La série, diffusée sur TMC, met en scène les personnages d'« Hélène et les garçons » déjà à l'antenne dans les années 1990. La fiction est produite avec un faible budget, alors qu'elle enregistre de bonnes audiences auprès des ménagères.
Des personnages à l'antenne depuis presque trente ans, des scores supérieurs à la moyenne pour TMC et des recettes publicitaires importantes… Malgré une image un peu désuète, et les quelques commentaires sarcastiques dont la série peut faire l'objet, « Les Mystères de l'amour » reste un bel exemple de réussite dans la fiction française.
Depuis février 2011, TMC diffuse les aventures d'Hélène, Nicolas, Bénédicte, Laly ou « Cricri d'amour » que les quadragénaires avaient connus dans leur jeunesse. « Les Mystères de l'amour » sont le quatrième volet, issu de la sitcom culte des années 1990 « Hélène et les garçons », de l'univers AB Productions (racheté par Mediawan).
Diffusée sur TF1 entre 1992 et 1994 dans la case stratégique de l'access (avant soirée), la série un peu « guimauve » attirait alors en moyenne 3,8 millions de téléspectateurs en début de soirée, soit 38 % de part d'audience ! Par la suite, « Le Miracle de l'amour » (entre 1995 et 1996) puis « Les Vacances de l'amour » (1996-2007 sur TF1), dans le même esprit, ont continué à drainer un public fidèle d'Hélène, bien que moins nombreux. « Ce sont sans doute les personnages de série les plus anciens du paysage audiovisuel français, si l'on remonte à 'Hélène et les garçons' », remarque Xavier Gandon, directeur des antennes du groupe TF1.
« Les Mystères de l'amour » attire quelque 640.000 téléspectateurs en moyenne le week-end, pour une part d'audience de 3 % (pour les inédits, hors rediffusions), en hausse, et comparable à celle de la chaîne. Mais c'est surtout sur les « ménagères » que la série fait un carton avec une part d'audience de 8,2 %, quand la chaîne obtient en moyenne 4,4 % sur les femmes responsables des achats de moins de 50 ans.
« Il y a sans doute un effet nostalgie, mais pas uniquement… Cela fait partie des mystères d'un succès, dit Jean-Luc Azoulay, le producteur et scénariste de l'univers d'Hélène. J'écris tout car je connais tous les détails de la vie passée des personnages. »
Si « Les Mystères de l'amour » attire un public désireux de revoir ses héros d'adolescent, elle compte aussi un cinquième de 15-34 ans, « ce qui est conséquent », souligne Philippe Nouchi, chez Publicis Media.
En revanche, le public CSP+ est plus rare que sur l'ensemble de la chaîne, « ce qui contraste avec l'image que TMC veut se donner, avec des programmes comme 'Quotidien' » , souligne-t-il.
La fiction est rapidement devenue une machine à « cash ». Un épisode inédit rapporterait environ 90.000 euros de recettes publicitaires nettes à TMC et environ 140.000 euros pour une case de deux épisodes (rediffusion et inédit), selon Publicis Media.
En face, chaque épisode coûte environ 70.000 euros (soit moins qu'un épisode de « Plus belle la vie », par exemple) , d'après JLA Groupe, qui a produit « Camping Paradis » ou « Navarro ». « Les comédiens connaissent très bien leur rôle et certains techniciens sont là depuis plusieurs décennies », précise le dirigeant de la société de production, Jean-Luc Azoulay. Et pour limiter les coûts, la production a acheté une maison en région parisienne. « Notre série est tellement peu chère que l'on n'a pas droit au crédit d'impôt ! » relève le producteur.
Afin d'entretenir l'intérêt du public pour des personnages qui ont grandi - ou, disons-le, vieilli -, la production fait monter régulièrement de nouveaux comédiens, comme elle l'avait aussi fait dans les sitcoms des années 1990. Par exemple, Elsa Esnoult, la nouvelle star de l'écurie JLA, également chanteuse, fait régulièrement des tournées. Un « spin-off », avec cette dernière comme héroïne, serait en réflexion du côté de JLA…
En attendant, les anciens drainent toujours un public fidèle. « Hélène Rollès est une star dans plusieurs pays comme en Chine, remplissant des salles de concert de plus de 30.000 personnes », souligne Xavier Gandon. Consécration : elle a été invitée à dîner par l'Elysée , avec le président chinois, dans le cadre d'un voyage officiel de Xi Jinping en mars dernier. « La série peut durer encore une cinquantaine d'années », sourit Jean-Luc Azoulay.