Une marche a lieu à Paris aujourd'hui, samedi 6 juillet, à 17h, pour dénoncer les féminicides à l'appel d'un collectif de familles et de proches de victimes. 73 femmes ont été tuées par leur conjoint, en France, depuis le début de l'année : c'est une tous les deux jours et demi. "Si rien n'est fait on va arriver à 140 femmes tuées cette année, (...) c'est honteux" a déclaré sur franceinfo Muriel Robin, comédienne engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes.
franceinfo : L'indifférence de la société face aux féminicides est-elle encore trop grande ?
Muiriel Robin : Il y a indifférence, abandon, indécence, non-assistance à personne en danger. C'est très grave. Je reformule les demandes que je faisais il y a plusieurs mois. Rien n'a bougé, ou presque. Je soulignerais tout de même que nous avons été reçus par Nicole Belloubet et que la ministre de la Justice a fait passer une circulaire pour mettre en place ce que nous demandions. À part cela, rien n'a été fait.
Parmi les 151 propositions du collectif de familles et de proches de victimes, il y a le projet de dédier, dans chaque commissariat une personne qui pourrait être dédiée à cette problématique des violences faites aux femmes. Qu'en pensez-vous ?
On peut penser à cela. On peut également penser à la possibilité de porter plainte à l'hôpital. L'accueil sera différent. Il y aura sans doute plus de femmes. Mais il faut comprendre que si les chiffres restent ce qu'ils sont, on va arriver à 140 femmes tuées dans l'année. Alors je pose la question à Emmanuel Macron : combien coûte la vie d'une femme ? Rien n'est fait. C'est honteux.
Dans les médias, le vocabulaire a évolué désormais quand on traite des violences faites aux femmes. Par exemple, on parle de féminicide et non de drame passionnel. C'est le signe d'une évolution des mentalités ?
Il y a une prise de conscience des Français et des Françaises, dont je suis. Avant de tourner le film sur Jacqueline Sauvage, est-ce que je m'intéressais beaucoup à cela ? Non. Donc je me mets dans le lot de cette prise de conscience. Mais est-ce que l'on ne pourrait pas faire comme en Espagne où quand une femme meurt, ce n'est pas rangé dans la rubrique des chiens écrasés mais ça fait les gros titres ?
Le collectif dénonce notamment l'accueil des victimes dans les commissariats. Qu'en pensez-vous ?
Dans les commissariats, on ne doit pas transformer un dépôt de plainte en main courante. C'est interdit par la loi. Ces meurtres ne doivent pas se produire. Aïssatou (tuée par son ex-petit ami en 2016) a porté plainte 14 fois. Julie (tuée par le père de ses enfants en 2019) six fois. On a d'ailleurs rencontré le père de Julie qui lui aussi avait porté plainte. Dans la manifestation cet après-midi, il y aura quelques familles de victimes qui pourront incarner ces femmes disparues et dire ce qu'elles ont vécu. Donc soyez là à 17h sur la place de la République pour soutenir ces victimes parce que ce sont nos femmes, nos amies.