Le romancier Yann Moix, au centre d’une polémique après avoir reconnu être l’auteur de textes et de dessins antisémites à l’âge de 21 ans, a choisi de « mettre un terme » à la promotion de son dernier roman, a annoncé lundi 2 septembre son éditeur.
« Après s’être exprimé, notamment à l’émission “On n’est pas couché”, l’auteur a choisi de mettre un terme à la promotion de son livre et de se mettre en retrait des médias », a indiqué la maison Grasset dans un communiqué.
Romancier, réalisateur, ex-chroniqueur à la télé, Yann Moix publie ces jours-ci un roman, « Orléans », dans lequel il affirme avoir été victime de sévices dans son enfance, ce que son père et son frère contestent, ce dernier accusant l’écrivain d’avoir été son bourreau et de « sacrifier la réalité sur l’autel de ses ambitions littéraires ».
A cette polémique familiale et littéraire se sont greffées de graves accusations d’antisémitisme. « L’Express » a exhumé plusieurs textes négationnistes qu’il a écrits dans sa jeunesse. « A la page 98 de ce manuscrit, on retrouve des passages entiers de textes violemment antisémites qui seront publiés dans “Ushoahia” », écrit le magazine, qui cite notamment cette saillie négationniste : « Chacun sait, ô Marie, que les camps de concentration n’ont jamais existé. » L’écrivain accuse son frère d’avoir « refilé » ses dessins antisémites à « l’Express », en représailles.
Le romancier a reconnu avoir dessiné des caricatures antisémites et écrit des textes négationnistes dans une revue étudiante quand il avait 21 ans. « J’assume, j’endosse tout. Ce que j’ai fait à l’époque avec trois ou quatre cons, on était des types complètement paumés », a-t-il admis.
L’écrivain s’est excusé au cours de l’émission « On n’est pas couché » sur France 2, « la voix chevrotante » : « Je demande pardon à Bernard-Henri Lévy, et à tous ceux que j’ai blessés du plus profond de mon être. Pardon pour ces bandes dessinées. » Dans l’un des textes de jeunesse divulgués, Yann Moix qualifie notamment le philosophe de « youpin dont le crâne n’a hélas pas été rasé par les amis d’Adolf ».
Yann Moix a ensuite rendu un hommage appuyé à Bernard-Henri Lévy :
"« J’ai essayé de m’arracher de ce trou noir, de ce cauchemar grâce à des gens lumineux comme BHL qui m’ont permis de me construire intellectuellement. J’ai essayé de me racheter toute ma vie, de combattre la xénophobie. »"
Dans un éditorial publié par « le Point », « BHL » affirme croire au « repentir » de l’écrivain, qui a demandé « pardon » au philosophe, dont il est proche, pour ses dessins et textes négationnistes parus dans sa jeunesse. Dans ce texte, Bernard-Henri Lévy indique notamment avoir déjà eu, avant l’éclatement de l’affaire, « des explications musclées » avec Yann Moix qui lui a confirmé « la réalité de cette part d’ombre ».