En pleine expédition dans l'Océan Arctique (Pôle Nord) avec son homologue Borge Ousland, l'explorateur Mike Horn a publié un nouveau message, décrivant une situation chaotique, déplorant l'état de fatigue dans lequel ils se trouvaient. L'aventurier sud-africain s'est finalement ravisé, pour publier un message plus positif.
Personne ne disait que ce serait facile. Surtout pas Mike Horn qui, parmi les grands aventuriers de ce monde, sait tout de même reconnaître la difficulté d'une épreuve, d'un défi, d'un projet. Ce que vit en ce moment l'explorateur sud-africain aux côtés de son compagnon de route norvégien Børge Ousland, relève clairement du jamais vu. En expédition depuis deux mois dans l'Océan Arctique, les deux baroudeurs font face à une nature extrême.
Leur défi : traverser un océan de glace sur une paire de ski. Au dos des deux explorateurs, un traîneau de plus de cent kilogrammes. Et quelque sept à huit heures de marche par jour, dans des conditions météorologiques extrêmes, avec des températures allant de -2°C à -45°C. Dantesque. D'autant plus fou, que la nature s'acharne sur les corps.
Chaque soir, l'explorateur donne quelques nouvelles à sa fille, Annika Horn, 26 ans. « Je ne l'ai jamais vu comme ça, dans un état de fatigue physique extrême. Il est en train de perdre la sensation de ses extrémités, c'est inquiétant. Avec ma sœur Jessica, on veut qu'il rentre vite à la maison », racontait la jeune femme, la semaine dernière.
L'explorateur y va aussi de ses photos, régulièrement, sur les réseaux sociaux. Dernière en date : ce lundi 25 novembre. Un cliché inquiétant qui montre Børge Ouslan, emmitouflé dans son manteau, le regard perdu, le nez ensanglanté. Sous le portrait, un texte troublant, que Mike Horn s'est vite empressé de supprimer. Trop tard pour ne pas s'inquiéter :
« Nous avons installé notre campement avec Borge Ousland derrière une grande arrête, juste à temps avant que les vents violents ne nous frappent. On a bien cru que la tente allait s’envoler avec nous à l’intérieur. Nous allons tout faire pour continuer cette expédition, en espérant avoir la météo de notre côté. Chaque jour, nous réévaluons nos chances d’avancer et de mener à terme cette mission. Avec ce climat instable et la dérive des glaces, il nous est extrêmement difficile de prévoir le nombre de kilomètres qu’il nous reste à parcourir. Au moment où je vous parle, nous sommes à bout de forces, nous avons perdu beaucoup de poids. Nous nous sentons faibles et nous n’avons plus beaucoup de nourriture, nous en avons assez pour nous sortir d’ici mais ce sera très dur. »
L'explorateur revient sur ses mots et choisit de délivrer un message aux tournures plus positives : « Il est certain que j’ai connu des week-ends plus faciles dans ma vie d’explorateur. Après les obstacles et les difficultés sans fin de la semaine dernière, Borge Ousland et moi-même sommes reconnaissants de commencer la semaine avec un nouvel état d’esprit. Aujourd’hui, malgré nos blessures (comme on peut voir sur la photo), nous nous sentons fatigués, mais inarrêtables. Nous savons que l’arrivée est proche, nous devons maintenant rassembler la force qu’il nous reste pour nous battre et y parvenir », atteste le Sud-africain.
L'explorateur décrit alors un « monde hostile », des « conditions instables constantes » : « D’une manière étrange, je me demande si la nature nous a pris à partie à cause de la manière dont nous, les êtres humains, avons traité et respecté notre planète… une chose est sûre, il est évident que quelque chose ne va pas. »
La semaine dernière, l'explorateur déplorait une banquise grandement impactée par le réchauffement climatique : « La glace se brise et se déplace beaucoup plus vite qu'auparavant. C'est triste à admettre pour moi, mais de toutes mes années en tant qu'explorateur professionnel, je n'ai jamais été aussi affecté par les changements climatiques », décrit Mike Horn à ses filles.
Et pour cause, l'aventurier en a fait la douloureuse expérience la semaine dernière : l'explorateur a chuté dans l'eau, celle-ci arrivant à hauteur de son bassin. « Ses chaussures ont pris l'eau mais heureusement, celle-ci ne s'est pas infiltrée dans les vêtements », racontait alors Annika. L'explorateur s'est fait piéger par une étendue d'eau qui n'existait pas il y a quelques années. Une déconvenue qui a grandement fatigué l'aventurier.
D'autant qu'il reste un peu moins de 500 kilomètres à parcourir aux deux baroudeurs pour achever leur exploit. Et que les rations s'amenuisent à vue d'œil : selon Annika Horn, « les chances d'y parvenir sont minimes ». Celle-ci espérait donc mettre en place un plan d'urgence pour secourir son père et son ami norvégien : « Parmi les différentes options, on est en train de voir s'il y a des brise-glace dans la région ou si on peut envoyer un hélicoptère », expliquait la jeune fille la semaine dernière.