Après "Le grand échiquier" de Jacques Chancel, place à un autre monument de la télé française : "Intervilles".
Et c'est à Guy Lux, légende du petit écran à l'imagination débordante, que l'on doit la conception de ce que l'on peut considérer comme l'un des programmes estivaux les plus emblématiques du petit écran. En 1962, celui qui avait déjà lancé "Qui dit mieux", "Le palmarès des chansons" et "La Tête et les Jambes" lance "Intervilles" sur la RTF, en reprenant l'idée du format italien "Campanile Sera". Et ce sont Armantières et Saint-Amand-les-Eaux qui essuient, le 17 juillet 1962, les plâtres de ce nouveau jeu dans lequel deux villes françaises s'affrontent en direct dans une ambiance bon enfant à travers différentes épreuves. Quelques semaines plus tard, en septembre 1962, ce sont Dax et Saint-Amand-les-Eaux qui disputent la toute première finale du jeu.
À la présentation, Guy Lux est associé à Simone Garnier, qui comptabilisait les points, Léon Zitrone et Claude Savarit. Certaines phrases prononcées dans l'émission sont passées à la postérité, dont les fameux "En voiture Simone !" ou "Simone, je ne vous entends pas". Le jeu, popularisé par ses célèbres vachettes landaises, devient un immense succès populaire, dont l'un des premiers fans n'est autre que... le général de Gaulle ! La légende raconte que, au château de Rambouillet, le général aurait même interrompu un entretien avec le chancelier allemand Konrad Adenauer pour suivre "Intervilles".
La passion de Charles de Gaulle pour "Intervilles" le poussera à réclamer à Guy Lux une version européenne du jeu. Le chef de l'Etat sera ainsi à l'origine de la naissance de "Jeux sans frontières" en 1965 et indirectement de son spin-off hivernal, "Interneige". En 1986, "Intervilles" bascule sur TF1, qui l'arrête cinq ans plus tard, en 1991. En 1995, la Une décide de relancer "Intervilles" dans une nouvelle formule autour de nouveaux animateurs. Jean-Pierre Foucault succède à Guy Lux et est associé à Olivier Chiabodo, qui joue le rôle d'arbitre et qui sera au coeur de "l'affaire de la triche" - devenue un scandale national - en 1997, Nathalie Simon et Fabrice (remplacé en 1997 par Thierry Roland, lui-même remplacé en 1998 par Julien Courbet). Le succès d'audience est considérable avec près de 10 millions de téléspectateurs.
En 1999, faute d'audience, TF1 arrête "Intervilles". Éternel phénix, le jeu reviendra cinq ans plus tard sur France 2. Enregistrée à l'Europa Park, cette nouvelle mouture est proposée en access et animée par Nagui et Juliette Arnaud. L'année suivante, Nathalie Simon fait son retour dans le programme tandis que Patrice Laffont rejoint Nagui à la co-animation. Philippe Corti est chargé de l'ambiance musicale. En 2006, le jeu bascule sur France 3 et change à nouveau d'animateurs. Tex et Julien Lepers prennent les commandes d'"Intervilles", associés à Vanessa Dolmen. En 2013, lors de la soirée événementielle proposée par France 2 pour les cinquante ans d'"Intervilles", la chaîne publique fait de nouveau appel à Tex, associé cette fois à Olivier Minne et toujours en présence de Nathalie Simon, devenue une figure emblématique du programme.
Depuis la soirée événementielle de 2013, "Intervilles" est absent du petit écran, malgré des rumeurs récurrentes de retour à l'antenne. France 2 vient toutefois d'annoncer qu'elle compte relancer "Jeux sans frontières" l'année prochaine dans une version produite par Nagui. Reste toutefois à en connaître les contours en ces temps de disette budgétaire à la télé, "Intervilles" étant un énorme barnum. En attendant, les fans d'émissions estivales en plein air pourront se distraire depuis début juillet devant la saison 4 de "Ninja Warrior" sur TF1. Ozap vous propose de visionner le générique (version 1996) d'"Intervilles", et son célèbre "Shanana" de The Citizen's Band qui caractérise le programme depuis 1985.