Presque un an après les faits, l'enquête de l'IGPN connaît une avancée. Le policier qui était soupçonné d'avoir gravement blessé un gilet jaune avec un tir de LBD a été mis en examen. "La justice française n’est pas si pourrie que ça", a réagit Olivier Béziade, le gilet jaune blessé.
C'est une information du journal Sud Ouest. Ce lundi, "ce gardien de la paix à la carrière irréprochable, soupçonné d’avoir tiré avec un lanceur de balle de défense (LBD) dans le visage d’un gilet jaune de Bazas, Olivier Beziade, a été convoqué par la juge d’instruction Cécile Simon en charge du dossier", annonce le quotidien sur son site.
Contacté par téléphone, Olivier Béziade n'a pas caché sa surpise : "Vous me l’apprenez ! Je suis content que, enfin, la justice soit bonne. Il y a tellement eu de blessures par la police, à tort ou à raison... J’ai vu que beaucoup de blesssures passaient à la trappe et n’étaient pas reconnues, je dis enfin !"
"La justice française n’est pas si pourrie que ca, je n’en reviens pas !"
Selon Sud Ouest, "le policier a été mis en examen pour violences volontaires ayant entraîné une incapacité totale de travail (ITT) supérieure à 3 mois." Il n'aurait pas été suspendu de ses fonctions ni placé sous contrôle judiciaire. Contacté par téléphone, le parquet n'a pas encore donné suite à France 3.
Le 12 janvier 2019, lors d'une manifestation où sont mobilisés plusieurs milliers de gilets jaunes à Bordeaux, la tension monte. Olivier Béziade, père de famille et pompier volontaire de 47 ans, est dans la foule des manifestants. Il est au bas de la rue Sainte-Catherine. Lorsqu'il voit des policiers équipés de LBD 40, il s'engage alors rue Daurade. Il tombe alors au sol, gravement touché à la tête, et perd connaissance.
Gravement blessé, Olivier Béziade avait été plongé dans le coma, victime d'une triple fracture au niveau du crâne. Une information judiciaire avait été ouverte dès le 14 janvier par le procureur de la République de Bordeaux et confiée à l'IGPN.
Près d'un an après les faits Olivier Béziade est encore très touché. "Pendant 6 mois, je n'ai rien eu, mais maintenant, je fais tous les mois des crises d’épilepsie", raconte le père de famille.
"J’ai un traitement à vie. J'ai fait un dossier MDPH pour être reconnu ouvrier handicapé".
Ce matin , il confiait ses difficultés au quotidien. "Je suis électricien de métier et je travaillais comme agent de maîtrise en sécurité incendie. Je n’ai plus le droit de travailler. Là je fais de la rénovation pour mes beaux-parents, pour m’entretenir mais je n’arrive pas à travailler. Là, je bricole deux heures le matin et une heure l’après midi, après je suis trop fatigué », se désole Olivier Béziade.
L'agent de police, "est extrêmement affecté par les conséquences de ce tir", a expliqué son avocat à l'AFP. "Jamais il n'a voulu faire de mal. Il reconnaît son tir et sa responsabilité mais il ne comprend pas comment il a pu toucher la tête. Il visait le torse".
Contacté par téléphone Eric Marrocq, secrétaire départemental du syndicat Alliance Police Nationale, "ne nie pas que le pompier ait été blessé". "Mais il faudra dit-il que, de façon précise, on délimite la volonté délibérée du policier de toucher la tête après avoir visé". "Si il y a le moindre doute, notre collègue ne devra pas être inquiété",, annonce-t-il.
"Le LBD n'est pas une arme de précision, à 25m toucher le point visé, c'est un exploit", dit Olivier Marrocq.
"La mise en examen est une chose normale car il y a eu un blessé grave", dit Eric Marrocq. "Nous avons confiance en notre justice pour que cette information judiciaire puisse lever le doute sur une action délibérée ou intentionnelle d'un policier mis en examen dans cette affaire". "On attend beaucoup de cette mise en examen, on soutiendra notre policier" a-t-il confié.