon la préfecture de police, qui demande au public de privilégier les transports en commun.
Sur l'ensemble de la région parisienne, des contrôles dans les transports en commun et dans les gares sont prévus, ainsi que sur les axes routiers structurants. Des effectifs de police et de gendarmerie vont également être mobilisés à Bordeaux, Nice ou Toulouse où un rassemblement est d'ores et déjà annoncé au cœur de la ville.
Au total, «147 935 personnels, forces de l'ordre, de sécurité civil et militaire de l'opération Sentinelle seront mobilisés sur l'ensemble du territoire», indique le ministère de l'Intérieur dans un communiqué diffusé hier soir, un chiffre légèrement supérieur à 2017 avec près de 140 000 effectifs déployés.