Pour lutter contre la déforestation grandissante en Papouasie-Nouvelle-Guinée, ainsi que la destruction de la biodiversité et le sort réservé aux « peuples racines », un documentaire réalisé par Marc Dozier suit Mundiya Kepanga, chef papou, voyageant à travers le monde pour sonner l’alarme. Livrant ses impressions, ses incompréhensions face à nos modes de vie, Mundiya Kepanga fait transparaître un portrait à la fois critique et interrogatif de l’homme moderne et de ses dérives.
Mundiya Kepanga fait partie de la tribu des Hulis, un « peuple racine » qui aurait migré il y a plus de 45 000 ans sur l’île de Papouasie-Nouvelle-Guinée. Lui qui est né au pied d’un arbre et qui considère celui-ci comme son grand frère, a décidé de consacrer sa vie à défendre ses arbres, sa forêt, qui sont aussi son peuple, ses frères. Ainsi, voilà quinze ans qu’il parcourt l’Europe et les Etats-Unis, accompagné de son ami photojournaliste et réalisateur Marc Dozier, pour sensibiliser le public sur le problème de la déforestation. Le documentaire de 90 minutes réalisé en coproduction avec Arte vient alors raconter le périple de ce personnage hors du commun, drôle et charismatique, qui parcourt la moitié du globe en quête d’oreilles qui voudront bien entendre ce qu’il a à dire.
Décrivant son documentaire comme un « tableau impressionniste, car on a des moments poétiques, des moments d’enquête, des moments un peu ethnologiques ; on a aussi des moments un peu plus légers et humoristiques », Marc Dozier a entrepris de nous livrer une image complète du problème de la déforestation, en tant que problème profondément humain. Le documentaire nous dévoile également l’enchaînement des causes et des effets de la déforestation, en soulignant que tout le monde est impliqué à différentes échelles : ce sont les Papous eux-mêmes qui coupent le bois de leurs mains, le bois est racheté par des entreprises (généralement chinoises ou malaises) qui transforment ce bois en parquet, meuble ou porte, et qui est transporté, souvent illégalement, jusqu’en Occident.
Le documentaire nous fait voyager du village natal du chef de la tribu des Hulis, jusqu’à la COP 21, en passant par le Sénat français ou encore le Musée de l’Homme. Les scènes sont parfois cocasses, souvent surprenantes et toujours émouvantes. Appelant ceux qu’il rencontre à bien vouloir « [l]’aider à protéger [sa] forêt », Mundiya Kepanga nous fait frémir d’humanité, et nous rappelle le lien ténu qui existe entre nous et les arbres, entre nous et les animaux, bref entre nous et le monde. Plus qu’un appel à l’aide ce documentaire est une véritable leçon de vie, dévoilant les mots de ceux que l’on n’entend jamais, cachés derrière le bruit des tronçonneuses et des camions qui les asphyxient…