Une heure d’échanges plutôt policés puis un débat qui s’anime et va crescendo : les cinq principaux candidats à l’élection présidentielle sont entrés, lundi 20 mars 2017, sur TF1, dans le vif de la campagne, à moins de cinq semaines du premier tour.
Exercice inédit sous la Ve République avant un premier tour, François Fillon, Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Emmanuel Macron, se sont affrontés dans un long débat de 3h30 qui a laissé au deuxième plan les affaires ayant secoué la campagne.
François Fillon, empêtré depuis fin janvier dans l’affaire d’emplois présumés fictifs de collaborateurs parlementaires issus de sa famille, a concédé avoir « pu commettre des erreurs ».
D’entrée, c’est TF1, la chaîne organisatrice, qui a été la première cible : François Fillon, Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont critiqué le format du débat, regrettant l’absence des six autres candidats validés par le Conseil constitutionnel (Jean Lassalle, Nicolas Dupont-Aignan, Nathalie Arthaud, François Asselineau, Philippe Poutou, Jacques Cheminade).
Sur le fond, après des successions de divergences sans grand éclat comme sur l’apprentissage, ce sont les thèmes de la sécurité et de l’immigration, puis de la laïcité et de l’islam qui ont fait monter la tension.
Emmanuel Macron, favori des sondages avec la candidate FN pour accéder au second tour, a été la cible de tous, mais a évoqué régulièrement des points d’accord avec certains de ses rivaux, dont François Fillon.
Marine Le Pen a aussi souvent été prise pour cible, notamment quand Benoît Hamon l’a accusée d’être « droguée aux pages faits divers » ou quand Jean-Luc Mélenchon l’a accusée d’« agiter des fantasmes à tout propos ».
C’est sur les questions économiques que le candidat de la droite a marqué son désaccord avec Marine Le Pen : « Le vrai serial killer, c’est Marine Le Pen avec la sortie de l’euro, une inflation galopante (…) ».
Avec seulement 66% des Français certains d’aller voter à cinq semaines du premier tour, selon une enquête du Cevipof, un des principaux enjeux pour les candidats était de convaincre quelque 15 millions d’indécis ou de possibles abstentionnistes.
Dans sa profession de foi d’introduction, François Fillon a dit vouloir être « le président du redressement national », quand Marine Le Pen a déclaré vouloir « être la présidente de la République française », « mais vraiment ». Jean-Luc Mélenchon, « dernier président de la Ve République », mettrait fin à « la monarchie présidentielle ». Quand Emmanuel Macron a assuré porter « un projet d’alternance profonde avec de nouveaux visages, de nouveaux usages », Benoît Hamon a promis d’être « un président honnête et juste », « indépendant par rapport à l’argent et aux lobbies ».
Deux autres débats sont prévus d’ici au 23 avril, sur BFMTV et CNews le 4 avril, et sur France 2 le 20 avril, consacrant la télévision comme forum électoral renforcé, après quatre affrontements télévisés pour la primaire de la droite et autant à gauche.
Le débat a réuni plus de 9,5 millions de télespectacteurs,