Le compositeur de musique Michel Legrand, créateur des thèmes des films Les Parapluies de Cherbourg et Les Demoiselles de Rochefort, est décédé dans la nuit de vendredi à ce samedi à Paris à l’âge de 86 ans. « Il s’est éteint chez lui à 3h du matin, aux côtés de son épouse, la comédienne Macha Méril », a indiqué son attaché de presse.
Au cours d’une carrière de plus de 50 ans, qui lui a valu une renommée mondiale et trois Oscars pour ses musiques de films, ce musicien touche-à-tout a travaillé avec les plus grands : de Ray Charles à Orson Welles, en passant par Jean Cocteau, Frank Sinatra, Charles Trenet et Édith Piaf.
D’abord accompagnateur et arrangeur pour des chanteurs, Michel Legrand avait commencé à composer des musiques de films dans les années 60 avec l’émergence de la Nouvelle vague, travaillant pour Agnès Varda, Jean-Luc Godard, et surtout Jacques Demy. On lui doit notamment la musique de Peau d’âne. Michel Legrand s’était d’ailleurs remis à sa table de travail afin de créer des musiques supplémentaires pour une version scénique de Peau d’âne, à l’affiche depuis novembre au théâtre Marigny à Paris.
Le compositeur devait aussi donner deux concerts au Grand Rex, à Paris, en avril, en compagnie de ses « amis » l’accordéoniste Richard Galliano, la soprano Natalie Dessay, le compositeur Michel Portal et le guitariste Sylvain Luc. « Pour moi, il est immortel, de par sa musique et sa personnalité », a réagi le compositeur et chef d’orchestre français Vladimir Cosma. « C’était une personnalité tellement optimiste, avec une sorte de naïveté dans l’optimisme, il voyait tout en rose ! »
En 1964, son travail sur Les Parapluies de Cherbourg lui ouvrit les portes de Hollywood.
En pleine gloire, il avait décidé de s’installer aux États-Unis en 1966. « C’est un vrai risque de quitter la France, en débarquant à Hollywood sans véritable engagement », écrivait-il dans son autobiographie, qualifiant ce pas de « partie de roulette russe ».
C’est Henry Mancini, grand compositeur pour le cinéma, qui lui avait ouvert les portes d’Hollywood et donné l’opportunité d’écrire la musique de L’affaire Thomas Crown.
Un pari gagnant : Michel Legrand avait obtenu trois Oscars, pour la chanson Les moulins de mon coeur, tirée de la musique de L’affaire Thomas Crown en 1969, puis pour Un été 42 (1972) et Yentl (1984).
Il y passa une quinzaine d'années, de L'Affaire Thomas Crown et son thème, Les Moulins de mon cœur, une de ses plus grandes réussites, à Jamais plus jamais, qui marquait le retour de Sean Connery dans le rôle de l'agent secret 007.
«Je trouvais marrant d'avoir un James Bond dans mon escarcelle», nous confiait-il en 2009. Legrand a accompagné plusieurs révolutions musicales. Celle du jazz d'abord, collaborant avec des maîtres de la trempe de Bill Evans, Miles Davis, Sarah Vaughan ou Ella Fitzgerald. Celle du rock'n'roll ensuite. Accompagnant Maurice Chevalier à New York en 1956, il rapporte des disques d'Elvis Presley à ses amis Henri Salvador et Boris Vian, qui s'attelèrent avec lui à une adaptation parodique du genre sous le titre Rock And Roll Mops.