Il estime que le président de l’Assemblée nationale porte ainsi atteinte à sa liberté d’être informé et de pouvoir informer le plus grand nombre.
Une personnalité politique peut-elle bloquer son compte Twitter à des citoyens ? On connaît la réponse aux Etats-Unis après la plainte déposée par sept citoyens américains contre Donald Trump. En mai dernier, la Cour fédérale a considéré que le président des USA n’avait pas le droit de les empêcher de le suivre, au nom de la liberté d’expression protégée par le 1er amendement de la constitution américaine.
La France, plus restrictive dans l’exercice de ce droit, va devoir à son tour trancher la question alors que de plus en plus d’élus bloquent leurs opposants sur les réseaux sociaux. Ce vendredi 4 janvier, Guillaume Tatu, 32 ans, journaliste indépendant et proche de La France Insoumise, a déposé plainte pour « discrimination » auprès du procureur de la République de Paris contre Richard Ferrand, 56 ans, président de l’Assemblée nationale et 4e personnage de l’Etat.
Depuis le mois de septembre 2018, le président de l’Assemblée nationale restreint l’accès à son profil Twitter à ce journaliste. Un blocage que le producteur de l’émission « l’Oreille de Tatu » sur YouTube explique par le fait d’avoir relayé sur les réseaux sociaux, dont « Twitter », des articles de presse évoquant l’affaire des « Mutuelles de Bretagne » (NDLR : Richard Ferrand est visé par une information judiciaire relative à des soupçons de prise illégale d’intérêts via sa compagne lorsqu’il dirigeait les Mutuelles de Bretagne). Or Guillaume Tatu, qui possède une carte de presse, considère ce blocage « comme une restriction à sa liberté d’être informé et de pouvoir informer le plus grand nombre », au motif que le compte Twitter du président de l’Assemblée nationale représente « un profil d’intérêt général ».
« La seule et unique raison est que Richard Ferrand n’apprécie pas les informations négatives à son encontre ainsi que les critiques » relève Me Arash Derambarsh, l’avocat du journaliste. « Mon client n’est pas le seul dans ce cas. D’autres journalistes ou certaines organisations syndicales comme la CGT ont également été bloqués par le président de l’Assemblée nationale. »
Dans sa plainte, l’avocat relève que Richard Ferrand, qui compte plus de 56000 abonnés sur Twitter, « utilise et diffuse sur ce réseau social comme un média à part entière. D’où le délit présumé de discrimination commis par le président de l’Assemblée nationale d’interdire à une personne, plutôt qu’à une autre, de surcroît journaliste, d’avoir accès aux informations qu’il diffuse. C’est une discrimination fondée sur des opinions politiques. Cela pose un problème d’inégalité à l’accès à l’information », constate Arash Derambarsh. Contacté, Richard Ferrand n’a pas donné suite.