Plusieurs personnes sont encore portées disparues après le passage de ce typhon, qui a provoqué d'importantes inondations et des glissements de terrain.
Des dizaines de milliers de sauveteurs au Japon étaient toujours à la recherche de survivants ce lundi, deux jours après le passage du puissant typhon Hagibis sur le centre et l'est du pays, qui a tué au moins 43 personnes.
Hagibis avait accosté samedi soir en provenance du Pacifique, accompagné de rafales de près de 200 km/h et précédé de pluies diluviennes qui avaient provoqué des glissements de terrain et fait déborder de nombreux cours d'eau.
Les médias japonais dénombraient au moins 35 morts, et selon l'agence de presse Kyodo près de 20 personnes étaient encore portées disparues. Les chiffres du gouvernement, qui datent de dimanche soir, étaient moins élevés et devaient être révisés lundi.
Des habitants ont été ensevelis dans des glissements de terrain, noyés dans leurs habitations ou dans leurs véhicules emportés par les eaux.
Maisons submergées, glissements de terrain, cours d'eau en furie... au moins vingt personnes sont encore portées disparu dans ce pays habitué à ces phénomènes climatiques extrêmes. Chaque année, le Japon est frappé par une vingtaine de typhons. Avant Hagibis, Faxai avait tué au moins deux personnes début septembre et provoqué d'importants dégâts à Chiba.
Plus de 110.000 secouristes, dont 31.000 soldats des Forces japonaises d'autodéfense, étaient sur le terrain, selon le gouvernement.
Des hélicoptères hélitreuillaient les résidents réfugiés sur leurs balcons ou sur les toits. L'une de ces opérations dimanche dans la région de Fukushima (nord-est) a tourné à la tragédie lorsqu'une septuagénaire a fait une chute mortelle de 40 mètres alors qu'elle était en train d'être évacuée par les airs.
La tempête chargée de pluies d'une intensité "sans précédent" a semé la désolation en traversant le centre et l'est du Japon, dans la nuit de samedi à dimanche. Certaines victimes ont été ensevelies dans des glissements de terrain ou noyées dans leurs habitations. Des véhicules occupés ont été emportés par les eaux. Le corps d'un enfant a été retrouvé dans une rivière, à l'intérieur d'un véhicule.
D'importantes inondations ont en effet été signalées dans la région centrale de Nagano, où une digue a lâché, déversant les eaux de la rivière Chikuma sur une zone résidentielle dont les habitations ont été inondées jusqu'au premier étage. Perchés sur leurs balcons, des habitants en détresse agitaient des serviettes à destination des hélicoptères de la chaîne de télévision publique NHK et des Forces japonaises d'autodéfense, tandis qu'un flot boueux grondait alentour. Des images aériennes montraient une rangée de trains à grande vitesse (Shinkansen) submergés par une eau boueuse dans un dépôt de Nagano.
Les chaînes de télévision montraient aussi des soldats ramant dans un canot pneumatique dans une commune inondée de la région de Fukushima, tandis que partout dans les zones touchées, ouvriers et habitants déblayaient des montagnes de boue.
Parmi les victimes du typhon figurent des membres d'équipage d'un navire cargo qui a sombré samedi soir dans les flots déchaînés de la baie de Tokyo. "Douze membres d'équipage se trouvaient à bord. Cinq Chinois ont été retrouvés morts" a déclaré un responsable des garde-côtes.
Quatre autres membres d'équipage ont été sauvés et les recherches avaient repris ce lundi pour trouver les trois derniers disparus. Onze bateaux, deux hélicoptères et une douzaine de plongeurs étaient déployés pour cette opération, a-t-il précisé.
"Dans la maison, l'eau est montée plus haut que le niveau de ma tête, ce qui a retourné tous les meubles à l'intérieur. C'est comme dans une machine à laver maintenant", a raconté Hajime Tokuda, un employé dans la finance vivant à Kawasaki (ouest de Tokyo). Il s'est réfugié chez des parents, dont la maison a elle aussi été inondée.
Quelque 7,3 millions de Japonais avaient reçu des consignes d'évacuation samedi après des précipitations records. Des consignes, non obligatoires, suivies par plusieurs dizaines de milliers de personnes. Elles étaient accueillies dans des gymnases ou salles polyvalentes avec de la nourriture d'urgence, de l'eau et des couvertures. L'intensité "sans précédent" des précipitations selon l'Agence météo japonaise (JMA) avait poussé celle-ci à émettre son niveau d'alerte aux pluies maximale, réservé aux situations de catastrophe prévisible.
Le Premier ministre Shinzo Abe a promis que le gouvernement ferait "tout son possible". "Faites de votre mieux", a-t-il dit lors d'une réunion de crise dimanche soir. "La priorité absolue est de sauver des vies".
Hagibis a touché terre samedi peu avant 19 heures et atteint la capitale japonaise vers 21 heures, accompagné de rafales de vent allant jusqu'à près de 200 km/h, selon l'Agence. Et dès samedi matin, une première victime a été découverte dans la région de Chiba (banlieue est de Tokyo), un homme retrouvé dans une camionnette renversée, selon les pompiers. Le bilan s'est ensuite alourdi au passage du centre de la tempête qui a fauché des vies dans la région de Tokyo, du centre et du nord-est du pays.
Plusieurs cours d'eau sont sortis de leur lit samedi, dont le fleuve Tama à l'ouest de Tokyo, qui borde des zones densément peuplées. Les autorités ont aussi libéré partiellement l'eau de plusieurs barrages qui menaçaient de déborder.
La NHK a compté près de 100 blessés et la disparition de plus d'une douzaine de personnes. Parmi les disparus, on comptait huit personnes à bord d'un cargo qui a coulé samedi soir dans la baie de Tokyo. Les garde-côtes ont indiqué avoir sauvé quatre membres d'équipage du navire battant pavillon panaméen mais être toujours à la recherche des autres.
A Higashi Matsuyama, dans la région de Saitama (nord-ouest de Tokyo), des cultivateurs de riz et de fleurs comptaient dimanche leurs pertes, l'eau ayant envahi des entrepôts pleins de récoltes toutes fraîches. "Jamais nous n'avons connu une telle inondation dans ces alentours", a expliqué un agriculteur qui n'a pas voulu donner son nom.
La tempête a aussi bouleversé l'organisation de deux compétitions sportives organisées au Japon : les qualifications du Grand Prix de Formule 1 de Suzuka (centre) ont été reportées à ce dimanche matin, tandis que deux matches du Mondial de rugby qui devaient se tenir samedi (France-Angleterre et Nouvelle-Zélande-Italie) avaient été annulés dès jeudi.
Les responsables du Mondial ont annoncé ce dimanche l'annulation d'un troisième match, Namibie-Canada, prévu à Kamaishi (nord). Un crève-coeur pour cette commune quasiment rayée de la carte par le tsunami de 2011 et qui voyait dans cette rencontre un symbole de sa résurrection. La rencontre entre l'Ecosse et le Japon dimanche, décisive pour l'Ecosse mais longtemps menacée, a finalement été maintenue.
Le typhon a par ailleurs paralysé les transports dans la grande région de Tokyo, en ce week-end prolongé par un lundi férié : les liaisons ferroviaires reprenaient dimanche et les vols desservant Tokyo étaient rétablis en partie seulement.
Cependant le match décisif entre le Japon et l'Ecosse avait été maintenu dimanche soir, et l'équipe nationale a apporté un peu de réconfort au pays en remportant une brillante victoire (28-21), la propulsant en quarts de finale du tournoi pour la première fois de son histoire.
Une minute de silence avait été observée dans le stade avant le coup d'envoi, et l'équipe du Japon a dédié sa victoire aux victimes du typhon.