TMC diffuse ce samedi le 500e épisode des "Mystères de l'amour". Pour l'occasion, Ozap a interrogé le producteur.
Le 12 février 2011, TMC mettait à l'antenne "Les Mystères de l'amour", troisième série dérivée de l'univers d'"Hélène et les garçons", dont la chaîne diffuse le 500e épisode ce soir à 19h50. En 20 saisons, la série a accueilli pas moins de 1.000 comédiens et compte 20 personnages récurrents avec notamment Hélène Rollès et Elsa Esnoult, comédienne et chanteuse qui a intégré la série à ses débuts sur la TNT et rencontre depuis un succès considérable qui lui permet de remplir les salles de concert. Derrière ce prolifique univers se cache depuis près de trois décennies un homme, le patron de JLA Productions Jean-Luc Azoulay, qui apparaît toujours au générique sous son nom d'emprunt, Jean-François Porry, et a accepté de répondre aux questions d'Ozap.
"Les Mystères de l'amour" fête son 500 épisode. Quelque chose de spécial est-il prévu pour fêter cet épisode symbolique ?
Il y a quelques surprises, mais je ne peux pas vous dire grand chose. C'est un très bon épisode dans lequel toute l'équipe se réunit.
N'auriez-vous pas souhaité un prime pour marquer le coup sur TMC ?
Ce que je dis toujours c'est que, à partir du moment où c'est diffusé entre 20h et 21h, pour moi c'est du prime. Le problème qu'on a, c'est que comme on est sur un rythme de deux épisodes par semaine en tournage et en diffusion, il est difficile de trouver le temps pour faire un prime.
Huit ans après ses débuts sur TMC, comment se porte la série ?
En première diffusion, les épisodes des "Mystères de l'amour" réunissent en moyenne entre 600.000 et 800.000 téléspectateurs. Mais comme c'est rediffusé plusieurs fois dans la semaine, si on prend en compte toutes ces diffusions et le replay, on atteint au total pratiquement deux millions de téléspectateurs par épisode. C'est de très loin la série la plus suivie de la TNT. Le budget global est d'environ 80.000 euros par épisode : c'est plutôt une série low cost parce que la TNT ne peut pas mettre plus d'argent. On est loin des budgets du prime time.
Combien y a-t-il de décalage entre le tournage et la diffusion ?
Quand tout va bien, c'est entre trois semaines et un mois et quand on est à la bourre, c'est raccourci. Le 500e épisode a par exemple été tourné dans la semaine du 10 au 17 janvier.
Est-ce-qu'un téléspectateur qui n'a jamais vu de sa vie un épisode de "Hélène et les garçons" ou de ses dérivés peut prendre l'intrigue des "Mystères de l'amour" en cours de route, ou est-ce trop compliqué ?
Bien sûr qu'ils peuvent prendre l'intrigue en cours de route. Parmi nos téléspectateurs, il y a des gens qui ont 20 ans et qui n'ont jamais vu "Hélène et les garçons". Si vous allez à un spectacle d'Elsa (Esnoult, comédienne et chanteuse, ndlr), vous verrez que dans la salle il n'y a pratiquement que des jeunes. Une série, ça se renouvelle sans arrêt. Il y a les fans de base et puis il y a les autres. Il y aussi toute une génération nouvelle de comédiens qui est arrivée.
Est-ce-que vous n'êtes pas perdu parfois vous-même dans l'historique de personnages, comme celui de Hélène, qui ont 27 ans d'existence ?
Je suis obligé de réviser de temps en temps, c'est-à-dire de chercher dans les archives pour savoir si des personnages se connaissent, s'ils ont eu une histoire ensemble... Mais heureusement, on a toutes nos archives donc on vérifie rapidement.
Combien êtes-vous dans l'équipe pour écrire les scénarios ?
Je suis seul pour écrire les scénarios parce que c'est tellement complexe que personne n'a tous les éléments.
Qui est la star de la série désormais : Hélène Rollès ou Elsa Esnoult ?
C'est une série chorale, on ne peut pas dire qu'il y a une star plus qu'une autre. Chacun a son rôle.
Depuis le début des années 90, vos productions n'ont jamais été épargnées par la critique. Dimanche dernier, dans le "Journal du dimanche", dans un article intitulé "Hélène et les vieux garçons", le journaliste a évoqué sa perplexité face au succès de la série parlant de "calvaire" ou de "vieux dinosaures dépassés". Qu'est-ce-que cela vous inspire ?
Quand le "JDD" aura autant de lecteurs que nous de téléspectateurs, on pourra parler d'eux. Je ne savais même pas que ce journal existait encore.
Surveillez-vous malgré tout les réseaux sociaux pour avoir un retour des téléspectateurs et adapter vos scénarios en conséquence ?
Bien sûr qu'il faut regarder les réseaux sociaux. Mais moi, ce que je surveille surtout, ce sont les audiences. Sur les réseaux sociaux, tout ce qui est écrit, tout ce qui se lit, vient de gens un peu particuliers qui éprouvent le besoin d'écrire. En revanche, ceux qui regardent, ce sont les vrais clients. Quand on a 500 ou 600 commentaires sur un épisode, c'est déjà énorme, alors que chaque épisode est regardé par 2 millions de personnes. Donc leur opinion n'est pas forcément représentative de ceux qui regardent.
Y a-t-il des sujets que vous vous interdisez d'aborder dans "Les Mystères de l'amour" ?
Théoriquement non. Mais il y a des sujets qui ne m'intéressent pas, comme la politique.
Jusqu'à quand la série est-elle assurée de rester à l'antenne ?
En diffusion, la série est assurée jusqu'à la fin de l'année. On signe tous les ans pour un an et sur une année, on a le temps de tourner trois ou quatre saisons, soit 80 épisodes. Nous avons décidé de faire des saisons de 26 épisodes car c'est la moyenne habituelle. C'est également plus pratique pour les ventes à l'international. Nous sommes diffusés dans une vingtaine de pays, en grande partie en Russie et dans les pays de l'est.
Vous avez donc atteint le cap des 500 épisodes, ce qui fait des "Mystères de l'amour", la série dérivée de "Hélène et les garçons" la plus longue. Réfléchissez-vous à une nouvelle déclinaison ?
Non. Pour l'instant tout va bien, ça roule.
Quel pourrait être le déclic pour lancer une nouvelle série dérivée ?
Très honnêtement, je ne sais pas.
Vous n'avez pas de fin en tête ?
Ne ressentez-vous pas de lassitude au bout de toutes ces années passées aux côtés des mêmes personnages ?
En réalité, je n'écris pas, je raconte des histoires qui leur arrivent. Ce n'est pas une écriture normale : comme c'est la vie d'un groupe d'amis, ils sont assez nombreux pour avoir chacun des histoires donc ce n'est pas lassant. Au contraire, c'est amusant de suivre des héros comme ça.
Les comédiens ont-ils leur mot à dire sur vos scénarios ?
Non, mais il faut que j'écrive des choses qui leur ressemblent. C'est une série, donc il faut que les comédiens deviennent des personnages. Il faut qu'il y ait une osmose entre les deux. Moi je ne crois pas aux acteurs qui sont capables de jouer n'importe quoi. Un vrai acteur, c'est quelqu'un qui a une personnalité suffisante pour s'en servir dans différentes choses. Jean Gabin pouvait jouer un cheminot ou un homme politique, c'était toujours Jean Gabin. Donc moi, je prends des personnalités et à travers les personnalités, j'en fais des personnages qui tiennent compte de ce qu'ils sont vraiment, sans que ce soit eux.
Avez-vous pour projet de faire revenir des personnages absents depuis longtemps ?
Pourquoi pas. Je n'ai pas de nom à vous donner, parce que dès que j'ai un nom, je le mets à l'antenne.
Quel est votre regard sur les trois feuilletons quotidiens diffusés sur TF1, France 2 et France 3 ?
C'est très bien. Typiquement, nous faisons nous aussi un feuilleton quotidien puisque nous tournons deux épisodes de 52 minutes par semaine. C'est à peu près la même quantité d'images, mais c'est quand même différent. "Les Mystères de l'amour" est plus romanesque que les feuilletons quotidiens.
N'avez-vous jamais été tenté par cette aventure du feuilleton quotidien ?
Si, mais pour l'instant, aucune chaîne ne m'en a commandé. Ce que j'aime, c'est avoir des personnages, créer des univers et ensuite les faire tourner, c'est ça un feuilleton en réalité.
Quels sont vos autres projets pour la télé ?
Une nouvelle série, "Olivia", avec Laetitia Milot pour TF1 (spin-off de "La vengeance aux yeux clairs", ndlr), une autre série pour France 2, "Astrid et Raphaëlle"... On a une série qu'on prépare pour Netflix, une autre pour Amazon... On travaille beaucoup.