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L'adaptation américaine du film Intouchables provoque la polémique

Si le public semble attiré par The Upside, version américaine du film d’Olivier Nakache et Éric Toledano, la critique s’avère beaucoup plus mitigée. L’incarnation d’un personnage handicapé par un comédien valide suscite aussi la polémique.
 
The Upside, film signé Neil Burger, s’inscrit dans la longue liste des adaptations outre-Atlantique de longs-métrages européens à succès. On se souvient du raz de marée public qu’avait connu, en 2011, Intouchables réalisé par Olivier Nakache et Éric Toledano, inspiré de l’ouvrage autobiographique de Philippe Pozzo di Borgo, Le Second Souffle (édité chez Bayard). Intouchables avait enregistré 51 millions d’entrées dans le monde, dont 19,5 en France, soit le deuxième plus important succès français dans l’histoire de son box-office, derrière Bienvenue chez les Ch’tis.
 
Huit ans plus tard, à grand renfort de publicité, The Upside fait un bon début en termes de fréquentation – avec une prévision de 12,5 millions de dollars (près de 11 millions d’euros) de recettes pour le premier week-end – malgré une sortie en salles différée. En effet, le film avait déjà été projeté au festival de Toronto en 2017, peu avant que n’éclate l’affaire Weinstein. Si bien que sa présentation au public américain aura ensuite attendu seize mois, durant lesquels la maison de production d’Harvey Weinstein, The Weinstein Company, a été vendue et rebaptisée Lantern Entertainment…
 
Le scénario, directement démarqué de celui de son modèle français, n’hésite pas à en reproduire plusieurs scènes à l’identique. Le décor cependant diffère : l’intrigue se déroule désormais à New York, plus précisément dans le quartier chic et recherché de l’Upper East Side, riche de musées prestigieux en bordure de Central Park et de somptueuses avenues. Là, Phillip Lacasse (le Philippe d’« Intouchables ») requiert les services de Dell Scott (Driss dans l’original), issu, lui, de la zone nettement moins huppée du Bronx…
 
La critique n’est pas tendre pour la manière dont est brossé le portrait de ce personnage issu d’un milieu socialement peu favorisé, à coups de clichés sans subtilité et de bons sentiments trop appuyés. « Suggérer, même dans une comédie grand public, que les divisions raciales peuvent être effacées par Pavarotti et un joint relève de l’âge de pierre », écrit par exemple, Cath Clarke dans Time Out.
 
En revanche, à quelques nuances près, le duo entre l’humoriste Kevin Hart et le comédien Bryan Cranston (en lieu et place d’Omar Sy et François Cluzet dans le long-métrage français) est salué pour son élan et sa belle alchimie, « ingrédients » indispensables à la crédibilité du lien unissant deux hommes aux tempéraments si divergents.
 
À ces réactions critiques mitigées, s’ajoute une polémique, née avant même la sortie en salles du film. La production a-t-elle failli en choisissant de confier le rôle d’un homme tétraplégique à Bryan Cranston, un acteur valide ? « En tant qu’acteur handicapé, permettez-moi de souligner le fait que ces rôles sont les seuls pour lesquels les acteurs à mobilité réduite pourraient être pris en considération… et pourtant, ils ne le sont pas », a réagi l’acteur Ally Craig sur Twitter.
 
Interpellation à laquelle a répondu Bryan Cranston, lors d’un entretien accordé à l’agence britannique Press Association. « En tant qu’acteurs, on nous demande de jouer d’autres personnes. Si je suis hétérosexuel, d’âge mûr et aisé, cela signifie-t-il que je ne peux pas jouer quelqu’un qui ne soit pas aisé, que je ne peux pas jouer un homosexuel ? »
 
Ce début de polémique se nourrit à la fois – et c’est peut-être ce qui la rend si « épidermique » – du sentiment de représentation insuffisante dans la société et les médias des personnes handicapées et d’une interrogation sur fondement même du métier « illusionniste » de l’acteur. Ce que Diderot, dans son fameux Paradoxe sur le comédien, appelle « jouer d’intelligence », à savoir utiliser son corps comme un instrument flexible, qui sonne juste. « Tout son talent consiste non pas à sentir, comme vous le supposez, mais à rendre si scrupuleusement les signes extérieurs du sentiment, que vous vous y trompiez. » Ainsi, le bon comédien fera preuve d’« une égale aptitude à toutes sortes de caractères et de rôles ». Aussi éloignés de lui soient-ils.
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