Face à la polémique engendrée par le succès de la cagnotte de soutien à l’ex-boxeur Christophe Dettinger, la plateforme Leetchi y a mis fin via un communiqué, mardi 8 janvier.
Cible de multiples critiques pour avoir hébergé la cagnotte de soutien au gilet jaune Christophe Dettinger, gardé à vue pour avoir molesté deux gendarmes lors de l’acte 8 du mouvement, samedi dernier, la plateforme de collecte Leetchi a réagi via un communiqué sur son site, publié mardi 8 janvier. Alors que la récolte de fonds organisée par des proches de l’ancien boxeur professionnel dépassait 115.000 euros ce mardi aux premières heures de la matinée, Leetchi a décidé de mettre un terme à la collecte. “Au vu du montant atteint à ce jour, la cagnotte n’accepte désormais plus de contributions”, annonce le communiqué mis en ligne par la plateforme.
Par ailleurs, la plateforme de financement collaboratif “s’engage à ce que les fonds collectés servent uniquement à financer les frais de justice” nécessaires à la défense de l’ex-boxeur, en cas de poursuites pénales. “Le reste de l’argent collecté sera remboursé aux participants lorsque l’ensemble des démarches juridiques aura été financée”, promet Leetchi.
Pour s’assurer que le créateur de la cagnotte, un proche de l’ex-boxeur nommé Nicolas Alves, respecte cette règle, Leetchi prévient que “le transfert des fonds ne sera ainsi effectué que sur présentation de justificatifs (...). L’argent sera reversé directement sur le compte dédié de l’avocat et ce, sans aucun intermédiaire”, indique encore le communiqué. Au-delà de soigner son image mise à mal par la nature polémique de cette collecte, jugée" indigne" par le Secrétaire d'Etat au Numérique Mounir Mahjoubi, cette mise au point permet à Leetchi de rester dans le cadre légal. La loi de 1881 sur la liberté de la presse dispose en effet qu’il est “interdit d’ouvrir ou d’annoncer publiquement des souscriptions ayant pour objet d’indemniser des amendes, frais et dommages-intérêts prononcés par des condamnations judiciaires”. Les donateurs qui espéraient aider Christophe Dettinger à supporter le poids financier de la condamnation à laquelle l’exposent ses agissements présumés risquent d’être déçus…
La décision de la plateforme Leetchi a fait suite à une vague d'indignation sur les réseaux sociaux. Après l'intervention de Mounir Mahjoubi, la Secrétaire d'Etat à l'Egalité entre les Hommes et les Femmes Marlène Schiappa a dénoncé une cagnotte "indécente" et "contraire aux valeurs de la République" sur BFMTV. À la demande de la Confédération nationale du Crédit Mutuel, le Crédit Mutuel Arkéa, propriétaire de la plateforme Leetchi, a déclenché une enquête interne pour évaluer la légalité de la cagnotte de soutien à Christophe Dettinger. Autre objectif de cette investigation : déterminer si l'initiative des proches de l'ex-boxeur est "conforme aux valeurs mutualistes du groupe".
Si le succès de cette cagnotte a suscité un émoi considérable, notamment sur les réseaux sociaux, sa clôture, mardi en début d'après-midi, n'a pas fait que des heureux. À l'image de la directrice de la publication du Media TV - proche de la France Insoumise - Aude Lancelin. Sur Twitter, l'ancienne plume de l'Obs et de Marianne pointe les liens supposés entre la fondatrice de Leetchi, Céline Lazorthes, et l'entrepreneur Xavier Niel, lui-même proche du président Macron et ex-actionnaire de la plateforme. Une manière de suggérer que l'Etat n'est pas étranger à la reprise en main musclée du groupe Crédit Mutuel Arkéa.
Quelques heures plus tard, Jean-Luc Mélenchon a également pris part au débat sur le réseau social. Après s'être fait remarquer pour ne pas avoir soutenu, publiquement en tout cas, les deux gendarmes violentés lors de l'Acte 8 du mouvement des Gilets jaunes, le chef des Insoumis a dénoncé... la fermeture de la cagnotte de soutien à Christophe Dettinger. Il estime que cette collecte est seulement destinée à aider la famille de l'ex-boxeur, et non à payer l'amende encourue par le Gilet jaune en cas de condamnation, ce qui la rendrait de facto illégale. "Le but de ceux qui veulent interdire cette collecte est de détruire la famille aussi. Honte à eux", cingle le député des Bouches-du-Rhône.