Après avoir été insultée lors de la manifestation parisienne de dimanche, la Gilet jaune Ingrid Levavasseur va porter plainte. Elle appelle à répondre aux "puissants […] sur le terrain du pouvoir" plus que dans la rue.
Dimanche, Ingrid Levavasseur a dû quitter la manifestation parisienne fêtant les trois mois du mouvement, après avoir été violemment prise à partie par des Gilets jaunes. Dans un post Facebook publié lundi, celle qui a décidé la semaine dernière d'abandonner la liste du "Ralliement d'initiative citoyenne" (RIC) pour les élections européennes écrit que, malgré les difficultés, elle "ne cèdera pas à la tentation de haïr". "Ce que j'aimais, dans ce rayon de soleil jaune fluo qui a percé notre hiver, c'était justement l'invitation à ne pas haïr. […] Mon troisième mois de soleil jaune, ce dimanche, m'aura fait goûter un plat connu. Celui de l'intolérance", poursuit la Gilet jaune de 31 ans.
Dans ce message, Ingrid Levavasseur dit avoir "grandi contre la haine", révélant avoir été battu dans son enfance par son père et son beau-père. "Toute petite, j'apprenais à ravaler mes larmes, à cacher mes bleus et à me retenir de haïr. Et c'est de ce dernier exploit dont je suis la plus fière", ajoute l'aide-soignante, actuellement au chômage.
Ingrid Levavasseur indique également qu'elle va porter plainte et ce, pour trois raisons :
- "Pour continuer de ne pas avoir à haïr" ;
- "Pour aider celles qui n'ont pas la force de se battre" ;
- "Pour montrer à tous que l'impunité des injures et des violences faites aux femmes, c'est terminé".
Depuis son entrée en politique fin janvier en tant que tête de liste aux européennes d'un mouvement intitulé le Rassemblement d'initiative citoyenne (RIC), elle avait été critiquée par une partie des Gilets jaunes, parmi lesquels les porte-voix Eric Drouet, Maxime Nicolle et Priscilla Ludoski notamment. "Les puissants doivent nous craindre ailleurs que dans la rue : sur le terrain du pouvoir ! Le seul qui puisse véritablement les faire trembler", écrit Ingrid Levavasseur, qui se présente comme celle "qui veut donner à notre mouvement le poids politique qu'il mérite".
Déjà dans une "lettre publique" publiée samedi, elle disait devoir "apprendre à jouer à un jeu qui ne m'est pas familier" face aux dizaines de messages d'insultes reçus. "Pour l'instant, je m'accroche [...] Mais j'ai conscience qu'à ce rythme-là, je ne tiendrai pas longtemps", admettait-elle, tout en réaffirmant - en réponse à une militante qui s'était dit "déçue" par elle - vouloir "être à la hauteur de cet espoir et transformer notre élan en quelque chose qui puisse concrètement changer la donne !".