Un couple de vendeurs à la sauvette, a été condamné mercredi à un an de prison, dont six mois ferme, pour s'être fait passer pour les victimes de l'attentat au Stade de France, le 13 novembre 2015.
«Un comportement innomable». C’est avec ces mots que le parquet a jugé l’attitude d’un couple de vendeurs à la sauvette qui s’est fait passer pour des victimes de l'attentat au Stade de France, le 13 novembre 2015. Ces deux Serbes de 36 et 47 ans ont été condamnés mercredi par le tribunal de Bobigny à un an de prison, dont six mois ferme. Le parquet avait requis un an de prison ferme à leur encontre.
Le 13 novembre au soir, le couple de Serbes était bien à Saint-Denis pour vendre des écharpes. Mais, à l'heure ou le troisième kamikaze - dont ils disent être victime - actionne sa ceinture d'explosifs, ils ont déjà quitté les lieux. C'est ce que les enquêteurs, alertés par le parquet de Paris sur plusieurs incohérences dans leur dossier, ont découvert en contrôlant leur téléphone portable : au moment de l'explosion, il bornait à Aulnay-sous-Bois, où ils habitent. Placés en garde à vue mercredi, l'homme handicapé à 80% et son épouse, enceinte de leur deuxième enfant, ont commencé par nier.
Ils voulaient faire comme un couple d'amis, réellement blessés
Dans le box du tribunal, visiblement bouleversés, ils ont dit «regretter» avoir menti aux policiers et aux médecins. Et tenté de se justifier en évoquant le couple d'amis, réellement blessés - qui leur auraient dit de «faire comme eux» - les milliers d'euros de dettes de loyer, la menace d'expulsion.
«Ce sont des gens tellement désemparés qu'ils ne se sont pas rendu compte de la portée de leur acte. On est dans le procès de ce que la misère, pécuniaire comme intellectuelle, peut produire», a défendu leur avocat, Olivier Monin.
Quatrième condamnation de fausses victimes
L'avocat du FGTI, le fonds de garantie qui indemnise les victimes du terrorisme et d'autres infractions, qui recevra un euro symbolique, avait lui réclamé une peine qui «marque». Et déploré que le travail de la structure, qui a déjà indemnisé 2.434 victimes du 13 novembre, soit «perturbé» par ces fausses victimes qui croient jouer à «la roue de la fortune».
Il s'agit de la quatrième condamnation, depuis les attentats de Paris et Saint-Denis, pour tentative d'escroquerie ou escroquerie envers le FGTI. La peine la plus lourde - 3 et 6 ans ferme - a été prononcée en décembre par le tribunal de Grasse (Alpes-Maritimes) à l'encontre d'un couple qui avait perçu 60.000 euros après avoir prétendu avoir été « soufflé » par une explosion aux abords du Stade. Les deux concubins avaient été confondus quand ils avaient à nouveau tenté d'escroquer le FGTI après l'attentat de Nice. Lors de deux affaires similaires jugées à Versailles et Bobigny pour des tentatives d'escroquerie à la suite des attentats de Paris, les peines prononcées avaient été de 6 mois avec sursis et d'un an ferme.