Nicolas L. est le voisin de la personne suspectée d’avoir mis le feu dans cet immeuble de la rue Erlanger, à Paris (XVIe), qui a fait au moins 10 morts dans la nuit de lundi à mardi. Il nous raconte comment a débuté le drame.
Nicolas L.*, 22 ans, habite au deuxième étage de l’immeuble incendié de la rue Erlanger, dans le XVIe arrondissement de Paris. C’est lui qui a alerté la police avant que ne se produise le drame, puis les secours. Il a lui-même tenté d’évacuer des habitants de l’immeuble.
Pourquoi avez-vous appelé le 17 cette nuit ?
NICOLAS L : Nous étions dérangés par ma voisine qui avait mis la musique très fort chez elle. Cela fait seulement trois mois que je suis dans cet immeuble, et ce n’était pas la première fois qu’elle faisait ça. J’ignorais qu’elle avait des problèmes psychiatriques. Je ne l’avais jamais vue auparavant, mais nous l’entendions crier régulièrement ou tenir des propos incohérents. Je sais qu’une patrouille de police est déjà intervenue il y a environ quinze jours à cause de son comportement. Hier soir (NDLR : lundi soir), ma compagne est allée frapper à sa porte, et elle s’est fait insulter. J’ai appelé le 17 vers 23h50.
Les policiers m’ont dit de partir. Je suis sorti avec ma compagne, je voulais passer la nuit ailleurs. J’ai cru que les policiers l’avaient embarquée, donc nous sommes revenus. Je suis alors tombé nez à nez avec ma voisine dans les escaliers. Après le départ des policiers, elle a essayé de défoncer ma fenêtre et ma porte pour se venger. Un voisin m’a expliqué qu’il y avait du papier devant ma porte avec du bois. Elle a dû mettre le feu chez moi pour se venger. Quand je l’ai croisée, elle m’a souhaité bon courage en me disant que j’aimais bien les flammes. Là, j’ai senti l’odeur de brûlé. Et je me suis aperçu qu’elle avait mis le feu à tout l’étage. Elle s’est ensuite sauvée en courant.
Qu’est-ce que vous avez fait ?
Je suis monté à l’étage et j’ai commencé à essayer d’évacuer les personnes. J’ai appelé les secours. Une fois dehors, j’ai vu la voisine en train de mettre le feu à deux poubelles. Elle attendait de voir ce qu’il se passait. Je n’ai jamais connu un drame pareil.
Tous les jours de par mon métier, je conduis des personnes dans cet état à l’hôpital. Je sais quand quelqu’un ne va pas bien. Je ne comprends pas pourquoi on arrive à un bilan aussi lourd. Ça me désole. J’aurais pu mourir, ma compagne aussi. J’ai tout perdu. (NDLR : 10 morts, selon le dernier bilan officiel).