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Virginie Despentes signe une tribune impitoyable sur les César

“Quand ça ne va pas, quand ça va trop loin ; on se lève on se casse et on gueule”. Virginie Despentes a publié ce dimanche 1er mars une tribune impitoyable à l’encontre des “puissants, boss, chefs, gros bonnets” qui lui ont donné “envie de chialer de rage et d’impuissance depuis (leur) belle démonstration de force” pendant la cérémonie des César.
 
La romancière revient dans les colonnes de Libération sur l’attribution du César de la meilleure réalisation à Roman Polanski qui, depuis vendredi 28 février, suscite la colère chez beaucoup. Tout d’abord chez Adèle Haenel, qui avait quitté la salle Pleyel devant les caméras en lançant “la honte !” après l’annonce. “Ils voulaient séparer l’homme de l’artiste, ils séparent aujourd’hui les artistes du monde”, avait réagi celle-ci samedi auprès de Mediapart.
 
“On a beau le savoir, on a beau vous connaître, on a beau l’avoir pris des dizaines de fois votre gros pouvoir en travers de la gueule, ça fait toujours aussi mal. Tout ce week-end à vous écouter geindre et chialer, vous plaindre de ce qu’on vous oblige à passer vos lois à coups de 49.3 et qu’on ne vous laisse pas célébrer Polanski tranquilles et que ça vous gâche la fête mais derrière vos jérémiades, ne vous en faites pas : on vous entend jouir de ce que vous êtes les vrais patrons, les gros caïds, et le message passe cinq sur cinq : cette notion de consentement, vous ne comptez pas la laisser passer”, enrage Virginie Despentes en ouverture de son texte mis en ligne ce dimanche.
 
“Vous exigez le respect entier et constant. Ça vaut pour le viol, ça vaut pour les exactions de votre police, ça vaut pour les César, ça vaut pour votre réforme des retraites. C’est votre politique : exiger le silence des victimes. Ça fait partie du territoire, et s’il faut nous transmettre le message par la terreur vous ne voyez pas où est le problème”, continue l’autrice de la trilogie “Vernon Subutex”.
 
“Tous les corps assis ce soir-là dans la salle sont convoqués dans un seul but : vérifier le pouvoir absolu des puissants. Et les puissants aiment les violeurs. Enfin, ceux qui leur ressemblent, ceux qui sont puissants. On ne les aime pas malgré le viol et parce qu’ils ont du talent. On leur trouve du talent et du style parce qu’ils sont des violeurs. On les aime pour ça. (...) Votre plaisir réside dans la prédation, c’est votre seule compréhension du style. Vous savez très bien ce que vous faites quand vous défendez Polanski : vous exigez qu’on vous admire jusque dans votre délinquance’, dénonce la romancière que l’Académie des César avait refusé de voir parrainer l’un de ses espoirs féminins et masculins nommés en 2020.
 
Saluant le fait que Florence Foresti a été la seule à commenter l’affaire Polanski pendant la cérémonie, en prenant “le risque de se mettre la profession à dos”, Despentes déplore le silence des autres, “tout le monde se tait, tout le monde sourit”. “Si le violeur d’enfant c’était l’homme de ménage alors là pas de quartier : police, prison, déclarations tonitruantes, défense de la victime et condamnation générale. Mais si le violeur est un puissant: respect et solidarité. Ne jamais parler en public de ce qui se passe pendant les castings ni pendant les prépas ni sur les tournages ni pendant les promos. (...) Tout le monde sait. C’est toujours la loi du silence qui prévaut. C’est au respect de cette consigne qu’on sélectionne les employés”.
 
La réalisatrice de 50 ans n’en revient pas que l’académie ait d’ailleurs “osé convoquer deux réalisatrices qui n’ont jamais reçu et ne recevront probablement jamais le prix de la meilleure réalisation pour remettre le prix à Roman fucking Polanski. (...) Vous n’avez décidément honte de rien”. Évoquant “l’humiliation par procuration” vécue par le public et les téléspectateurs, Despentes fulmine que “Les Misérables” se retrouvent éclaboussés. “Vous convoquez sur la scène les corps les plus vulnérables de la salle, ceux dont on sait qu’ils risquent leur peau au moindre contrôle de police (...) on sait qu’ils savent à quel point le lien est direct entre l’impunité du violeur célébré ce soir-là et la situation du quartier où ils vivent”.
 
Rejoignant les nombreux soutiens à Adèle Haenel, qui incarne un nouvel élan de #MeToo en France depuis qu’elle a accusé en novembre le réalisateur Christophe Ruggia d’“attouchements répétés” quand elle était adolescente, Virginie Despentes voit dans la réaction de l’actrice “la plus belle image en quarante-cinq ans de cérémonie”.
 
“Parce que vous pouvez nous la décliner sur tous les tons, votre imbécillité de séparation entre l’homme et l’artiste -toutes les victimes de viol d’artistes savent qu’il n’y a pas de division miraculeuse entre le corps violé et le corps créateur. On trimballe ce qu’on est et c’est tout. Venez m’expliquer comment je devrais m’y prendre pour laisser la fille violée devant la porte de mon bureau avant de me mettre à écrire, bande de bouffons”, écrit Despentes.
 
“Ce soir du 28 février on n’a pas appris grand-chose qu’on ignorait sur la belle industrie du cinéma français par contre on a appris comment ça se porte, la robe de soirée. À la guerrière. (...) Adèle (...), ton corps, tes yeux, ton dos, ta voix, tes gestes tout disait : oui on est les connasses, on est les humiliées, oui on n’a qu’à fermer nos gueules et manger vos coups, vous êtes les boss, vous avez le pouvoir et l’arrogance qui va avec mais on ne restera pas assis sans rien dire. (...) Célébrez-vous, humiliez-vous les uns les autres tuez, violez, exploitez, défoncez tout ce qui vous passe sous la main. On se lève et on se casse.”

J'en ai marre de ces donneurs de leçons. Donc dans ces cas là qu'on aille plus dans les salles de cinéma qui ont projeté ce film, qu'on aille plus voir les films produits par ceux qui ont produit ce film.

On oublie l'oeuvre essentiel de ce film sur l'antisémitisme sur un sujet aussi grave... Et là, indirectement, c'est de faire de la pub (certes en mal) à Roman Polanski...

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