Rédigé par Philippe-Jean Catinchi / Le Monde et publié depuis
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Autodidacte qui fut tour à tour journaliste, éditrice et historienne, Georgette Elgey, auteure d’une monumentale Histoire de la IVe République, est décédée le 8 octobre, à Paris, à l’âge de 90 ans.
A sa naissance, le 24 février 1929, la petite Georgette n’eut pas de père. Si elle tint son prénom de Georges Lacour-Gayet, un universitaire membre de l’Institut qui avait fait une cour assidue à sa mère, Madeleine Léon, de quarante-six ans sa cadette, elle naquit sans être reconnue par son géniteur. Veuf, ce champion des vertus chrétiennes n’assumait pas cette conception hors mariage.
La lutte judiciaire pour obtenir réparation de ce déni de paternité, assez patent pour que, au décès de l’historien, membre de l’Académie des sciences morales et politiques, l’éloge funèbre du notable fût expédié et pas même salué par les applaudissements de rigueur, occupa Marthe Léon, la grand-mère de l’enfant, jusqu’à son décès en 1946. En vain. La jeune fille, que la fortune des siens mettait jusque-là à l’abri du besoin mais condamnait à une solitude de paria, dut fuir Paris à l’été 1942, avec sa mère, dénoncée comme juive, et rester cachée jusqu’à la fin de la guerre. Une nouvelle épreuve l’attendait alors quand, après seize ans de procédure, elle fut définitivement déboutée : elle ne put prétendre être une Lacour-Gayet.
Elle renonça alors à passer la seconde partie du baccalauréat, malgré une mention « très bien » à la première.
L'auteure d'une impressionnante " Histoire de la IVe République ", commencée dans les années 1960 et achevée en 2012, est morte le 8 octobre, à l'âge de 90 ans. Article réservé aux abonnés...