Semaine après semaine, leur nombre baisse. Ils étaient 5 769 Gilets jaunes au total à manifester en France, selon le ministère l'Intérieur, soit presque moitié moins que la semaine dernière (11 800 manifestants dénombrés). C'est aussi la plus faible mobilisation observée depuis le début du mouvement. La page Facebook du Nombre jaune a de son côté décompté 10 224 manifestants. À Paris, 1 300 personnes ont manifesté dans l'après-midi, selon le ministère de l'Intérieur (contre 1 100 la semaine précédente). La manifestation a pris un tour festif avec un sous-marin jaune en guise de char et des artistes donnant de la voix, a constaté l'Agence France-Presse.
Dans la capitale, la manifestation avait pour thème la dénonciation des violences policières. Juché sur le char sous-marin, Alain, 54 ans, ex-militaire, a arraché ses médailles qui n'ont pour lui « plus aucune valeur ». Blessé à la gorge le 1er décembre par un tir de LBD, « à 2 millimètres de la carotide », comme en témoigne la cicatrice qu'il montre, il a fait « neuf heures de voiture » depuis le Haut-Jura pour venir manifester samedi et ne veut « rien lâcher ». Ses médailles viennent de son passé militaire, il a été « en opération au Tchad en 1984 ». Il est maintenant aide médico-psychologique. La manifestation s'est déroulée dans le calme, les manifestants se ravitaillant en eau dans les supérettes, et pour quelques-uns se rafraîchissant avec des pistolets à eau.
À Lille, environ 500 Gilets jaunes ont manifesté, a constaté une journaliste de l'Agence France-Presse. « On sera d'attaque pour la rentrée », prédit Christine, retraitée, et « obligée de travailler pour compléter » sa pension. Selon l'un des organisateurs, cinq manifestants ont été interpellés et placés en garde à vue, dont l'un des leaders lillois du mouvement Alexandre Chantry, déjà interpellé par le passé. Il y a eu des dégradations matérielles, feu de poubelles et vitrines brisées. Au moins une manifestante a été blessée.
À Bordeaux, moins de 200 personnes ont manifesté, selon la police, sous un soleil de plomb dans le centre historique de la ville. Un Gilet jaune découragé déplorait l'essoufflement du mouvement : « C'est lamentable, tout ça pour ça, c'est toujours les mêmes têtes, on n'arrive plus à mobiliser parce que la télé ne parle plus de nous, mais il y a aussi les amendes qu'on prend tous les samedis, faut les débourser, les 135 euros... Chez nous, il y en a même qui disent : Ça existe encore les Gilets jaunes ? »
À Toulouse, ils étaient entre 100 et 200 à manifester et, vu les presque 40 degrés de l'air ambiant, beaucoup n'avaient pas revêtu leur gilet. Ils étaient une centaine à Montpellier. Par ailleurs, quelque 600 Gilets jaunes de toute la France se retrouvent pendant tout le week-end à Montceau-les-Mines pour leur troisième « Assemblée des assemblées » qui devait se pencher sur les suites à donner au mouvement.