Jean Pinault est décédé mercredi, à l’hôpital de Loches, emporté en moins de deux mois par la maladie. Il avait 73 ans. Avec près de 600 victoires à son palmarès, il était une légende de notre cyclisme régional. Le mot n’est pas trop fort pour un homme qui a consacré toute sa vie au cyclisme, un sport qu’il a pratiqué de manière assidue jusqu’à ses derniers instants.
L’histoire de « P’tit Jean », comme on le surnommait, a débuté le 21 juin 1946 à Genillé, commune qu’il n’a depuis jamais quittée. Il prend sa première licence à la SV Lochoise en 1962. Son premier coup d’éclat fut son titre de champion régional amateur, à 19 ans, en 1965. Puis vint son exploit dans la Route de France en 1968, la plus grande course à étapes française de l’époque.
Jean Pinault remportait l’épreuve et prenait conscience de ses immenses qualités de grimpeur. C’est, en effet, sur les pentes du puy de Dôme que le Tourangeau a forgé sa victoire réussissant une escalade d’anthologie qui lui valait le record de cette célèbre montée.
Raphaël Geminiani, dans la foulée, lui faisait signer un contrat professionnel chez Bic, équipe où évoluait Jacques Anquetil. Mais cela ne s’est pas bien passé pour l’homme de Genillé, viré sans ménagement au bout d’un an. Il eut été plus judicieux de le laisser mûrir doucement. On ne saura jamais quel niveau il aurait pu atteindre chez les professionnels.
Puis à partir de 1970, en qualité d’ex-pro sous les couleurs du CC Bourré, de l’AS Montlouis, de l’AVC Châteauroux et sous celles de l’AAJ Blois, Jean Pinault a enchaîné les saisons fructueuses. Plus ça grimpait, plus il faisait chaud et plus il assommait ses adversaires. Il n’était pas rare de le voir triompher en solitaire avec plusieurs minutes d’avance, jusqu’à dix parfois. Les routes escarpées de la Creuse et de la Corrèze étaient ses terrains de chasse favoris. Il a effectué aussi quelques campagnes mémorables en Bretagne, remportant treize courses consécutivement un certain été 1979.
Comme il le disait souvent, « P’tit Jean » faisait le « métier » à 200 %. A ce régime, le déclin intervint tardivement, ce qui lui a permis de signer ses derniers coups d’éclat à 50 ans passés. Puis au rythme d’une soixantaine de compétitions par an en Ufolep et en pass’cyclisme, Jean Pinault a poursuivi son activité jusqu’au bout sous les couleurs de l’UC Aigurande puis sous celles de l’UCC Montrésor.
Son décès, brutal, ne laisse personne indifférent dans le milieu cycliste, un monde où le citoyen de Genillé était infiniment respecté.