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Les confessions de France Rumilly, la bonne sœur du Gendarme de Saint-Tropez

Les confessions de France Rumilly, la bonne sœur du Gendarme de Saint-Tropez
Jusqu’au 31 juillet, date de l’inauguration du musée De-Funès, Var-Matin publie une série d’entretiens avec ceux qui ont côtoyé la star. Ce mercredi : la sœur des Gendarme.
 
Pour les fans des Gendarme, sa voix claire, haut perchée, et son rire sonore sont des madeleines de Proust.
 
Aujourd’hui retraitée, France Rumilly évoque la série qui a fait d’elle, pendant dix-huit ans, la bonne sœur la plus célèbre du cinéma comique français.
 
Vous avez reçu une éducation religieuse ?
 
Absolument ! J’ai été éduquée chez les bonnes sœurs – et virée trois fois de l’école [Elle rit]. Je refusais d’aller à la messe.
 
Vous étiez indisciplinée ?
 
Les études ne m’ont jamais intéressée. Alors, forcément, j’étais très dissipée… Mais je ne garde que des bons souvenirs de cette époque. J’ai eu la chance de tomber sur des religieuses intelligentes, qui ne nous bassinaient pas avec Jésus du matin au soir. L’une d’elle portait des talons bobines sous sa robe. [Elle rit] Je crois qu’elle a fini par épouser le chirurgien de la congrégation…
 
Du pensionnat au cinéma, il n’y a qu’un pas ?
 
Je suis devenue comédienne par hasard, après une année de droit catastrophique. À l’époque, le seul avenir promis aux jeunes filles de mon âge, c’était se marier et avoir des enfants ! Je n’étais pas prête pour ça… Sur le conseil d’un ami, je me suis inscrite à la Schola Cantorum, puis à l’École de la rue Blanche qui était un peu l’antichambre du Conservatoire.
 
C’est au Conservatoire que vous avez été repérée par Jack Pinoteau ?
 
Oui. Le réalisateur du Triporteur cherchait une jeune femme pour jouer la fille de Louis de Funès dans un sketch de son film Les Veinards. [Elle sourit] Ce qui est drôle, c’est que nous avions déjà une scène dans une 2 CV.
 
En 1962, Louis n’avait pas encore ses galons de vedette. Quel genre d’homme était-il ?
 
Normal. [Elle rit] C’était un homme charmant, discret, agréable dans le travail. Je précise qu’il était toujours ainsi vingt ans plus tard, quand nous avons tourné le dernier Gendarme. Je crois qu’il n’a jamais changé ; c’est le regard des autres qui a évolué.
 
En 1964, vous vous retrouvez pour Le Gendarme de St-Tropez…
 
C’est Louis qui a demandé à Jean Girault de m’engager. Il pensait que ce personnage un peu lunaire et déjanté m’irait comme un gant. Il avait raison: sœur Clotilde, c’est un peu moi ! C’était un rôle très court. J’avais trois jours de tournage. Lorsque je suis arrivée sur le plateau, on ne m’a même pas laissé le temps de saluer le réalisateur. On m’a habillée, fait asseoir dans la 2 CV, quelqu’un a crié “ça tourne !” Et c’était parti…
 
Vous pensiez que cette scène aurait un tel impact ?
 
Bien sûr que non ! Pas plus que je n’imaginais que le film aurait un tel succès. Le premier Gendarme était une toute petite production, vous savez : il fallait tourner vite pour ne pas dépenser trop d’argent.
 
Les choses ont changé avec Le Gendarme à New York…
 
Ah oui, là, c’était tout à fait différent ! On tournait aux États-Unis, tout le monde était chouchouté… Enfin, certains plus que d’autres. Les acteurs principaux ont fait le voyage sur le paquebot France. Moi, on m’a juste payé un billet d’avion aller-retour. Je ne conserve que deux souvenirs de ce film : la chaleur accablante des rues de New York… et la glace vanille-chocolat qu’un inconnu m’a offerte, voyant que j’étais prête à défaillir sous mon habit !
 
Le retour de sœur Clotilde était une évidence ?
 
Jean Girault, pour ce deuxième opus, a essayé de reproduire tout ce qui avait fonctionné dans le premier film. C’est avec le troisième épisode que mon personnage est réellement devenu récurrent. Les spectateurs attendaient "la" scène avec la religieuse – comme ils guettaient "la" scène avec Q dans James Bond. C’est devenu une figure imposée.
 
Sur Le Gendarme se marie, vous avez eu un accident ?
 
Oh, une affaire idiote ! Pour varier les plaisirs, les scénaristes avaient eu l’idée de me faire conduire un side-car. Il y avait une cascadeuse chargée de me doubler. Mais – allez savoir pourquoi – j’ai eu envie de faire moi-même le démarrage. J’ai demandé au producteur qui m’a répondu : "Pas question !" J’ai posé la question à Jean Girault qui a dit : "Demande à Louis'. De Funès a accepté. Et comme c’est lui qui commandait…
 
Et vous êtes partie dans le décor !
 
[Elle éclate de rire] Je n’avais jamais conduit une moto de ma vie ! J’ai demandé qu’on me montre où étaient les freins, l’accélérateur, et… j’ai mis les gaz à fond ! Le side-car a fait un demi-tour sur lui-même, puis j’ai dû parcourir cent mètres avant de me retrouver sur le flanc. Bon, tout ça s’est conclu par quelques contusions sans gravité…
 
À quel moment avez-vous compris que ce personnage allait vous coller à la peau ?
 
À partir du troisième Gendarme. Dès lors, on ne m’a plus proposé que des rôles en cornette. On m’a même offert une somme rondelette pour faire de la pub, déguisée en bonne sœur, pour une marque d’aspirine ! Naturellement, j’ai refusé…
 
Quid des deux derniers opus ?
 
J’avais un rôle un peu plus important dans Le Gendarme et les extraterrestres, ce qui m’a permis de passer davantage de temps avec l’équipe. Notamment avec Michel Galabru, la crème des hommes. Il plaisantait tout le temps… Pour Le Gendarme et les gendarmettes, j’ai été promue Mère supérieure. Il était temps ! Mais je me souviens surtout d’une ambiance plombée. [Elle hésite] Louis n’allait pas bien à ce moment-là. Et Jean Girault, malade, est décédé pendant le tournage !
 
Sœur Clotilde n’a occupé que trois semaines de votre vie. Pourtant, le public ne vous connaît qu’à travers elle…
 
Je n’ai aucun regret. J’ai épousé un pilote de ligne qui ne jurait que par les voyages ; on a fait le tour du monde. J’ai eu une belle vie, une famille que j’adore. Et aujourd’hui, les gens m’abordent encore dans la rue pour me parler de ce personnage ! Je suis fière d’avoir cette petite place dans l’histoire du cinéma populaire.
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