Chaque week-end je vous propose un florilège des vidéos de l'INA choisies par la rédaction de l'Institut National de l'Audiovisuel.
Comme de nombreux artistes dans les années 1970, Alain Souchon posait un regard lucide et interrogatif sur les transformations de la société. En 1976, dans l'Album Bidon, il écrivait une chanson décrivant les mutations du monde qu'il observait alors et imaginait leurs répercussions sur l'homme et son environnement.
Cette chanson, sur une musique de Michel Jonasz, s'intitule Le monde change de peau. il l'interprétait ici en direct sur le plateau de Restez donc avec nous le lundi, en septembre 1976.
"Dans la nuit, les oiseaux perdent leurs plumes
Au clair de la lune, les avions s'allument
Sur prairies, sur forêts, sur coccinelles
Poussent des cancers cruels
La ville est nouvelle, elle est nouvelle
Sera-t-il laid ou bien beau
Couvert de couleur peinture
Bidon est le deuxième album studio d'Alain Souchon sorti en 1976. Il se vendra à plus de 75 000 exemplaires en France.
Pourquoi les hommes mûrs préfèrent-ils les femmes plus jeunes qu'eux ? En 1985, l'émission "Aujourd'hui la Vie" posait la question à Serge Gainsbourg. Sans complexe mais avec une certaine justesse, l'auteur-compositeur-interprète tentait d'analyser ce grand fossé entre la vie amoureuse féminine et masculine.
"Alors, pourquoi ce goût pour les jeunes filles Serge ?"
Le ton est donné. Cette interview diffusée dans le cadre du magazine d'Antenne 2, Aujourd'hui la vie, le 1er octobre 1985, porte un titre imagé mais évocateur : "Elle au printemps, lui en hiver". Il s'agit d'un débat mené autour du thème des couples formés de jeunes femmes et d'hommes "qui pourraient être leur père". Au cours de l'émission, les invités témoignent de leur propre histoire. L'échange est ponctué d'un micro-trottoir et de l'interview de Serge Gainsbourg, connu pour son goût des jeunes femmes, "Quand je perds les pédales, elle perd les pétales…"
Serge Gainsbourg loin de réfuter ce goût le justifie par une pirouette métaphorique : "Je suis un esthète quelque part. Une fleur qui s'ouvre, c'est plus intéressant qu'une fleur qui perd ses pétales…"
Chemise en jean, pull marin sur les épaules et cigarettes incandescente aux lèvres, le chanteur évoque, avec sarcasme et une dose d'objectivité, sa relation aux femmes. S'il aime les femmes jeunes, il reste néanmoins conscient de l'injustice subie par les femmes au cours de leur vie amoureuse et il souligne cette inégalité de traitement, "ça dépend… il y a de très jolies femmes de 50 balais, faut pas déconner ! La vie, c'est la vie et je ne vois pas pourquoi l'homme a une fixation sur l'âge des femmes !"
Une fois ce constat établi, l'artiste concède que pour sa part, il entretient alors une relation avec "une jeune fille en fleurs" et précise, "je suis monogame. Ça peut changer. J'ai eu des périodes de polygamie effrénée. Maintenant je suis monogame". Comme pour s'excuser d'aimer une femme unique mais plus jeune que lui il ajoute taquin : "Elle est mignonne la petite eurasienne". [Il s'agit de Bambou]
Serge Gainsbourg analyse son goût par son côté "Pygmalion à l'horizontale… si vous voyez ce que je veux dire." Lorsque la journaliste lui demande si, ce qui lui plait dans cette situation, ce n'est pas uniquement le sexe, il s'insurge : "Ça ne va pas la tête ! Ecoutez, dans la vie, il n'y a pas que la baise ! Il y a aussi l'ouïe, l'odorat, le toucher, l'œil et le goût. Toutes les approches que l'on peut subir ou faire avec une femme… avec une jeune femme."
Il précise le sourire en coin : "le repos du guerrier, c'est vraiment une connerie parce qu'il n'y a rien de plus fatiguant, et de plus éprouvant, que de baiser" il ajoute une boutade : "Si c'est bien fait !"
Redevenu sérieux, il ne peut que constater une injustice sociétale : "Ceci est cruel. L'homme est privilégié par rapport à la femme, en ce sens que moi, je peux me mettre avec une gamine de 24 ans, sachant que j'ai 57 ans. Certains dirons que c'est scandaleux, mais moi non, ajoute-il hilare, avant de poursuivre son constat, "mais imaginons le contraire : une femme de mon âge avec un gamin de 25 balais et bien qu'est-ce que c'est ? C'est un gigolo. C'est ça qui est cruel… mais c'est dans les mœurs."
Reste que vivre avec une femme de son âge semble tout de même lui paraître singulier : "Imaginons une autre situation. Je reste avec une gonzesse que j'ai connue en Archi' ou aux Beaux-arts et bien, je serais avec une vioque de 57 balais !" Tout sourire, il appuie son propos par une anecdote concernant Groucho Marx : "Il venait d'être grand-père. On lui demande : qu'est-ce que ça vous fait d'être grand-père ? Il répond : Je ne m'habituerai jamais à être marié à une grand-mère ! C'est net ça ! Bon enfin, c'est comme ça."
Quant à sa monogamie du moment, il la justifie pudiquement : "j'ai peut-être quelques sentiments pour la petite dernière. La petite Bambou…"
En guise de conclusion, lorsque la journaliste lui demande si l'amour existe ? Il opine du chef et répond "oui", en ajoutant, "il y a Balzac qui dit qu'en amour, il y en a toujours un qui souffre et un qui s'emmerde. Mais de conclure pour son cas particulier, "Mais enfin pour l'instant ça va ! Tout baigne… dans le sang."
A partir de vendredi, la Grande halle de la Villette, à Paris, accueille le mondial du tatouage. Aujourd’hui un Français sur cinq est tatoué. Mais saviez-vous que jusqu’en 1962, la pratique du tatouage était uniquement réservée aux bourreaux en France ? Un homme, Bruno, s’est battu pour ouvrir son salon de tatouage et grâce à lui, la pratique a été légalisée. Il a aujourd’hui 83 ans.
Didier Bezace, comédien et metteur en scène est décédé, il avait 74 ans. Parmi ses rôles marquants, celui d'un flic dévoué dans le film "L 627" de Bertrand Tavernier. En 1992, en compagnie du réalisateur, il évoquait son personnage engagé dans une société en déliquescence.
Le 8 septembre 1992, dans l'émission Le Cercle de minuit, à la veille de la sortie du film policier de Bertrand Tavernier, l'acteur principal Didier Bezace et le réalisateur s'entretiennent du film avec Michel Field. L'animateur précise que le long métrage évoque la police de manière originale et accablante. Un portrait que le ministre de l'Intérieur d'alors, Paul Quilès n'a d'ailleurs pas manqué de critiquer, générant une polémique.
A la veille de sa projection en salles, l'ambiance est donc particulièrement tendue. Michel Field résume le synopsis de L 627 qu'il qualifie de quasi "révolution galiléenne du cinéma". Il poursuit "Il y a quelque chose dans "L 627" qui s'attache à casser les vieux schémas de représentation sur la police. On suit un policier dans le quotidien de son boulot, de ses enquêtes, avec ses indics, ses collègues, avec ses supérieurs hiérarchiques et que le constat que Tavernier en tire est un constat accablant. Accablant sur l'état de la police en France et accablant sur l'hypocrisie de chacun d'entre nous qui préférons détourner les yeux parce que s'il y avait vraiment un adjectif à donner au film de Tavernier ça serait qu'il est vraiment dérangeant".
Il les interroge sur la réaction du ministre de l'Intérieur, qui les a accusés d'être caricaturaux.
Bertrand Tavernier se dit attristé par cette réaction : "car je ne pensais pas qu'il aurait la stupidité de faire ça et en même temps il devient attaché de presse, c'est formidable. Ça sera un métier où il pourra se recycler." conclut-il ironiquement. Il plaisante encore "C'est les boules Quilès !" Lui-même fait l'analogie avec Galilée et le fait que les intéressés refusent de regarder la situation en face : "Je trouve ça un peu triste."
"Le film, il est sur la police mais il est sur un état dans lequel on est tous, à la fois d'indignation, de rage et de lassitude."
Didier Bezace évoque à présent son rôle si particulier dans une époque tourmentée : "J'ai plongé dans le scénario et dans le tournage (…) Je me suis attaché à une pratique du métier qui nous menait dans nos actions. Le type que j'interprète est fatigué mais têtu. Fatigué mais entêté, comme on doit l'être un peu tous en ce moment en France. Je crois que le film, il est sur la police mais il est sur un état dans lequel on est tous, à la fois d'indignation, de rage et de lassitude."
Michel Field précise : "l'article L 627 c'est celui qui réprime les infractions sur la drogue et tout le film se passe dans cette sorte de poursuite inlassable de flics et de dealers. Un combat interminable et méprisé de la hiérarchie."
Didier Bezace confirme le constat glaçant dressé par le film : "Le personnage que je joue, il aime ce métier et il est constamment entre la rage d'aimer le métier et de ne pas pouvoir bien le faire et puis l'espèce de résistance très grande qu'ils ont tous. Parce que ce sont des gens tenaces et qui retournent au labeur. Ce sont des gens de labeur. Ce film touchera les spectateurs parce qu'à travers ce métier-là, qui est un peu mythique dans nos têtes, il y a des hommes et des femmes ordinaires qui travaillent et ils ont besoin, ces gens-là, que leur travail ne soit pas dévoyé. Que cela ressemble à quelque chose, que ça ait un sens. Que cela ne se passe pas pour rien dans des conditions absurdes et inutilement. Et tout le monde a besoin de ça."
Didier Bezace était également le cofondateur du Théâtre de l’Aquarium et l'ex-directeur du théâtre La Commune d’Aubervilliers. Il avait joué dans une trentaine de films.
Tonie Marshall, décédée ce jeudi, fut comédienne avant de passer à la réalisation. En 1983, elle s'amusait à vanter les mérites désinfectants du roquefort...
Tonie Marshall était une « enfant de la balle ». Fille de Micheline Presle et de l'acteur américain William Marshall, Tonie Marshall débute au cinéma comme actrice dans le film de Jacques Demy en 1972, L'Événement le plus important depuis que l'homme a marché sur la Lune. Elle joue au théâtre, dans la troupe de Robert Hossein, ainsi que de nombreux rôles à la télévision, souvent dans des comédies, comme les séries de Jean-Michel Ribes, Merci Bernard et Palace.
En 1983, c'est justement dans l'un de ces sketchs, réalisé par Jean-Michel Ribes et écrit par Roland Topor, que Tonie Marshall se glissait avec humour dans la peau de Tante Aline. Une ménagère très à cheval sur l'hygiène de son appartement, vantant les mérites du roquefort pour désinfecter moquette et rayonnages de bibliothèque !
La savate, la boxe à la française, revient au goût du jour, à Orly et inauguration du radar de surveillance aérienne le plus puissant du monde, inauguration du sanatorium antituberculeux Rhône-Azur à Briançon, hommage à Henri le navigateur au Portugal, 9e salon des inventeurs à Bruxelles, livre d'art réalisé par le peintre Alexandre Alexeieff à l'aide d'épingles...
Quelles seraient les conséquences d'une guerre bactériologique sur la France ? En pleine crise du coronavirus, ce docu-fiction diffusé dans l'émission des frères Bogdanoff en 1982 prend des airs familiers. Ici, pas de virus mais une bactérie tueuse dispersée volontairement sur la France. Séquence Frisson.
Trois hélicoptères d'origine inconnue survolent la capitale en répandant un aérosol bactériologique. En quelques heures, un nombre important de personnes ressent des symptômes de fièvre et de toux. Les gares sont désertées et les hôpitaux sont bondés. La ville de Paris est touchée par une épidémie, bientôt d'autres villes sont atteintes. Dans les rues, c'est l'hécatombe ! Un plan d'urgence est mis en place pour éviter la propagation de cette épidémie mortelle. L'armée prend les choses en main... pendant que d'autres tentent de combattre...
Musique angoissante, images chocs et propos anxiogènes... Il ne s'agit pas d'actualité ici mais bien d'un docu-fiction diffusé dans l'émission, 2002 l'odyssée du futur, présentée par Grichka et Igor Bogdanoff, en avril 1982, sur TF1.
L'idée du programme d'anticipation est alors d'imaginer différents scénarios d'un futur probable, estimé à l'année 2002. Parmi les hypothèses pessimistes développées dans l'émission : l'émergence de nouvelles armes de guerre : les armes bactériologiques, anonymes et particulièrement létales.
Après la diffusion du sujet, les deux jumeaux-animateurs installés dans leur traditionnel plateau aux allures de vaisseau spatial, donnent leur morale à cette fable futuriste tout en digressant sur la sagesse espérée de "l'homo-scientificus", seule capable d'éviter l'escalade conduisant à "l'extermination totale" de l'espèce humaine.
Grichka partage d'abord son pessimisme, en s'appuyant sur les chiffres des ventes d'armements dans le monde. Cependant il temporise son propos en déclarant que l'avenir de l'homme, s'il veut le rendre radieux, dépendra de "la science (...) parce que grâce à la télématique, aux techniques modernes de communication, à l'informatique, nous sommes en train de nous diriger dans les vingt prochaines années vers un village planétaire où les hommes se connaîtront mieux les uns les autres. On ne se bat pas à l'intérieur d'un même clan ! Affirme-t-il avant de poursuivre "Et puis, il est aussi tout à fait certain que la Terre deviendra de plus en plus riche, en particulier grâce à la révolution de la robotique, grâce à l'espace, grâce encore demain aux énergies nouvelles, à la fusion. Grâce à ses énergies nouvelles, on pourra rééquilibrer la pauvreté du Tiers-Monde et aller vers une certaine "équitabilité". Et enfin, il y a cette dernière et grande révolution tant attendue : la révolution biologique. Elle ouvre des perspectives fascinantes, en particulier transformer l'Homme lui-même et ce, pour le meilleur..."