Ils sont entrés dans un immeuble de Grigny 3 envahi par les fumées pour réveiller les voisins et les faire sortir. Le feu avait pris dans un des appartements. Trois des fonctionnaires ont été brièvement hospitalisés.
De son appartement, il ne reste que quelques papiers calcinés. Ce qui devait être un canapé, une étagère. Il y a aussi des boîtiers de jeux vidéo noircis. Le tout a été jeté au pied du 8, rue Masséna, dans la copropriété de Grigny 3. C’est dans cet immeuble de cinq étages que le feu a pris, peu après 1 heure du matin ce 1er janvier 2019. L’incendie s’est déclaré dans l’appartement où vivent Matthew, sa femme, ses deux enfants et sa mère, au 3e étage. « Je n’étais pas là, j’étais chez des proches quand ça a commencé », explique-t-il en scrutant dans les affaires calcinées ce qui peut encore être sauvé. Il reprend : « Quand je suis passé, j’ai vu des flammes. J’ai essayé de rentrer dans le logement mais ce n’était pas possible ». Le feu est violent et le dégagement de fumée est important. L’épaisse fumée noire gagne d’ailleurs rapidement les parties communes.
Une patrouille de la brigade spécialisée de terrain (BST) du commissariat de Juvisy-sur-Orge arrive en premier sur les lieux. Les agents pensaient intervenir pour un feu de voiture mais ils découvrent que des flammes lèchent la façade de l’immeuble. Sans équipement, ils essaient de réveiller les voisins, tambourinent aux portes. Mais personne ne répond. « Ils ont eu l’idée d’utiliser leurs sifflets », relate Jean-François Papineau, directeur départemental de la sécurité publique (DDSP). Les premiers occupants sortent. A chaque fois, les policiers les accompagnent jusqu’au rez-de-chaussée et retournent dans la fumée devenue de plus en plus dense. Leurs collègues de la brigade anticriminalité départementale leur viennent en aide pour évacuer les étages. Au total, une quarantaine de personnes sont ainsi réunies à l’extérieur. Mais au troisième étage, un habitant, François, un de ses amis et les deux enfants en bas âge de ce dernier n’ont rien entendu.
« C’est mon ami qui a finalement été réveillé par des cris », raconte François qui a regagné son appartement au bout d’un couloir noirci dans lequel flotte encore une odeur âcre. « Mon ami s’est mis à la fenêtre pour crier à l’aide, continue François. Moi, j’ai arrosé la porte avec une casserole d’eau froide. Elle était bouillante. On a jeté des draps pour que les gens dehors puissent rattraper les enfants si on avait dû les passer par la fenêtre ». Mais les appels à l’aide sont entendus. François poursuit : « Les policiers nous ont vus de l’extérieur et sont venus directement. Ils n’avaient pas d’équipement. Quand on a ouvert, ils étaient accroupis. Ils ont pris les enfants et nous les avons suivis. Quand on est arrivés en bas, deux d’entre eux se sont écroulés. On leur doit la vie. S’ils n’étaient pas intervenus, on serait morts asphyxiés. On aimerait bien avoir de leurs nouvelles. »
Sur les huit agents qui sont intervenus dans cet immeuble enfumé, trois d’entre eux ont été incommodés par les fumées inhalées. Ils ont été conduits par les pompiers au Centre hospitalier Sud francilien (CHSF) pour être placés en observation et ont pu en ressortir en fin de nuit. « Le 9 novembre, M. Castaner, ministre de l’Intérieur et M. Nunez, secrétaire d’Etat avaient rendu hommage à l’action de ces policiers très investis dans la lutte contre la délinquance et les trafics à Grigny, se félicite Jean-François Papineau. Ce sauvetage reflète leur total dévouement au service de la protection de la population. »
L’appartement d’où est parti l’incendie a été placé sous scellés pour les besoins de l’enquête. Selon les premières constatations, le feu pourrait être d’origine électrique.