Après l'attentat qui a frappé jeudi soir la célèbre avenue à Paris, Le Figaro fait un point complet sur les premiers éléments de l'enquête.
Des policiers ont été pris pour cibles par des tirs à 20h50 jeudi sur la célèbre et très touristique avenue Champs-Élysées, à Paris. Un agent de police a été froidement assassiné et deux de ses collègues blessés, dont un grièvement. Néanmoins, son pronostic vital n'était plus engagé jeudi soir. L'assaillant a été abattu par la police.
«L'agresseur est arrivé en voiture, est sorti. Il a ouvert le feu sur le car de police à l'arme automatique, a tué l'un des policiers et a essayé de s'en prendre aux autres en courant», selon une source policière. Le quartier commerçant, en plein coeur de la capitale, a été bouclé et d'importantes forces de police déployées. Un hélicoptère survolait la zone dans la soirée.
Choukri Chouanine, gérant d'un restaurant dans une rue adjacente, a raconté avoir entendu une «fusillade brève» mais avec «beaucoup de tirs». «On a dû cacher nos clients dans nos sous-sols», a-t-il ajouté. Une touriste a été «légèrement blessée par balle». Elle a reçu «un éclat dans le genou», a précisé la police, sans indiquer la nationalité de cette touriste.
L'assaillant, Karim C., tué par des tirs de riposte de la police, était visé par une enquête antiterroriste pour avoir manifesté son intention de tuer des policiers. Une perquisition a eu lieu jeudi soir en Seine-et-Marne au domicile de cet homme, un Français de 39 ans. Il s'agit du titulaire de la carte grise du véhicule utilisé pour l'attaque. L'identité de l'attaquant est connue, vérifiée. «Je ne vous la donnerai pas car des investigations et des perquisitions sont en cours pour s'assurer s'il avait bénéficié de complicités», a indiqué François Molins, le procureur de la République de Paris. Selon une source judiciaire à l'AFP, trois membres de l'entourage de l'assaillant sont interrogés en garde à vue ce vendredi matin.
Si, selon des sources proches de l'enquête, l'assaillant est un Français de 39 ans, l'État islamique - qui a revendiqué l'attaque dans un communiqué de son agence de propagande Amaq - affirme que l'auteur de l'attaque est «Abu Yussef le Belge, un des combattants de l'État islamique».
La menace djihadiste reste très forte: un nouvel attentat a été déjoué avec l'arrestation, mardi, de deux hommes soupçonnés de préparer «une action violente» et «imminente». Clément Baur, 23 ans, et Mahiedine Merabet, 29 ans, ont été interpellés à la sortie d'un appartement de Marseille, où les enquêteurs ont retrouvé un arsenal important, composé d'armes et de trois kilos d'explosif artisanal, du TATP, dont une partie prête à l'emploi. Les photos des deux suspects avaient été distribuées avant le week-end dernier aux services de sécurité des candidats.
Un avis de recherche visant un homme signalé par les services belges «est parvenu aux services français, hier», a d'abord déclaré ce vendredi matin, le porte-parole du ministère de l'Intérieur sans confirmer avec certitude un lien avec l'attentat. L'homme en question, soupçonné d'avoir voulu se rendre en France, s'est présenté dans un commissariat d'Anvers, a ensuite indiqué le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet.
Le Conseil de défense annoncé jeudi soir par François Hollande a eu lieu ce vendredi à 8 heures, à l'Élysée, en présence notamment du premier ministre Bernard Cazeneuve. «Au cours des prochains jours, plus de 50.000 policiers et gendarmes seront mobilisés afin de garantir la sérénité du déroulement des opérations électorales», a rappelé le chef du gouvernement à l'issue de la réunion. «Le gouvernement est pleinement mobilisé, rien ne doit entraver ce moment démocratique fondamental pour notre pays». Le chef de l'État s'est dit jeudi soir «convaincu» que la fusillade des Champs-Élysées à Paris est «d'ordre terroriste», promettant d'être d'une «vigilance absolue» pour sécuriser l'élection présidentielle, dont le premier tour se tient dimanche. Le chef de l'État a aussi annoncé un «hommage national» pour le policier tué.
L‘acte terroriste de jeudi soir est intervenu pendant le dernier grand oral télévisé des onze prétendants. La plupart ont rendu un vibrant hommage au policier tué et à ses collègues actuellement blessés. François Fillon, Marine Le Pen et Emmanuel Macron ont d'ores et déjà annulé leurs déplacements lors du dernier jour de la campagne.
Au contraire de Marine Le Pen, Benoît Hamon a estimé auprès de l'AFP que «ce serait une grave erreur de tomber dans la peur et de mettre entre parenthèses le débat démocratique». Le candidat de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon a également souhaité «ne pas interrompre le processus de notre démocratie de manière à bien démontrer que les violents n'auront pas le dernier mot contre les républicains».