Hélène, Laly, Cricri d'amour, José, Nicolas… Des prénoms qui semblent tout droit sortis d'un autre âge. Véritables reliques télévisuelles des années 1990, les héros et héroïnes d'Hélène et les garçons sont toujours là, et pas seulement avec les rediffusions nocturnes pour insomniaques. La preuve samedi avec la diffusion du 500e épisode inédit des Mystères de l'amour. Cinq cents épisodes, c'est bien là que réside le véritable mystère! Près de 680.000 téléspectateurs suivent encore chaque semaine leurs nouvelles aventures sur TMC.
Après les 280 épisodes d'Hélène et les garçons diffusés sur TF1 entre 1992 et 1994, les personnages ont vu leurs intrigues (et notre calvaire!) perdurer dans Le Miracle de l'amour (159 épisodes entre 1995 et 1996), puis Les Vacances de l'amour (160 épisodes entre 1996 et 2007), et enfin Les Mystères de l'amour depuis 2011.
"Je pensais que Les Mystères de l'amour feraient naufrage vu la qualité lamentable du programme", s'étonne aujourd'hui Alexis Houël, l'un des responsables de sitcomologie.net, site qui analyse avec impertinence, mais aussi acuité, les séries AB Productions. Si les rires en boîte ont disparu et qu'il y a désormais des scènes en extérieur, les scénarios font désespérément du surplace : les étudiants qui buvaient du jus d'orange à la cafèt' sont désormais des quinquas dont la vie quotidienne se résume aux mêmes marivaudages incessants, parfois pimentés d'intrigues pseudo- policières. "Ces personnages n'apprennent jamais de leurs erreurs, lâche Houël. À l'heure de Netflix et de HBO, on nage en plein délire !" Il faut dire que la tête pensante derrière la série reste la même depuis près de trois décennies : le producteur Jean-Luc Azoulay, dissimulé derrière le pseudonyme du scénariste Jean-François Porry.
Reste une nostalgie pour ces personnages, quitte à ce qu'elle vire à la curiosité malsaine. "On a tous envie de supprimer notre compte Facebook, mais on n'y arrive pas parce qu'on veut voir ce que deviennent les vieux potes du collège, explique le 'sitcomologue'. On regarde leurs photos et on se moque d'eux. Là, c'est un peu la même chose." Les tempes grisonnantes et les traits marqués, les ex-ados font aujourd'hui office de vieux dinosaures dépassés : ils boivent du thé, font le marché et déclament littéralement des dictons de grand-mère ("Ça ne sert à rien de pleurer sur le lait caillé", peut-on entendre dans l'opus 500).
Les rares jeunes protagonistes des Mystères semblent, eux, tout droit sortis des nineties, avec blouson en jean et mèche rebelle. La nouvelle génération étant abreuvée de ses propres shows futiles et colorés via la télé-réalité (eux-mêmes extrêmement scénarisés), aucune chance qu'elle suive la série, hormis peut-être "les enfants des fans qui regardent le dimanche avec leurs parents quand ils n'ont rien à faire et qu'il ne fait pas beau", selon Houël.
Elle serait peut-être étonnée de découvrir ce qui avait rendu accros leurs aînés à leur âge : un univers où le sexe est omniprésent. Dans le 500e épisode, on constate avec effarement que José vit en "trouple" avec deux femmes toutes les deux enceintes de lui, tout en ayant une troisième maîtresse, tandis qu'Hugo s'avère être un fétichiste des pieds ! "Les personnages sont plus trash qu'avant, reconnaît Alexis Houël. Jean-Luc Azoulay est en roue libre et n'hésite pas à mettre en scène l'échangisme, l'adultère, le sadomasochisme…" Sous ses dehors inoffensifs, cette série regardée par des millions d'adolescents à l'heure du goûter dans les années 1990 était déjà truffée de références scabreuses plus ou moins déguisées. "Il y avait déjà des femmes dominatrices. C'était assez étonnant." Idem dans les autres séries de la galaxie AB de l'époque, Salut les Musclés, Les Filles d'à côté ou encore Le Miel et les Abeilles.
Aujourd'hui, Jean-Luc Azoulay n'hésite ainsi plus à franchir le pas pour créer le buzz : en 2013, il réunit au lit le père d'Hélène avec Annette, la jeune blonde à lunettes qui était déjà fascinée par les messieurs plus vieux alors qu'elle n'était qu'une lycéenne dans les séries précédentes. Rebelote un an plus tard avec José et Nicolas ensemble sous la couette… dans une scène qui s'avérera finalement n'être qu'un rêve. Il se passe décidément de drôles de choses le week-end sur TMC !