Les écrits et propos de l'écrivain Gabriel Matzneff sur ses relations sexuelles avec de très jeunes filles et garçons reviennent dans l'actualité. Mis en cause lors de l'émission Apostrophe diffusée en 1990, l'écrivain semblait être conforté par Bernard Pivot qui défend aujourd'hui une "époque où la littérature passait avant la morale".
Editrice, Vanessa Springora sort ces prochains jours un livre qui fait le récit glacial des relations sexuelles qu'elle a eues avec l'écrivain Gabriel Matzneff. Et ce alors qu'elle n'avait que 14 ans.
"Le Consentement" (à paraître chez Grasset) évoque "l'emprise" que l'écrivain alors quinquagénaire avait sur la toute jeune fille. Personnage sulfureux, Gabriel Matzneff (83 ans aujourd'hui) a, à plusieurs reprises, évoqué cette attirance pour les très jeunes filles et garçons dans des ouvrages comme sur les plateaux de télévision dont il était l'un des invités récurrents dans les années 80 et 90.
Une séquence de l'émission Apostrophe de 1990, republiée par l'INA ce 26 décembre, montre l'écrivain détailler ce qu'il aime chez ses très jeunes "amants" sans être mis en difficulté par le présentateur Bernard Pivot. Bernard Pivot présente Matzneff comme un "professeur d'éducation sexuelle" et lui demande ce qu'il aime chez "les lycéennes et les minettes". "Lorsqu'elles ne sont pas encore durcies par la vie, les filles très, très jeunes sont plutôt gentilles", répond Gabriel Matzneff...
Séquence qui ne provoque aucune réaction sur le plateau à l'exception de celle de la journaliste québécoise Denise Bombardier qui le reprend sèchement.
Face à la polémique qui enfle, Bernard Pivot s'est expliqué sur son compte Twitter, ce vendredi 27 décembre. "Dans les années 70 et 80, la littérature passait avant la morale ; aujourd’hui, la morale passe avant la littérature. Moralement, c’est un progrès. Nous sommes plus ou moins les produits intellectuels et moraux d’un pays et, surtout, d’une époque."
Une réaction qui a provoqué un tollé et les réponses à Bernard Pivot fusent. La première à dégainer est l'humoriste Sophia Aram : "En 1990, certains faisaient la différence entre littérature et pédophilie. Quant à ceux qui, à l'époque, s’abritaient derrière la littérature, ils finissent aujourd’hui par se cacher derrière l’époque. Courageux".
Un internaute, lui, remarque que Bernard Pivot est bien plus "prompt à critiquer Greta Thumberg qui le terrifie par son engagement qu'à s'indigner de la fierté d'un pédophile sur son plateau."
L'auteure Florence Braud s'indigne aussi : "On parle d'ENFANTS qui ont été VIOLÉS mais monsieur Pivot, lui, parle de "morale" et de "littérature"..."
Enfin, auteur et ex-journaliste de France 2, Françoise Laborde salue son "amie Denise Bombardier, qui a sauvé l’honneur, avec cette parole forte sur les victimes dont Vanessa Springora dit aujourd’hui que ces mots l’ont soutenu". "Honte à cette caste, qui encore aujourd’hui défend l’écrivain".