Dans l’émission de C8 diffusée ce dimanche soir, les candidats à la présidentielle ont répondu aux questions désarmantes de jeunes élèves
Pause "fraîcheur" dans la course à l’Elysée. Raconter sa plus grosse bêtise, se soumettre à une interro surprise mais aussi expliquer en une minute un point clé de son programme : dans "Au tableau ! ", les candidats Macron, Mélenchon, Fillon et Hamon se sont frottés aux questions de 18 élèves de 8 à 12 ans dans une salle de classe très politique.
Des questions souvent pertinentes, qui n’ont pas été soufflées aux enfants, venus de tous milieux, assurent les journalistes Caroline Delage, qui a eu l’idée originale de l’émission, et Mélissa Theuriau, qui l’a co-produite. "On a vraiment testé, non pas leurs connaissances politiques parce qu’on ne cherchait pas des singes savants, mais en revanche leur intérêt, leur appétit, leur curiosité".
Emmanuel Macron confessant avoir mangé du verre à 12 ans, Jean-Luc Mélenchon déclamant du La Fontaine ou faisant une démonstration de pleins et de déliés, François Fillon entonnant "un kilomètre à pied, ça use, ça use" avant d’avaler un criquet grillé ou Benoît Hamon mimant un diablotin… L’émission regorge de moments cocasses qui sortent les candidats du cadre formaté du présidentiable.
Mais elle soumet aussi souvent les quatre à des questions de fond, auxquelles ils doivent répondre dans un langage compréhensible par des élèves de primaire ou de jeunes collégiens. Comme lorsqu’une fille demande à François Fillon : "Est ce qu’il est sympa, Poutine ? ". "C’est très différent, à la fois spontané et en même temps sans concession, très direct", juge Emmanuel Macron, premier dans l’ordre de diffusion. Affichant sa décontraction à califourchon sur une chaise d’école, l’ancien ministre de l’Economie doit notamment expliquer en une minute la différence entre droite et gauche.
Ou dire si François Hollande "est toujours (son) copain"? "On s’est séparés en août dernier" mais "moi je l’aime toujours bien", tente l’ancien conseiller du président. Avant de repartir avec en cadeau… des pastilles pour la gorge, pour ne plus hurler en fin de meeting, et quelques "checks" et tapes dans la main.
Davantage maître d’école, Jean-Luc Mélenchon s’efforce de se mettre au niveau de ses cadets, défendant son droit de révocation des élus, "quand on en a marre du délégué de classe", ou en proposant des menus intégralement végétariens à la cantine. Connu pour ses talents d’orateur, le leader de la France insoumise donne une leçon de bon discours à un jeune élève, mais se montre moins brillant en orthographe, en écorchant le mot "ornithorynque".
Sérieux mais pédagogue, François Fillon sait, lui, citer le Youtubeur français avec le plus d’abonnés mais sèche sur le nouveau nombre de régions.
Qui remerciera-t-il en premier s’il gagne le 7 mai ? "Sa femme" Penelope qui "va bien" et "ses enfants", répond le candidat mis en examen pour l’affaire d’emplois présumés fictifs de sa famille.
"Pourquoi tout le monde vous a abandonné", demande l’un? "Oh pas tout le monde (…) Ceux qui se sont enfuis, eh bien tant pis pour eux, je reste avec les courageux", répond l’ancien Premier ministre. Certains élèves iront même jusqu’à lui offrir…des chaussettes.
Benoît Hamon remporte lui un franc succès avec sa plus grosse bêtise (oublier un camarade attaché à un arbre) ou en faisant un "dab", posture de la tête et des bras devenue culte chez les jeunes. Mais il apparaît plus à la peine pour conjuguer un verbe au futur antérieur ou quand un enfant lui demande si son revenu universel ne va pas pousser les gens à ne pas travailler ou un autre lui rappelle que certains dans son parti l’ont lâché.
Parmi les cinq mieux placés de l’élection présidentielle, seule Marine Le Pen a décliné l’invitation de répondre aux questions de cette poignée d’enfants de 8 à 12 ans. Les deux présentatrices regrettent l’absence de la présidente du Front national, pour qui les enfants avaient "une vraie attente".
Sollicité sur les raisons de ce refus, l’entourage de la candidate FN a répondu : "Parce que".