"Pas étonnant que les ouvriers aillent massivement chez Le Pen", a tweeté l'ancien ministre de l'Education proche de François Fillon.
Si la prestation du candidat du NPA pendant le grand débat du premier tour de l'élection présidentielle a frappé les esprits, elle a aussi visiblement ulcéré les soutiens de François Fillon. Tandis que certains analystes politiques de BFMTV ont épinglé le manque de "respect" et de tenue de Philippe Poutou à l'égard du candidat LR englué dans les affaires, le philosophe et ancien ministre de l'Education Luc Ferry s'est illustré sur les réseaux sociaux par des propos particulièrement méprisants à l'endroit du candidat-ouvrier.
Agacé de voir son favori bousculé en permanence par les "petits" candidats présents sur le plateau, Luc Ferry a laissé éclater son courroux sur son compte Twitter officiel mais non certifié.
L'auteur de "La révolution transhumaniste" s'est alors emporté contre la "veulerie" et la "grossièreté" de Philippe Poutou, en pointant sa tenue vestimentaire comme une improbable explication du succès de Marine Le Pen dans l'électorat ouvrier.
Au-delà de l'analyse électorale dont nous peinons à saisir la pertinence, l'attaque du philosophe sur la tenue de Philippe Poutou peut surprendre tant François Fillon a lui-même été attaqué sur le coût et la provenance de ses propres costumes taillés sur mesure.
Lors de sa participation à notre webémission ".POL", Philippe Poutou s'était expliqué sur son refus de porter un costume-cravate, pointant une "habitude". "Ce n'est pas une question d'habit. Je me distingue peut-être parce que je suis en jean et pas en costard. Mais le vrai distinguo, c'est que moi je suis salarié. [...] Il faut arriver à discuter des politiciens qui servent le camp des riches et des salariés qui posent le problème d'un camp social qui n'est pas du tout représenté et qui est même exploité au quotidien".
Précisons pour l'anecdote que, s'il est vrai que le porte-parole du Nouveau Parti Anticapitaliste s'est présenté dans ce débat sans costume ni cravate, le "Marcel" dédaigné par l'ancien ministre de l'Education était en réalité un t-shirt à col tunisien avec manches longues, portées retroussées.
Et si Luc Ferry n'a guère apprécié sa longue tirade contre les privilèges des élus, Philippe Poutou s'est en revanche taillé un franc succès pour avoir osé dire (crûment) ce que beaucoup de Français ressentent au sujet des scandales politico-financiers qui empoisonnent cette campagne présidentielle.
Pendant le débat, le candidat-ouvrier, qui a fait grève avec ses collègues de Ford pendant sa campagne, avait, sans le savoir, offert une réponse toute trouvée à Luc Ferry: "C e n'est pas parce que je n'ai pas de cravate qu'il faut me couper".