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Les policiers « tombent comme des mouches », contaminés « à une vitesse folle » par le coronavirus

Les policiers « tombent comme des mouches » face au coronavirus, confient plusieurs d’entre eux à Actu Paris. C’est le cas dans la capitale comme à Briançon ou Nantes. Pourtant, jeudi 19 mars 2020, alors qu’une brigade de policiers du 18ème arrondissement était placée en confinement, tout comme une unité de sécurisation de lieux de pouvoirs, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner estimait que « les policiers ne sont pas en risque », leur refusant le port du masque.
 
Mauvais timing pour cette affirmation : « Non, les policiers ne sont pas en risque », selon le ministre, jeudi sur Europe 1. Et en même temps, une brigade de police-secours du 18ème arrondissement était placée en confinement, soit 41 policiers, dont un positif et trois suspicions. Pour maintenir le service, la brigade a été recomposée avec des effectifs de bureau, nous indique-t-on.
 
Dans un autre service, l’Unité mobile d’intervention et de protection (UMIP), un sous-groupe est confiné après suspicion ou détection de contamination sur 13 policiers. Cette unité, aux missions équivalentes à l’opération Sentinelle dans la police, patrouille entre les lieux sensibles. Ces confinements ne sont pas une première : 500 policiers de la Sous-direction des transports sont confinés depuis le 14 mars.
 
Il n’y a plus de comptage fiable en interne, car le temps de les recenser, de nouveaux arrivent, selon une source interne :
 
"Ça va se décupler. Personne n’a les bons chiffres. Quand on nous annonce 20 cas au national, c’est qu’il y en a 20 fois plus. Le chiffre commence à être important. On est loin de se dire qu’on n’assurera plus notre mission de police, il n’y a pas le feu à la maison, mais sans mesures la semaine prochaine ce sera très compliquée."
 
L’affirmation de Christophe Castaner devait répondre à l’inquiétude des syndicats de police face à l’absence de protections des policiers chargés, depuis mardi 17 mars, de faire respecter les mesures de confinement en multipliant les contrôles. Alors que les premiers contrôles, mardi midi, était souvent effectués avec masques et gants, le ministère en a interdit le port.
 
« C’est n’importe quoi », pestait un policier de la Direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne (DSPAP) en contrôle jeudi soir. « Il ment », dénonçait-il. Une source interne nuance : « Il ne ment pas, il est dans un conflit de directions, il gagne du temps. » Selon cette source, appuyée par une deuxième, le ministre de l’Intérieur doit gérer le manque d’anticipation :
 
"À la Direction générale de la police nationale, il y a la Préfecture de police et la Direction centrale de la sécurité publique pour le reste de la France. La PP a anticipé sur le matériel, on a ce qu’il faut en masques, pas la DCSP. Donc Christophe Castaner doit batailler pour essayer d’en obtenir pour eux, ensuite on devra tous en porter."
 
Les gestes barrières sont les seules protections pour l’heure autorisées aux policiers qui manipulent, chaque jour, des centaines d’attestations de sorties, déplore le policier de la DSPAP : « On nous dit de ne pas porter de masques parce que c’est anxiogène, mais il faudrait l’être pour que les gens arrêtent de sortir. On est confrontés à la connerie institutionnelle et à la connerie des égoïstes. »
 
La doctrine de protection évolue de jour en jour. Le policier de la DSPAP dénonçant l’interdiction de port du masque ne savait pas encore que, vendredi matin, il serait confiné : « J’ai tous les symptômes du Covid-19 et j’ai une des maladies chroniques, je suis à risque, j’espère être testé », a-t-il indiqué à Actu Paris en retenant des sanglots d’angoisse.
 
Le conjoint du policier contaminé est aussi policier et devra rester confiné sans avoir la possibilité d’être testé. En plus de la Brigade des réseaux ferrés, de celle du 18ème et de l’Umip, la liste des contaminés s’allonge de jour en jour. Si aucun chiffre global n’est fiable, « ça chute dans les services », image l’une de nos sources. « Ça évolue à une vitesse folle. »
 
Le policier suspecté d’être contaminé en dénombre plusieurs dans son entourage :
 
"J’ai au moins deux collègues confinés pour suspicion. Un autre a son conjoint dans la brigade du 18ème confinée mais continue d’aller au travail, sans savoir si le conjoint est contaminé ou non. Nous sommes tous conscients que c’est la guerre, et que nous sommes en première ligne, juste après les soignants. On tombe comme des mouches."
 
Les sanglots d’angoisse du policier, étaient aussi des sanglots de colère. Lundi, tous les policiers de Paris et de petite couronne ont reçu une lettre du préfet de police, leur ordonnant d’organiser un service dégradé dans chaque direction, ce qui permet de confiner la moitié des effectifs quand l’autre moitié est en opération sur le terrain ou dans l’administration.
 
La DOPC, chargée de l’ordre publique, l’a fait. Pas la DSPAP :
 
"Dès lundi, on a mis en place une organisation pour assurer la continuité en mode dégradée, en regroupant tous nos effectifs, pour faire 50/50. La moitié des policiers travaille, l’autre reste en confinement pour protéger la moitié des effectifs. Tous les collègues étaient volontaires pour faire plus de jours, ça aurait fait plus de monde sur la voie publique. Ça nous a été refusé sans explication, à l’encontre de la directive du préfet. "
 
Dans les arrondissements, cette décision ne passe pas. La section parisienne du syndicat Alliance a édité un tract, jeudi 19 mars, pour réclamer « la mise en place d’un service minimum pour un confinement maximum ». Sur le tract, cette phrase est soulignée : « Pour l’ensemble des services. » Un message directement lié au refus d’organisation à la DSPAP.
 
Un refus « incompréhensible » pour ce policier suspecté d’être contaminé, « alors que même la hiérarchie de la préfecture de police » l’a mis en place. Selon Actu Paris, les unités de la DSPAP devraient passer en service dégradé ce week-end : « Il fallait des effectifs pour les contrôles. Ce qui s’est passé avec cette brigade du 18ème risque de se répercuter ailleurs, il faut des réserves. »
 
 
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