Le résultat de la consultation en ligne lancée le 15 décembre par le Conseil économique, social et environnemental a fait frémir les défenseurs de la loi Taubira. Sur l'ensemble des propositions faites en prélude au grand débat national, c'est en effet l'abrogation de la loi sur le mariage pour Tous qui a recueilli le plus de soutiens. Sauf que le résultat a en réalité été biaisé par des votes émanant d'opposants au mariage pour tous, comme le reconnait sans sourciller ce dimanche 6 janvier Frigide Barjot auprès d'Arrêt sur Images.
Depuis le début de leur mouvement, les gilets jaunes ont émis des revendications diverses. Mais bien qu'elles soient très variées, elles tournent majoritairement autour des questions de pouvoir d'achat et de démocratie. Pourtant, sur les sept premières propositions à avoir émergé à la fin de la consultation du CESE le vendredi 4 janvier, trois sont relatives aux questions de la famille, du mariage pour tous et de la PMA. Soit des sujets très éloignés du discours martelé par les gilets jaunes.
Comment alors de telles idées ont-elles pu se faire une place dans cette consultation censée servir de base au gouvernement pour satisfaire les gilets jaunes ? Tout simplement parce que la consultation, ouverte à tous, a été utilisée pour promouvoir toutes sortes de revendications, parfois sans aucun rapport avec les doléances des gilets jaunes. Et c'est exactement ce qu'a fait Frigide Barjot, ancienne figure de la Manif pour tous, qui assume avoir créé plusieurs propositions et usé de ses relations pour les faire monter.
"Le débat n'était pas ouvert qu'aux gilets jaunes. Pour réunir des votes dans ce genre de consultation, ce qui compte c'est d'avoir un gros fichier de contacts. Ceux qui ont fait leur petite proposition dans leur coin, ils ont eu trois votes, en comptant leur femme et leur chien", explique à Arrêt Sur Images Frigide Barjot (Virginie Tellenne de son vrai nom), qui a ainsi fait passer en troisième position son idée d'un Référendum d'Initiative Citoyenne sur le projet de loi Bioéthique.
Sur Twitter, des captures d'écrans encourageant à soutenir des propositions sur la PMA ont circulé. Selon Arrêt sur Image, elles ont été envoyées par l'association Avenir pour Tous... créée par Frigide Barjot.
Mais elle n'aurait pas été la seule à le faire, loin de là. Frigide Barjot se défend d'être à l'origine de la proposition pour abroger la loi Taubira, qui émane selon elle de la Manif pour Tous, par le biais du "Collectif On ne lâche rien". Mais elle explique à Arrêt Sur Image que les bases de contact de l'association présidée par Ludovine de la Rochère ont sans doute été utilisée pour encourager les anti-mariage pour tous à faire monter la proposition : "La Manif pour tous a un très grand réseau, c'est grâce à cela qu'ils ont réuni tant de votes", affirme-elle.
Les résultats de cette consultation ont provoqué surprise et énervement chez de nombreux internautes, qui n'ont pas manqué de le faire savoir au CESE. Face au tollé provoqué par les résultat, l'organisme a d'ailleurs indiqué dès le 5 janvier avoir "conscience que des collectifs en ont profité pour porter leurs revendications" et a affirmé qu'il en tiendra compte pour la suite. La secrétaire d'Etat à l'Égalité hommes/femmes Marlène Schiappa a d'ailleurs rapidement remis les pendules à l'heure, indiquant que l'abrogation de la loi Taubira ne se ferait "pas sous sa garde".