Rocky et Hannibal Lecter pleurent la disparition d’un ami. L’homme qui avait découvert Oliver Stone, Milos Forman et Sylvester Stallone, travaillé avec Billy Wilder et financé vingt longs-métrages de Woody Allen est décédé mardi a annoncé le festival de cinéma de Vienne, ville où ce géant du septième art a vu le jour.
Le producteur mythique Eric Pleskow est décédé à l’âge de 95 ans. Une immense tristesse pour le monde du cinéma qui lui doit beaucoup. «Son décès est une grande perte pour nous tous», ont indiqué dans un communiqué les organisateurs de la Viennale, principale manifestation cinématographique de la capitale autrichienne, dont Eric Pleskow était président depuis 1998. «Le cinéma c’était ma destinée», disait cet habitué des Oscars dont la vie fut digne d’un film.
Né Erich Pleskoff dans une famille juive à Vienne le 2 avril 1924, il avait fui la montée du nazisme avant la guerre pour rejoindre Paris, puis gagner les États-Unis. Diplôme d’ingénieur en poche, il s’était retrouvé «un peu par hasard» à travailler dans le septième art, montant un à un les échelons. Il avait intégré le studio United Artists en 1951, devenant le second européen après Charlie Chaplin à présider cette institution.
En 1978, il avait fondé la société de production Orion Pictures, dont il avait pris la tête. Une pluie d’Oscars a salué au fil des décennies ses nombreux succès aux box-offices : les films Amadeus, Platoon, Danse avec les loups, Le silence des agneaux, Rocky font partie de son prestigieux catalogue.
Il a vu les débuts de Sylvester Stallone, travaillé avec Woody Allen, Billy Wilder, Francis Ford Coppola, Federico Fellini et Martin Scorsese. À la fin de sa vie, il avait renoué avec sa ville de naissance qui l’avait fait citoyen d’honneur en 2007.
Les immigrés ou fils d’immigrés juifs ayant quitté l’Europe centrale en quête d’une vie meilleure ont joué un rôle central dans l’invention d’Hollywood et dans le lancement des grands studios américains, de Paramount à Universal en passant par MGM, Fox ou Columbia. «J’ai commencé par apporter le café puis j’ai fini en donnant le final cut», s’amusait à raconter Eric Pleskow, affirmant avoir eu «beaucoup de chance».